Des films de vampires, le cinéma en... regorge.
Mais parmi toutes les productions à dose d'hémoglobine plus ou moins prononcée, il y a un film qui fascine toujours autant : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, de F. W. Murnau.
Nous allons donc essayer de comprendre pourquoi ce film a tant marqué les esprits, mais aussi et surtout en quoi il est représentatif de tout un courant, l'expressionnisme. Nous verrons ensuite quelles influences il a eu sur le cinéma à travers trois exemples précis : Nosferatu, Phantom der Nacht de Werner Herzog, Bram Stocker's Dracula, de Francis Ford Coppola et Shadow of A Vampire d'Elias Merhige.
[...] Le film de Herzog peut donc se comprendre comme une allégorie de l'expressionnisme avec sa lutte, ses beautés et son échec social. Même Mina, qui dans le premier film, se sacrifiait pour le bien-être de tout un village, afin d'arrêter l'épidémie, n'agit plus ici que par vengeance envers Dracula qui a vampirisé son mari. Les personnages n'agissent plus que par motif personnel et cela les conduira à la mort. Herzog reprend également les noms originaux des personnages. On y retrouve Jonathan et Mina Harker, et le comte s'appelle de nouveau Dracula, tout en restant le Nosferatu qui apporte la peste. [...]
[...] La représentation du vampire par Klaus Kinsky est presque identique à celle de Max Schreck, privilégiant toutefois l'aspect sinistre au côté décharné Nosferatu, Phantom der Nacht est donc loin d'être une pâle copie du film de Murnau. Il lui rend hommage en intégrant toutes les composantes du film expressionniste tout en développant des idées propres à Herzog. Nous pouvons remarquer toute l'influence du premier Nosferatu, de son ambiance et de son style, dans l'effacement (même s'il n'est que partiel) d'un réalisateur tel qu'Herzog, devant un film datant de plus de cinquante ans. Loin d'en refaire un simple remake anonyme, Herzog prévient avant tout qu'il est dédié à l'œuvre originale, puis y développe ensuite ses propres idées. [...]
[...] L'intertitre traditionnel (le dialogue) n'est pratiquement pas utilisé. L'atmosphère diffère très peu entre le roman et le film. Le lecteur et le spectateur ressentent une Stimmung d'angoisse et de suspicion, une de celle qui vous empêche de dormir la nuit si vous n'avez pas vérifié les portes et les volets . Murnau met dans ce film toutes les composantes du cinéma expressionniste de son époque : - le jeu des acteurs (statique et désarticulé) et le maquillage sont exagérés, selon une tradition théâtrale. [...]
[...] Shadow Of A Vampire est une ode au cinéma expressionniste. Le metteur en scène s'est amusé à réutiliser les mêmes procédés que Murnau : une Stimmung poétique et angoissante, des caches, des surimpressions inquiétantes d'éléments naturels et de personnages, des prises de vue décadrées, des jeux d'obliques, d'ombres, filmant ses propres plans de Nosferatu où les acteurs jouent suivant la technique de l'époque. La progression du film elle-même suit le schéma expressionniste ; aucun des personnages ne sait jamais vraiment s'il sombre dans la folie, s'il voit la réalité ou des cauchemars. [...]
[...] En cela, le traitement scénaristique de Dracula est original. Coppola ne fait jamais clairement référence à Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, Pourtant, on sent l'influence de Murnau qui survole tout le film. Il suffit juste de regarder le Comte Dracula ; depuis Bela Lugosi et Christopher Lee, le vampire est coiffé avec soin et porte un smoking impeccable. Ici, le vampire est . chauve, comme dans les deux Nosferatu et habillé selon les habitudes de Transylvanie. Shadow of a vampire : Schreck était-il humain ? [...]
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