Copy Shop est un court-métrage en noir et blanc qui dure 11min30. Il raconte l'histoire de Kager, le personnage principal, qui travaille dans un centre de photocopie. Un jour, ce n'est plus le papier qui est photocopié mais les doubles de Kager qui sera alors dupliqué à l'infini. Le réalisateur met en scène un monde kafkaïen où tous les habitants de la ville, (et du monde) prennent l'apparence du personnage principal, répétant mécaniquement ses gestes quotidiens (...)
[...] Pour conclure, nous pouvons comparer la transformation de Grégoire qui entraine la métamorphose de toute la famille, à celle de Kager. En effet, chez Widrich, la transformation de tous les habitants du quartier, de la ville et en extension du monde, en double de Kager amène la perte de l'identité d'un humain. Mais cette perte entraîne par la suite une dépersonnalisation des humains et du monde en général et touche ainsi les notions de conformisme d'uniformité et d'effet de masse où la pensée est établit d'avance et donc détruite. [...]
[...] Copy Shop est tout d'abord une réflexion autour du film et de sa matière propre. Le réalisateur souligne le fait qu'un film reste en tout lieu une succession de photogrammes fixes qui constituent la pellicule et qui pourront être reproduits sans limite lors de la réalisation finale. Ce court-métrage entre dans la lignée du courant artistique très influent à partir des années cinquante: Le Copy Art. Ce mouvement consiste à utiliser une image dite reproductible pour en faire une œuvre d'art. [...]
[...] Au début, on observe Kager se réveiller et aller dans sa salle de bain. Un peu plus tard, on observe Kager qui est dans la salle de bain entrain de regarder dans sa chambre. On voit donc ce que Kager voit, on voit à travers ses yeux. Cependant dans la scène où il existe déjà trois doubles de Kager, et qu'on se retrouve dans la salle de bains puis dans la chambre, et derière la porte, on ne sait plus du tout par quel point de vue on voit en tant que spectateur. [...]
[...] Qui est le vrai Kager? On observe une réelle confusion comme le protagoniste qui n'a plus de repère et essaye de se démarquer de ses clones qui copient chacun de ses faits et gestes. Ainsi, le spectateur qui s'identifiait au personnage principal perd ses identifications puisque Kager lui-même perd son identité. La vitesse de cette duplication s'élève à 24 images par seconde au cours de l'histoire. Kager, le héros, se bat alors non seulement contre ses doubles, mais surtout contre les images qu'ils copient et donc contre le film dans lequel il est prisonnier. [...]
[...] Le Copy Art qui est né dans les années cinquante aux Etats-Unis, est très lié au Pop Art. Ces deux mouvements cherchent à redéfinir les catégories de l'art. Walter Benjamin (1892-1940), philosophe de l'esthétique et critique, dans son essai intitulé, L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée de 1936, va tenter d'expliquer ces notions d'unicité d'une œuvre et d'évolution de l'art avec son temps. Pour lui, la perception de l'homme n'est plus la même, ce changement de perception va faire l'objet de transformations sociales. [...]
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