Le thème du Pouvoir se manifeste à travers trois moments décisifs et trois incarnations :
- le pouvoir temporel et sa dissolution ;
- la pérennité du pouvoir judiciaire et de son bras armé, la police ;
- la lutte pour la possession de la femme, qui renvoie à l'organisation tribale de la société.
[...] E., Octobre 2003 L'époque de Heian (794-1192) : époque où les empereurs régnaient directement à Kyôto (capitale de Heian). [...]
[...] Les deux hommes qui la possédaient auront disparu de sa route. Pour elle, il ne reste plus qu'à assumer son destin. La morale de l'histoire (la métaphore, si l'on veut ) est peut-être contenue dans cette idée selon laquelle on ne peut juger de la valeur d'un homme au regard de ce que laisse entendre sa condition sociale. Une autre idée métaphorique, elle aussi ! serait que lorsque les conditions de leur existence se dégradent, les hommes laissent voir leur véritable visage R. [...]
[...] Il importe peu alors que ce soit de la main de Tajomaru ou de la sienne à elle, comme elle tente de le faire croire ; il est simplement devenu de trop. Il a été dépossédé et vaincu ; il est impuissant (symboliquement et dans les faits), il ne lui reste plus qu'à disparaître, puisqu'il ne saurait à la fois survivre à la perte de ses attributs masculins et comme témoin du visage retrouvé de sa femme (ce qui devait rester caché se trouve maintenant en pleine lumière). [...]
[...] Elle se dresse, édifice inachevé, et portant la marque d'une époque troublée. Elle est aussi le symbole du vide sur lequel débouche l'absence d'une autorité forte ou la permanence des luttes fratricides aussi peut-on voir dans cet épisode comme un appel à une re-fondation politique et spirituelle. Kurosawa a peut- être cherché à montrer qu'il pouvait y avoir une analogie entre les jours sombres de la fin de l'ère Heian et la société japonaise contemporaine se relevant péniblement des ruines de la guerre et des conséquences politiques de cinquante années de militarisme dévastateur La permanence d'un pouvoir judiciaire, c'est aussi le Pouvoir des institutions ; ces mêmes institutions qui, paradoxalement, restent présentes dans une époque troublée : cependant, pas plus ces institutions que le pouvoir politique ne sont capables d'assurer la sécurité et le bien- être des citoyens. [...]
[...] - Lorsque sa femme, qui vient d'être violée, demande son pardon, le samouraï ne songe pas un instant au fait qu'elle a combattu pour lui, avant d'être vaincue par le bandit. Il lui manifeste immédiatement son mépris - Tajomaru, au contraire, a combattu, a tué, mais a constamment laissé l'initiative à son adversaire et n'a jamais cherché à se débarrasser de lui en traître. Curieux bandit en vérité, qui se met délibérément en danger et s'avère finalement bien plus chevaleresque que le chevalier ! [...]
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