Cabiria relate l'histoire d'une jeune fille grecque « née du feu », qui fut rescapée d'une grande éruption de l'Etna. Elle se retrouve en danger de mort et doit être sacrifiée à Moloch, mais son destin en est autrement puisqu'elle parvient à s'en échapper et à trouver l'amour en accumulant les péripéties. L' histoire d'amour entre Cabiria et Fulvius Axilla naît lors de la deuxième punique dont seize années nous seront retracées de manière condensée.
La séquence étudiée se situe après que Croessa, « nurse » de Cabiria, informe Fulvius Axilla et son serviteur Maciste de l'enlèvement de la jeune fille ; le Romain acceptera la périlleuse entreprise. Le sacrifice au temple de Moloch se dévoile en diverses étapes que nous tenterons d'étudier dans leur perspective scénique. On pourra se demander de quelles manières le sacrifice est mis en « scène » dans Cabiria de Giovanni Pastrone.
[...] Au moment où l'on passe à cette scène, la musique change et offre une nouvelle variation dans une même tonalité que l'on pourrait qualifier de joviale. Une autre scène de l'invocation attire notre attention puisqu'une rare utilisation du gros plan est effectuée. Le détail (gros plan effectué sur un objet ou une partie du corps) sur la main droite du prêtre est mis en relief par un jeu de lumière particulier ; on distingue tout d'abord le point de la main éclairé en toutes ses parties par la lumière naturelle du feu, mais au fur et à mesure que la main s'ouvre on perçoit une ombre qui se prononce par l'écartement du pouce, laissant ainsi apparaître une forme de pointe (flèche) dirigée vers la paume. [...]
[...] Le sacrifice des enfants est offert au dieu, il prend la forme de rites bien définis et mis en scène dans un décor particulier. De même que l'invocation et la prière, la foule fait partie de cette mise en scène et permet une sacralisation du factuel ; le spectateur entre dans une atmosphère pesante accompagnée d'un fond sonore (en son off) qui devient grave et mélancolique. La dernière didascalie de l'extrait étudié invite le dieu chosifié le spectateur à consomm[er] le sacrifice On notera que la durée de la scène sacrificielle est plus longue que celle de l'invocation et se concentre plus précisément sur la foule. [...]
[...] Le spectateur suit une évolution dans les rites sacrificiels et peut se fondre dans la masse en tant qu'observateur et témoin d'un sacrifice réussi par sa mise en scènes (différentes scènes) qui forment une cohérence. L'invocation et le sacrifice de cet extrait nous ont dévoilé un travail précis et cohérent du réalisateur Giovanni Pastrone. La représentation filmique d'un cinéma d'une époque charnière qui s'apprête à connaître un véritable changement, à la veille d'une Guerre qui en sera responsable. Cabiria se situe dans une tradition européenne »qui met en valeur un travail sur la profondeur et la mobilité de l'espace ; l'extrait en est une preuve évidente puisqu'elle reprend les techniques qui servent ce travail. [...]
[...] "Cabiria", Giovanni Pastrone (1914) Cabiria relate l'histoire d'une jeune fille grecque née du feu qui fut rescapée d'une grande éruption de l'Etna. Elle se retrouve en danger de mort et doit être sacrifiée à Moloch, mais son destin en est autrement puisqu'elle parvient à s'en échapper et à trouver l'amour en accumulant les péripéties. histoire d'amour entre Cabiria et Fulvius Axilla naît lors de la deuxième punique dont seize années nous seront retracées de manière condensée. La séquence étudiée se situe après que Croessa, 'nurse' de Cabiria, informe Fulvius Axilla et son serviteur Maciste de l'enlèvement de la jeune fille ; le Romain acceptera la périlleuse entreprise. [...]
[...] L'invocation est un terme utilisé dans un contexte religieux et traduit un appel à Dieu par une prière. Cette invocation nous est annoncée dans Cabiria par des didascalies en anglais cartons dans lesquelles le spectateur prend connaissance de la prière du prêtre avant de la voir en image. Le prêtre appelle le dieu Moloch et lui demande d'accepter le sacrifice des cent enfants. La première séquence nous présente par une caméra fixe, une figure placée au premier plan (faisant partie du décor du temple) et un grand feu dans le deuxième plan (élément nécessaire à l'invocation), l'intensification de la lumière nous laisse voir dans un troisième plan, le prêtre placé sur une même ligne de profondeur. [...]
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