Le Procès, Orson Welles (1962) - Analyse d'un extrait (Joseph K. se rend dans l'appartement de l'avocat Hastler)

Thèmes abordés

Le Procès, Orson Welles, Leni, Hasterer, Albert Hastler, Joseph K, oncle Max, frères Salkind, justice, maître Huld, film, Kafka

Résumé du document

Orson Welles voit, en Le Procès, son meilleur film jamais réalisé . Il entreprenait pourtant un véritable challenge en adaptant l'oeuvre si ambiguë et mystérieuse de Kafka, parue en 1926 à titre posthume. Elle raconte le parcours de Joseph K., inculpé d'un crime qui ne lui est jamais révélé, à travers les obscures et illusoires trames de la justice.

Extraits

[...] tout petit dans l'ombre de l'avocat, qui lui est au même niveau qu'un lustre. C'est ainsi qu'on peut établir une hiérarchie entre l'ordre judiciaire et le simple citoyen victime de celui-ci. En outre, dans le jeu d'acteur d'Anthony Perkins, on peut remarquer dans l'ensemble du film que son corps est instable, qu'il bafouille, fait des lapsus alors que la voix grave d'Orson Welles est solide et calme comme l'inébranlable Justice. II. Le décor et sa symbolique Le tournage du Procès s'est effectué du 26 mars au 5 juin 1962 à différents endroits : Yougoslavie, Italie, France. [...]

[...] Le cinéaste voit donc en Joseph K. le combat contre le totalitarisme et sa déshumanisation et en fait une figure plus active et positive que celle donnée par Kafka : il comprend qu'il est injustement persécuté et qu'il doit se battre pour prouver son innocence. Cet extrait du Procès agit comme une métonymie du film dans son ensemble, mais aussi du style d'Orson Welles. En effet, on y retrouve les codes de mise en scène appréciés par le cinéaste comme les remarquables mouvements de caméra ou la grande profondeur de champ. [...]

[...] « THE MEDIUM ON TRIAL: ORSON WELLES TAKES ON KAFKA AND CINEMA », Literature/Film Quarterly, Vol n° pp. 52-66 - BERGALA, Alain, NARBONI, Jean (édité par). Orson Welles, Cahiers du Cinéma, Editions de l'Etoile, n° 12, Paris BERGALA, Alain, NARBONI, Jean (édité par). Orson Welles, Cahiers du Cinéma, Éditions de l'Étoile, n° 12, Paris p.40 BAZIN, André, BITSCH, Charles. [...]

[...] Par conséquent, le cinéaste pouvait monter les prises de vue dans l'ordre qu'il voulait, sans se soucier de la cohérence photographique et ainsi créer de faux raccords et de fausses continuités. III. Les différences avec le roman de Kafka et la vision critique portée par Welles Cette séquence témoigne de l'émancipation de Welles par rapport à l'œuvre de Kafka. En effet, le cinéaste reste fidèle au roman dans son histoire et sa chronologie, mais effectue quelques modifications notoires. D'abord, ce décor que l'on vient d'analyser est peu décrit dans le roman, on nous dit seulement qu'il est éclairé par la Lune et qu'un grand tableau du juge se trouve dans le salon. [...]

[...] et du monde dans lequel il vit. La caméra suit les mouvements des personnages qui se déplacent dans l'appartement et dans la chambre de l'avocat. Ces mouvements sont même parfois injustifiés ou inutiles : Leni passe par le côté gauche du bureau ce qui rallonge le chemin vers la chambre, et l'avocat fait le tour d'un pilier alors qu'il explique comment il connaît déjà l'affaire de K. Plus tard dans l'extrait, un panoramique vient révéler la présence du Greffier principal de la Cour. [...]