Alors que les films commerciaux destinés à un public adolescent (blockbusters et séries B de genre très stylisées, qui se veulent dynamiques et tentent de se différencier du cinéma hollywoodien – mais en réalité s'enfoncent dans des figures imposées) dominent aujourd'hui l'industrie cinématographique coréenne, quelques réalisateurs « résistent » en présentant un cinéma plus intimiste et une réelle et singulière vision d'auteur.
L'année 1987 fut symbolique. Tandis que le nouveau président Roh Tae-woo ouvrait une ère politique moins autoritaire, un nouveau cinéma est né, abordant des sujets tabous et s'affranchissant des conventions stylistiques classiques. Pak Kwangsu signe en 1988 Ch'ilsu et Mansu, qui annonce cette « nouvelle vague » sans tabous. Yi Miongse, avec Mon amour, mon épouse, en 1991 révèle quant à lui un style artistique véritablement éloigné des codes classiques. La démocratisation de la Corée n'est pas la seule origine de la naissance de cette « Nouvelle Vague » coréenne. En effet, l'effet positif des aides étatiques a été renforcé dans les années 1990 par l'apparition et la multiplication de festivals indépendants (comme le festival de Pusan créé en 1996) ainsi que la diffusion de programmes de courts-métrages par la télévision EBS TV.
[...] Les films de Bong Joon-ho et Park Chan-wook apparaissent tout de même être une bonne alternative à l'opposition trop forte entre blockbusters à la Hollywood et films d'auteurs exigeants réalisés pour les festivals occidentaux. Bibliographie COPPOLA Antoine, Le cinéma asiatique : Chine, Corée, Japon, Hong-Kong, Taïwan, L'Harmattan GOMBEAUD Adrien, Séoul cinéma, les origines du nouveau cinéma coréen, L'Harmattan MALAUSA Vincent, Corée fantôme : Rencontre / Bong Joon-Ho Les Cahiers du cinéma n°591, juin 2004. TESSON Charles, Le cinéma coréen : l'exception asiatique Les Cahiers du cinéma n°540, novembre 1999. [...]
[...] La nouvelle vague du cinéma coréen 1. Seoullywood vs. La Nouvelle Vague coréenne Alors que les films commerciaux destinés à un public adolescent (blockbusters et séries B de genre très stylisées, qui se veulent dynamiques et tentent de se différencier du cinéma hollywoodien mais en réalité s'enfoncent dans des figures imposées) dominent aujourd'hui l'industrie cinématographique coréenne, quelques réalisateurs résistent en présentant un cinéma plus intimiste et une réelle et singulière vision d'auteur. L'année 1987 fut symbolique. Tandis que le nouveau président Roh Tae-woo ouvrait une ère politique moins autoritaire, un nouveau cinéma est né, abordant des sujets tabous et s'affranchissant des conventions stylistiques classiques. [...]
[...] Dans les années 1990, le cinéma est pour la première fois libéré de la censure. Les films d'auteur mêlent ainsi sans tabou violence extrême, sexualité affichée et dénonciation politique ou sociale. Lee Chang-dong (par ailleurs ministre de la Culture de 2003 à 2004) a réalisé avec Peppermint Candy en 1999 une parabole sur les années de dictature en Corée du Sud, avec un parti pris stylistique original : le film raconte à rebours la vie d'un homme, de son suicide à ses idéaux de jeunesse 20 ans plus tôt, en jouant sur les ellipses et le hors-champ. [...]
[...] Les réalisateurs préfèrent travailler indépendamment avec des petits budgets et certains, comme Hong Sang-soo et Kim Ki-duk sont coproducteurs de leurs films, qui sortent souvent dans l'intimité d'une dizaine de salles en Corée du Sud La remise en cause des règles formelles classiques Les premiers films de Kim Ki-duk et Hong Sang-soo, sortis en 1996 en Corée, annoncent leurs styles très particuliers, qui remettent en cause les conventions cinématographiques habituelles. Avec Crocodile, Kim Ki-duk impose en effet un style visuellement fort, qui vise à déranger le spectateur, qui se trouve perdu face à des films quasiment muets et très expressionnistes. Le cinéma de Hong Sang-soo s'affranchit également des règles narratives et visuelles, mais en adoptant un genre totalement différent de Kim Ki-duk. On retrouve tout de même dans ses films la même liberté stylistique. [...]
[...] Vengeance, puis continuée avec Old boy (Grand prix du Jury à Cannes 2004) et Lady Vengeance, rencontre une reconnaissance internationale grâce à son imagination cruelle et son mélange de violence extrême et d'ironie. Kim Ki-duk s'est opposé à ce style de cinéma qui flirte avec le public, en déclarant : The Host est le sommet où le niveau des films coréens rencontre celui de leurs spectateurs On pourrait rétorquer que le cinéma d'auteur pur souffre aussi de conventions et de classicisme. On peut effectivement remarquer une répétition de thèmes et d'atmosphères dans les cinémas de Kim Ki-duk et Hong Sang-soo. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture