Snake eyes, Brian De Palma, Santoro, jeu sur le regard, voyeurisme, Kevin Dunne, Rick, boxer Lincoln Tyler, secrétaire, cinéma
Le cinéma est un langage, et comme tout langage il transmet une information de façon explicite ou pas. De la même manière que le sous-texte d'une discussion induit des éléments omis par les mots, le cinéma joue sur les faits donnés au spectateur par les images. Il participe d'un jeu avec le visible et le caché. En particulier dans les films policiers, où l'écran mène les personnages comme les spectateurs à travers une piste de révélations ordonnée par le réalisateur.
Ainsi, dans Snake Eyes, film réalisé par Brian De Palma et sorti en 1998, le crime qui a pourtant eu lieu sous nos yeux ne se résout que par la mise en évidence d'éléments que la caméra nous avait volontairement cachée. Alors qu'une tempête s'abat sur Atlantic City, un combat de poids lourds de boxe se déroule dans le Palais des sports de la ville.
[...] Le dernier flash-back, celui de Julia Costello, est évidemment le plus révélateur. Il est introduit par un travelling avant et un fondu. Il n'est pas en caméra subjective au début, mais on a quand même l'impression de voir ce dont elle a été témoin. Alors qu'elle raconte en voix off, Santoro vient l'interrompre (« Stop ») et l'image se fixe comme si c'était encore une image de caméra de surveillance. On revient sur leur discussion dans l'escalier puis par un fondu on replonge dans le flash-back. [...]
[...] Par ces multiples flash-backs, De Palma joue sur notre propre mémorisation des événements, il va même jusqu'à les modifier légèrement. En l'occurrence, dans le flash-back du boxer, il se réveille aux premiers coups de feu alors que dans le plan séquence du début, il se réveille quand Kevin tire sur l'assassin. De la même manière, lorsque Julia Costello raconte sa version des faits, le dialogue entre elle et le Secrétaire est légèrement différent de celui qu'on avait entendu au début du film. [...]
[...] Musique, ralenti, coupes le spectateur est perturbé autant que le personnage principal. Tout était là et pourtant on n'a rien vu Le plan séquence remplit toutes les fonctions d'une scène d'introduction, on est tout de suite inscrit dans le lieu unique de l'intrigue et tous les personnages qui vont intervenir par la suite dans le film sont présentés à l'écran. En outre, il installe le film dans une atmosphère élégante typique de Brian De Palma avec des éclairages et des couleurs flamboyantes accompagnées d'une certaine rutilance. [...]
[...] Brian De Palma joue sur les dissimulations et demande patience au spectateur puisque l'image finira par révéler ses secrets à force de visionnements. Une fois la panique maîtrisée et le décor verrouillé, De Palma fait de son intrigue un retour permanent sur l'action dont le spectateur a été le témoin privilégié durant ces premières minutes scotchantes. Alors qu'il pensait avoir toutes les cartes en main, les différents points de vue mis à disposition vont triturer chaque recoin du décor, et tout comme le héros, le spectateur va voir ses certitudes tomber les unes après les autres. [...]
[...] « L'Actualité : Brian De Palma : Démesures sans espoir : « L'Impasse » ['Carlito's Way'] ; « Mission : impossible » ; « Snake Eyes », Positif, n° 455, Paris, janvier 1999, p.10-12 - STRICK, Philip. 'Reviews: Risky Business: With His Latest Thriller, 'Snake Eyes' Brian De Palma Returns to the Casino and Stakes His Chips on Style', Sight and Sound, Vol N ° 11, Londres, Novembre 1998, p.39 et 61 - POIRIER, Nicolas. « Critique et représentation dans Snake Eyes de Brian De Palma », Le Philosophoire, n° p. [...]
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