Dans ce texte, Christian Metz pose le problème de l'impression de réalité que le spectateur ressent instinctivement en regardant un film. Il émet le postulat que cette impression est à l'origine du succès du septième art. Puis il explique d'où vient cette impression en insistant particulièrement sur le rôle du mouvement dans l'image, l'immatérialité de cette même image offerte à la perception humaine et l'invisibilité du processus de production. Pour éclaircir son hypothèse, il revient régulièrement à la comparaison du cinéma avec le théâtre, la photographie et l'art figuratif.
Pour illustrer ce texte de Christian Metz, nous nous intéresserons à un extrait du "Projet Blair Witch", film à la trame basique et à l'esthétique bancale, dont l'énorme succès repose entièrement sur l'impression de réalité qui en découle.
[...] Elle joue d'une poétique du récit filmique et c'est celle-là même qui, en la doublant, indique le parcours, fait image punctum sens, référence, en imaginant les faits portés du monde - comme on peut parler d'ombres portées. Christian Metz fait ensuite remarquer qu'il existe différents degrés dans cette impression de réalité, mais toujours deux versants : l'objet perçu et la perception qu'on en a. Toute image possède plus ou moins d'indices de réalité qui déterminent la manière dont la perception s'en empare. Ces deux facteurs sont interactifs : plus l'image est convaincante plus le spectateur est convaincu, ce qui l'amène participer implication affective et intellective- et cette participation valide la réalité de l'image. [...]
[...] Pour illustrer ce texte de Christian Metz, j'ai choisi un extrait du Projet Blair Witch, film à la trame basique et à l'esthétique bancale, dont l'énorme succès repose entièrement sur l'impression de réalité qui en découle. Avant d'analyser le prologue, une présentation du film et de son impact me paraît nécessaire pour expliquer que mon choix se soit porté dessus. Le projet Blair Witch sorti en France au début de l'été 1999 est d'abord un phénomène. Tourné en vidéo Hi-8 et film 16 mm pour un budget minime de dollars par deux étudiants en cinéma, Daniel Myrick et Eduardo Sanchez. [...]
[...] Le résultat fut plus proche du stage de survie que du plateau de cinéma. Prologue du film : Le prologue se situe dans la pure tradition du documentaire d'investigation à l'américaine traité en docudrama qui débute fréquemment par un prégénérique ayant pour fonction d'accrocher en quelques secondes l'audience par des faits bruts recelant si possible un point à éclaircir, nouvel éclairage ou élément non résolu. Description concise : Un fond, une écriture blanche, le message est sobre et concis, quasi journalistique : En octobre 1994, trois étudiants en cinéma disparaissent dans les bois proches de Burkitsville, Maryland, pendant qu'ils tournaient un documentaire. [...]
[...] Les trucs ne sont dévoilés que retrospectivement, à travers des documentaires sur le cinéma (les making-off par exemple), des interviews, des notes de travail etc . Cependant le spectacle prétend implicitement ne reposer sur aucun procédé entretenant le c'est ainsi au pouvoir de conviction hypnotique. Christian Metz, en conclusion, situe le cinéma entre théâtre et photographie. Le cinéma reprend les indices de réalités les plus forts de chacun de ces arts avec un dosage délicat et efficace en une équation technique, matérielle, esthétique, et optique d'où résulte un degré d'impression de réalité inégalable . Le Projet Blair Witch d'Eduardo SANCHEZ et Dan MYRICK. [...]
[...] C'est donc en prenant la place du spectateur (en prenant soin de s'étonner que Metz va s'interroger et chercher à répondre à l'un des principaux et récurrents problèmes du cinéma : l'impression de réalité. Le paradoxe du cinéma est que l'identification d'une illusion comme telle n'empêche pas d'y adhérer. Même si l'on sait que l'on voit une image travaillée, mise en scène, projetée sur un écran, on garde toujours ce schéma de fenêtre ouverte sur une situation, un paysage, un monde autre certes mais tout aussi réel que le nôtre sans même se poser de question. [...]
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