Surviving Picasso - James Ivory (1996) et Les demoiselles d'Avignon - Pablo Picasso (1907) - Comment ces deux extraits nous montrent le rapport du peintre envers les corps et les visages féminins, le désir et la possession qui en émane ?

Thèmes abordés

Surviving Picasso, James Ivory, Les demoiselles d'Avignon, Pablo Picasso, désir, visages féminins, Françoise Gilot, Paul Cézanne, Jean-Auguste-Dominique Ingres, grands peintres, Derain, Matisse, influences picturales, Cinq baigneuses, Le Bain Turc, Le bordel d'Avignon, corps féminin, femme

Résumé du document

James Ivory, en 1996, se lance dans la réalisation d'un film, Surviving Picasso , sur la vie post seconde guerre mondiale de Pablo Picasso, et notamment sa relation avec la jeune peintre Françoise Gilot. Ce film nous parle donc moins de son travail d'artiste pour plus se concentrer sur sa vie affective et maritale. Il était donc intéressant d'essayer de mettre en relation une des oeuvres de Picasso avec sa manière de vivre au quotidien, pouvoir y déceler des similitudes, des indices entre ce qu'il peint ou peignait et sa personnalité, sa personne. Il était d'autant plus intéressant d'étudier une de ses oeuvres du début du siècle telle que Les demoiselles d'Avignon de manière à analyser une certaine évolution ou alors, au contraire, ce qu'il reste chez lui, qu'il avait déjà pu représenter, peindre dans ses oeuvres auparavant. Cette toile de 1907 est une oeuvre charnière dans le travail du peintre. Elle fait en quelque sorte office de manifeste du travail du peintre à l'époque. Les deux extraits du film Surviving Picasso que nous avons décidé d'étudier sont celui où Pablo Picasso et Françoise Gilot s'embrassent pour la première fois et celui où il lui montre le pigeonnier suivi de la première fois qu'il la voit nue dans sa chambre.

Extraits

[...] Et enfin, la femme en bas à droite représenterait l'évolution stylistique vers laquelle le peintre se dirige avec ce visage complètement déconstruit et composé de plusieurs perspectives différentes, et également ce corps de dos avec le visage vu de face. C'est pour Picasso le début d'un grand amour des arts nègres et primitifs. Et nous le voyons dans le film de James Ivory, dans les années 1950, Picasso possède chez lui une quantité importante de statuettes et objets d'art primitif et africain. Lorsqu'il y a ce premier baiser avec Françoise Gilot, le lieu est sobre et simple. Seules à l'arrière-plan trônent pleins de petites statuettes, amulettes africaines et asiatiques disposées sur une étagère. [...]

[...] Le portrait est l'une des représentations artistiques les plus anciennes car elle dépeint une entité, une personne individuelle et unique. Cette main de Picasso qui vient sur le visage de Françoise fait directement référence à la main de Picasso tenant le crayon à croquis et le pinceau pour le tableau Les demoiselles d'Avignon. Toucher son visage c'est déjà faire inconsciemment des croquis et toucher la matière pour savoir ce qu'il est possible de faire avec. S'il n'a peut-être pas touché directement les visages des prostituées de son tableau, il les a touché indirectement en leur donnant différentes formes (sculptures ibériques et masque africain). [...]

[...] Dans le tableau Les demoiselles d'Avignon, nous sentons une certaine objectivité, un certain recul sur l'observation de ces femmes nues. De même, dans l'extrait du film de James Ivory, lorsqu'il voit Françoise nue, son premier réflexe est un mouvement de recul, peut-être pour mieux observer, mais surtout pour prendre de la distance. Et quand bien même il s'approche d'elle pour la toucher, cela reste très timide et il la touche telle une œuvre d'art, avec attention et de manière très analytique : comme si il vérifiait que ce qu'il touche est bien la même chose que ce qu'il voit. [...]

[...] Page 3 Le primitivisme . Page 3 Influences picturales . Page 5 II) Le désir . Page 7 Dévoiler, révéler . Page 7 La femme et le corps féminin . Page 9 III) La possession . Page 11 L'emprise sur les visages . Page 11 Posséder sans être possédé . Page 13 Conclusion . [...]

[...] En effet, le pinceau, tenu par la main, est l'instrument de modelage des corps et des visages du côté artistique, et la main directe est l'instrument de modelage des corps et des visages d'un côté plus personnel. S'il remodèle le visage et le corps de Françoise, c'est plus d'un point de vue métaphorique, d'un point de vue de la personnalité. Il veut forger cette femme à son image, telle qu'il aimerait qu'elle soit, et ainsi il veut la posséder. Pour modeler (ou remodeler) de manière complète et juste, il faut posséder, détenir un pouvoir. [...]