La première scène de «Volver » est exemplaire car elle exprime en une phrase ce qui caractérise ses personnages : ce sont des femmes qui « survivent aux hommes ». Les femmes occupent en effet une place privilégiée dans l'intrigue : on ne voit qu'elles tout le long du film. Néanmoins, les hommes sont toujours implicitement présents ; ces femmes leur survivent, ils ne peuvent que l'être ! Ils peuvent ainsi prétendre au statut de force motrice puisque ce sont eux qui, par leurs motivations et les conflits qu'elles engendrent, sont à l'origine de la trame du récit. Les femmes encore réduites au statut d'objet ? Eh bien non justement, elles peuvent également prétendre au statut de force motrice de l'intrigue et plus encore, à la place de sujet du récit. A partir d'une trame que leur imposent les personnages masculins, les personnages féminins vont, par leur force de caractère, dépasser le simple rôle fonctionnel auquel les hommes les réduisent, pour, à défaut d'être à l'origine des événements dramatiques, être responsables de leur tournure. On passe ainsi d'une trame à un récit, d'un drame à une comédie dramatique et des larmes au rire : les hommes attristent, les femmes font sourire.
[...] Sa beauté, son corps et son jeu d'actrice sont tout au long du film sublimés par Almodovar sans qu'il ne la réduise pour autant à un simple objet de désir. Le personnage qu'elle incarne se positionne au contraire comme sujet d'une intrigue complexe lui donnant, tout comme les autres femmes, la possibilité d'exalter son talent d'actrice. Ce qu'elle fait, sublimant à son tour de son talent la créativité et l'imagination d'Almodovar. L'individualité de son personnage s'exprime également à un niveau éthique : son besoin d'argent n'en fait pas pour autant un personnage prêt à tout pour en gagner puisqu'elle refuse de passer à la télévision - satiriquement représentée à travers la fameuse parodie du talk-show. [...]
[...] C'est en effet sa tombe que Raimunda, Paula et Soledad sont en train de nettoyer dans la première scène et c'est également parce que la tante parle d'elle au présent qu'on la prend pour une folle dans la deuxième ! De cette manière, son apparition, ou plutôt sa réapparition, n'est pas ressentie comme totalement incongrue par le spectateur. Nous sommes déjà préparé à son arrivée. Irène va dès lors posséder un rôle très important dans le film et ce, à trois niveaux. Au niveau narratif d'une part. C'est elle qui permet de lever le voile sur le mystère du personnage de Raimunda et qui crée le conflit interne de Augustina en tuant sa mère. [...]
[...] Elle est néanmoins ironiquement rappelé à travers cette phrase d'Emilio lorsque Raimunda lui confie que son restaurant lui a toujours plu : Si le patron te plaisait Nous allons désormais nous intéresser aux personnages auquel Almodovar semble rendre hommage dans son film : les femmes. Nous tâcherons tout d'abord de décortiquer la structure dramatique de l'intrigue pour ensuite analyser la manière dont Almodovar caractérise ses personnages féminins. Nous constatons tout d'abord qu'Almodovar joue avec les règles classiques dans la construction de son scénario. En effet, celui-ci s'apparente être une version personnalisée et complexifiée de la structure ternaire classique. Il y a certes une exposition, un développement et un dénouement mais à la sauce Almodovar. [...]
[...] Lorsqu'elle demande à sa fille traumatisée où se trouve son père, et qu'elle ne lui laisse pas le temps de la réponse en lui demandant agressivement dónde ? et lorsque l'on sent que Soledad est prête à lui avouer que leur mère n'est pas morte pour se justifier de la présence de la valise de la tante dans son armoire, et qu'elle y renonce devant l'impatience de sa soeur dévoilée par un que ? agressif. L'environnement dans lequel elle évolue est donc tout comme son passé un élément très important de sa caractérisation. [...]
[...] Ou encore lorsque ses voisines se proposeront d'elle-même de l'aider dans cette tâche. Comme le montre ce deuxième exemple, la solidarité est également un élément caractéristique des personnages. Cependant, elle ne trouve pas son origine uniquement à travers l'environnement socio-économique, l'environnement humain dont les hommes semblent absents est fondamental : les femmes s'entraident. Cette solidarité se révèle notamment à travers les nombreuses scènes où Raimunda fait appel à ses voisines pour l'aider à transporter des objets lourds. Ces scènes révèlent également le courage et la détermination de ces femmes. [...]
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