L’industrie du cinéma dans les pays en développement : le cas du Nigéria

Thèmes abordés

Nigéria, industrie du cinéma, pays en développement, Nollywood, industrie cinématographique nigériane

Résumé du document

Selon les médias nigérians, "Nollywood", l'industrie cinématographique nigériane a réalisé en 2008 un chiffre d'affaires de 700 millions de dollars. Près de 2500 films sont produits chaque année, et le secteur, qui emploie près de deux millions de personnes (cameramen, acteurs, réalisateurs, musiciens, techniciens, etc.), est désormais le second secteur d'activité du pays après l'industrie pétrolière, mais avant les télécoms. Il est également extrêmement rentable puisque les bénéfices représenteraient 50% du chiffre d'affaires.

Extraits

[...] L'industrie de la production cinématographique Nigérienne s'est rapidement adaptée à la nouvelle technologie entrainant une forte baisse des ventes de cassettes VHS et VHS vierges. En 1992, Kenneth Nnebue, un vendeur d'équipements électroniques à Lagos, ayant des milliers de cassettes VHS vierges qui ont été invendues dans son magasin, s'est armé d'un bon appareil photo numérique et d'un certain nombre de bons amis et a enregistré un film sur la tradition du cinéma yoruba. Il a enregistré sur toutes les bandes de cassettes invendues le film, avec l'espoir de rendre ses cassettes plus attrayantes pour les clients. [...]

[...] L'industrie nigérienne du cinéma est bel et bien un secteur économique national important, puisqu'il fournit actuellement des emplois directs ou indirects pour les 2 millions de personnes, selon le secteur concerné. Mais l'essor de l'industrie cinématographique nollywoodienne n'est pas seulement économique, puisque en se retrouvant en concurrence étroite avec ses homologues Hollywood (Etats-Unis) et Bollywood (Inde) pour la première place en termes de volume de la production cinématographique, le Nigéria acquiert un certain rayonnement international. De plus, dans un contexte de mondialisation et d'uniformisation des cultures, avec une consommation de biens universels généralement Occidentaux, Nollywood permet d'affirmer une certaine identité nigérienne en racontant les histoires du Nigéria et de ses habitants, ainsi qu'en donnant à voir les diverses cultures du pays. [...]

[...] Le rôle des producteurs et les distributeurs seraient alors de générer la promotion et la publicité appropriée pour maximiser la rentabilité de chaque phase. L'expérience du Nigeria avec la culture vidéo jusqu'ici a montré que sans le piratage, il y a des potentialités énormes pour faire de l'argent dans l'industrie. En Afrique du Sud, la distribution vidéo en général double ou triple les recettes d'un film. Le boom de la vidéo n'est donc pas seulement un phénomène nigérian. La vidéo semble être le pilier de divertissement à domicile pour les pays en développement. [...]

[...] Le consommateur est avide d'histoires populaires et de traditions Yoruba, Igbo et Haoussa, et est heureux de consommer des produits culturels qui dépeignent sa vie quotidienne, par opposition aux blockbusters américains et indiens et les feuilletons mexicains que le NTA a montré en abondance. Nollywood produits ses films en diverses langues locales, en des films produits l'étaient en langue Yoruba en anglais, et 16% en Hausa. Nollywood se tourne vers la langue anglaise, presque dès ses débuts, car elle a vu le potentiel de distribuer des films non seulement à travers le pays, mais partout dans l'Afrique anglophone. En outre, on estime à Africains dans la diaspora à travers le monde qui pourrait être un énorme potentiel marketing. [...]

[...] On parle d'un cinéma numérique en tant que spin-off des feuilletons: litiges de propriété, de trahison et de sorts (pour un film plein de rebondissements), généralement marquée par le mélodrame. On parle donc d'un cinéma national, numérique, et de série. En ce qui concerne le circuit des festivals occidentaux, l'édition 2009 du Festival de Fribourg a accueilli cinq des films de Nollywood, même s'ils sont arrivés en copies numériques. Mais la vivacité de la narration nigérienne semble incompatible avec le goût du cinéma occidental. Les directeurs de la photographie sont insuffisants. [...]