Analyse de 3:10 pour Yuma de James Mangold (2006)

Résumé du document

Dans les années 50 et 60, le western connaît son apogée. Enormément de films font leur apparition dans cette période, dont 3h10 pour Yuma de Delmer Daves, qui, malgré son énorme potentiel, est passe un peu inaperçu. Le western est un genre très ouvert – on y trouve des histoires type “conquête de l'Ouest”, attaques de diligences, vengeances personnelles ou chasses a primes… 3h10 pour Yuma fait partie de ceux que je qualifierais de “westerns psychologiques”. En effet, ici, les coups de feu ne sont pas aussi importants que la stabilité psychologique car l'histoire est centrée sur un père de famille – Dan Evans, qui doit escorter avec un groupe réduit un grand bandit – Ben Wade jusqu'a la ville de Contention, d' ou il partira avec le train de 3h10 pour Yuma, ou il sera juge et pendu. La question est de savoir si Dan résistera a la tentation de le laisser partir contre une forte somme d'argent (dont il a besoin), ou s'il mènera a bien sa mission.
En 2007, James Mangold se décide enfin de faire le remake du film de Daves, auquel il avait deja rendu hommage dans son film Copland (1997) ou Stallone joue le shérif d'une petite ville, et se bat contre des policiers corrompus de New Jersey. Il porte ne nom de Freddy Heflin,en hommage a Van Heflin qui jouait Dan Evans dans 3h10 pour Yuma.

Extraits

[...] Ben Wade est et glamour, l'équivalent d'une rock star aujourd'hui. Le genre de type que tout le monde voudrait être sauf celui qui doit pointer son revolver sur lui.” selon Haas, aide-scénariste. Il a une aura, qui viendrait peut-être du mythe du Hors-la-loi, renforcée dans le film de 2007 par le développement du rôle du fils de Dan, qui se voit fascine par sa nature dure. D'ailleurs dans cette version, les costumes des personnages ont été très soignés, surtout celui de Ben Wade, qui souligne visuellement son caractère, car dans ce remake, Mangold a voulu jouer le plus sur le caractère des personnages. [...]

[...] Il en est de même pour la définition du héros et de l'antihéros, qui se heurte ici au même problème. Selon le fils de Dan, ce dernier n'est pas un héros au début du film, et le devient au fur et à mesure, tout le contraire de Ben, mais son statut reste flou même à la fin du film, car il venge Dan, et de plus se lie d'amitié avec lui, et l'aide à accomplir sa mission? Est-ce un héros? [...]

[...] Wade a déjà réussi à s'échapper de la prison de Yuma deux fois, et on pourrait présumer qu'il le refera une fois de plus. Ce film représente ici la société comme étant régie par la violence et la corruption, et la façon dont Ben y répond est très adéquate, et c'est de cette façon que s'explique la fin. Pour conclure, l'Ouest est ici représenté à un tournant historique, car on y évoque la fin de la construction de la ligne de chemin de fer transcontinentale. [...]

[...] Le fils de Dan voudrait rester pour l'aider, ayant un excès de courage, caractéristique pour son âge et ses idéaux. Dan apprend donc à ses dépens à être courageux. Pour finir, en ce qui concerne la famille, valeur fondamentale avec l'honneur, et base de tous les westerns, elle est ici traitée sous un angle particulier celui de la position et du devoir du père de famille. En effet, Dan se retrouve dans une position délicate il doit trouver de l'argent, pour sauver son ranch, et son fils ne l'admire pas. Le pire scénario pour un homme de cette époque. [...]

[...] C'est un lâche, mais il a des valeurs morales inébranlables. Quand Ben Wade lui propose de lui donner de l'argent contre sa liberté, il lutte contre sa lâcheté et son envie de se faire de l'argent facile. Il sait qu'il court à la mort certaine, mais il y va, pour prouver à son fils sûrement, qu'il n'est pas lâche, qu'il tient sa parole, et a ses principes. C'est enfin un combat d'”un homme contre un autre homme” un combat psychologique, plus que physique, car on n´assiste pas ici au typique western mais à un duel psychologique dans une chambre de motel, ou le face à face consiste à convaincre l'autre que leur mode de vie est le meilleur, et leurs valeurs aussi. [...]