mise en scène, langage, cinéma, studio Ghibli, esthétique, film, plan, posture
La Tortue rouge (2016) est le premier long métrage de Michael Dudok de Wit, réalisateur de films d'animation jusqu'alors accoutumé aux courts métrages. En effet, ce cinéaste néerlandais occupe une place majeure dans le cinéma d'animation européen dès 1994 avec Le Moine et le Poisson, une poétique rencontre entre un homme de foi et un animal qui lui vaudra le césar du meilleur court métrage en 1996, puis en travaillant la poésie des sentiments familiaux dans Père et fille (2000). Dans ce contexte, La Tortue rouge s'inscrit à la fois dans une continuité stylistique et thématique, mais opère aussi certaines mutations. En effet, ce projet est à l'exceptionnelle initiative du studio d'animation japonais Ghibli qui, admiratif de son travail, lui propose une collaboration. En outre, Dudok de Wit doit adapter sa trame narrative habituelle à la durée d'un long métrage et maîtriser de nouvelles techniques de mise en scène, notamment le recourt à des acteurs réels et l'usage du numérique pour certaines étapes de production.
[...] II/ Une rupture narrative et esthétique dans le film -La rupture réside d'abord dans la nouvelle attitude du personnage face à cette rencontre : -Tel le mouvement de va et vient des vagues, en un aller-retour de la mer à la plage puis de la plage à la mer, le naufragé se métamorphose lui-aussi comme le fera ensuite la torture mais en opposition totale avec sa future femme pacifiste car il laisse éclater colère et désir de vengeance. Devant l'échec de ses rêves de fuite, il devient destruction. On retrouve ici la dialectique entre Eros, la pulsion de vie (la tortue deviendra la mère de son enfant) et Thanatos, la pulsion de mort qui réside en chacun de nous. [...]
[...] La tortue rouge, Michael Dudok De Wit (2016) - Le naufragé et la tortue rouge - Comment la mise en scène de la rencontre constitue-t-elle un pivot narratif et esthétique du film ? Introduction La Tortue rouge (2016) est le premier long métrage de Michael Dudok de Wit, réalisateur de films d'animation jusqu'alors accoutumé aux courts métrages. En effet, ce cinéaste néerlandais occupe une place majeure dans le cinéma d'animation européen dès 1994 avec Le Moine et le Poisson, une poétique rencontre entre un homme de foi et un animal qui lui vaudra le césar du meilleur court métrage en 1996 puis en travaillant la poésie des sentiments familiaux dans Père et fille (2000). [...]
[...] -Un énième coup de l'animal détruit le semblant de civilisation qu'était le radeau et laisse l'Homme dans sa fragilité, son Etat Nature dirait Jean-Jacques Rousseau. Il plonge hors de son milieu naturel pour celui de l'animal dans une tension dramatique qui s'accroît à la fois par l'accélération rythmique de la musique et l'avancée menaçante de l'animal vers le naufragé. -La rencontre s'achève par un second face à face mais dans l'élément naturel de la tortue cette fois comme si celle-ci avait voulu provoquer la rencontre. [...]
[...] Il est intéressant de constater que la tortue sort la tête de l'eau comme pour engager un contact ce qui lui prête un aspect anthropomorphique et annonce peut-être sa métamorphose en femme dans la suite du film. -S'ensuit un champ/contre-champ en vue subjective du point de vue de la tortue d'abord puis du naufragé ensuite ce qui place ces deux êtres sur le même niveau telle une rencontre entre deux personnes. Connaissant la suite du film, il s'agit ici d'un topos de la rencontre amoureuse au cinéma filmée en champ/contre-champ pour exprimer l'harmonie des amants. [...]
[...] Véritable mutation pour le personnage, la tortue rouge amène le naufragé à se métamorphoser psychologiquement et à révéler ses pulsions de mort. Le réalisateur questionne alors le mélange entre forces créatrices et forces destructices en l'Homme comme dans la Nature ainsi que notre aveuglement face aux extraordinaires mystères du monde que l'on perçoit souvent comme des menaces. Pourtant, cette rencontre, née dans le chaos et le malentendu, aboutira à une création tout aussi extraordinaire : la naissance d'un enfant mi-homme et mi-tortue, symbole de l'harmonie retrouvée. [...]
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