Madame Bovary, scène d'ouverture - Vincente Minnelli (1949) - Analyse guidée

Thèmes abordés

Madame Bovary, scène d'ouverture, Vincente Minnelli, analyse guidée, Gustave Flaubert, Emma Bovary, opinion publique, décor traditionnel, cinéma

Résumé du document

Il s'agit ici d'une scène d'ouverture. Le contexte est le suivant : nous assistons à un procès en 1857 à Paris. Gustave Flaubert, l'auteur de Madame Bovary, passe devant la cour à cause du personnage de Emma Bovary, une femme ayant commis des vices. En face, le procureur impose l'ordre d'interdiction de publication du livre et que Flaubert soit condamné pour offense à la morale publique et religieuse. De nombreux autres personnages sont présents, comme un jury représentant l'opinion publique et d'autres figures de la loi.

Extraits

[...] Quand Flaubert prend la parole, on alterne sur un effet champ (Flaubert)/ contrechamp (jury). Au niveau de la mise en scène, Flaubert apparaît à l'écran à chaque prise de paroles, alors qu'en face on observe aussi des réactions sans paroles. Contrairement aux plans d'avant où on voyait de nombreux personnages à l'image, il est présenté seul dans une partie de la pièce face à tous. Nous entendons son opinion à propos des accusations sur son personnage, qui est contrasté et sans avis aussi précis que celui de l'avocat. [...]

[...] Ils sont tous les deux à l'image, et le docteur est lui aussi en mouvement dans la scène selon Emma qui le guide. On repasse sur un champ/contrechamp lorsque le docteur s'assied et qu'Emma s'approche de la fenêtre. Tous deux sont filmés en plan taille. Il la voit et regarde en contre-plongée, et elle en plongée, ce qui situe la position symbolique des personnages : le docteur est admiratif, Emma « joue » de cette attirance. Le dialogue du docteur quand il dit devoir revenir demain donne encore plus d'assurance dans le jeu d'acteur d'Emma, qui se voit recevoir la courtoisie du docteur qui l'invite à s'asseoir. [...]

[...] Elle se retrouve en premier plan, en flou, occupant une petite partie de l'image. Cette fois-ci complètement métamorphosée, elle se montre enfin : vêtue chiquement de blanc, comme innocente. Elle est coiffée et apprêtée. Pour commenter cette apparition, on peut remarquer qu'elle contraste beaucoup comparée à la première, et que le personnage du docteur et d'Emma s'oppose : Emma est vêtue de blanc et le docteur de noir ; elle est fraîche et reposée quand lui est encore sûrement de pluie de la veille et fatiguée de son travail. [...]

[...] Aussi, on pourra avoir accès aux pensées des personnages grâce à ce narrateur. La première apparition d'Emma est très discrète. Elle apparaît lorsque le docteur parle, entrant sur le côté droit et restant au premier plan de dos et flou. Bien qu'au centre de l'image, elle n'attire que très peu l'attention à cause des couleurs foncées. Elle n'a aucun dialogue, et se contente d'observer le docteur en tentant de se cacher et de s'arranger les cheveux pour avoir meilleure apparence. [...]

[...] Néanmoins la caméra se déplace selon ses mouvements à elle, la laissant être le sujet principal. Dès la première occasion, elle se précipite dans les escaliers discrètement. Elle n'apparaît donc pas comme un personnage principal, mais très secondaire dans cette scène, fuyante et réservée. Pour la scène d'entrée dans la ferme, on note une ouverture au noir. Pour l'entrée dans la chambre du malade, c'est une transition suivie, qui laisse l'action (le docteur qui entre) se dérouler et entraîne l'action suivante du médecin qui poursuit son but. [...]