Chris Marker, pseudonyme de Christian-Francois Bouche-Villeneuve est un écrivain photographe et réalisateur de documentaire de création né le 29 juillet 1921 à Neuilly-sur-Seine (France). Ces deux œuvres les plus connues sont La Jetée et Sans Soleil. La Jetée est un court métrage de science fiction. Il dure 28 minutes et est composé d'une succession de photographies en noir et blanc avec un narrateur, Jean Négroni sur une musique de Trevor Duncan. La Jetée est fortement imprégné par le film Vertigo d'Alfred Hitchcock et a inspiré bon nombre d'œuvres et reste dans la conscience collective. L'Armée des douze singes en est un remake américain.
Le film aborde les thèmes du voyage dans le temps et de la mémoire. Il est entièrement composé, à une exception près, d'images fixes. Un narrateur parle par-dessus les images, mais il ne fait pas partie de l'histoire.
[...] Il y a un véritable trouble qui se joue entre les temporalités, celle du cinéma et celle du temps précis (sans futur, passé, voire présent) où il rencontre la jeune femme. L'outil photo devient quasiment la métaphore de ce trouble provoqué par une dilatation du temps. Étant donné que le film ne se déroule qu'au passé, il peut aussi en prendre l'apparence comme si on avait prélevé des fragments figés (les photos) du temps et qu'on les assemblait pour tenter de reconstituer le puzzle. [...]
[...] Le travail du texte consiste donc à faire un documentaire et à lier des photos. Autrement dit, on peut appeler çà du montage. La différence repose sur le fait que le montage au cinéma consiste à coller l'une derrière l'autre deux images qui se donnent sens, alors qu'ici, on a en plus le texte parlé qui permet d'entrer dans une autre dimension. On peut dès lors se demander si le temps du cinéma et celui de la photo sont les mêmes. [...]
[...] Finalement, ils l'arracheront à cette femme pour essayer de l'envoyer dans le futur. Les expériences réussirent et l'homme rencontra les hommes du futur. Il traversa une planète transformée, Paris reconstruite, dix mille avenues incompréhensibles. D'autres hommes l'attendaient. La rencontre fut brève. Visiblement, ils rejetaient ces scories d'une autre époque. Il récita sa leçon. Puisque l'humanité avait survécu, elle ne pouvait pas refuser à son propre passé les moyens de sa survie. Ce sophisme fut accepté comme un déguisement du Destin. [...]
[...] Paris a été rayé de la carte, et seuls survivent quelques hommes dans les souterrains de Chaillot. Les vainqueurs de cette guerre nucléaire cherchent le moyen de sauver la race humaine. Pour cela, ils font des expériences sur les individus qu'ils ont fait prisonniers et essaient de les envoyer dans un autre temps. Tel était le but des expériences : projeter dans le temps des émissaires, appeler le passé et l'avenir au secours du présent. (phrase extraite du texte de La Jetée) Après de nombreux échecs, ils décident d'utiliser un des prisonniers qui est obsédé par une image d'enfance, celle d'un visage d'une jeune femme, un dimanche après midi sur la jetée de l'aéroport d'Orly. [...]
[...] Vu sous cet angle, ce ne serait plus un voyage dans le temps, mais un voyage à travers la mémoire. Cette femme à laquelle il pense ne relève peut-être pas d'une rencontre, mais d'une pure projection de ses souvenirs qu'il adapte à la circonstance du moment. Cela expliquerait certaines incohérences, comme lorsqu'il voit la femme pour la première fois lors de son premier voyage, elle n'est pas surprise de le voir apparaître et disparaître. Se seraient- ils déjà vus dans un autre temps, ou est-ce lui qui ne conçoit pas qu'elle ne puisse le reconnaître, étant lui-même obsédé par son image depuis son enfance. [...]
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