Le limier est un film policier britannique réalisé par Joseph Leo Mankiewicz en 1972. Il s'agit d'une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre d'Anthony Shaffer qui à l'époque faisait un énorme succès sur la scène de Broadway. Il s'agit du dernier film de Mankiewicz qui à cette époque se sent très isolé dans un cinéma américain en pleine mutation. Après avoir réalisé de grosses productions comme Cléopâtre et dépensé énormément d'argent, Mankiewicz avait déclaré que si un jour il décidait de refaire un film il ne pourrait tourner que seulement avec deux acteurs dans une cabine téléphonique. Ici mis à part la cabine téléphonique qui s'est transformée en labyrinthe, le reste se vérifie.
[...] Mankiewicz semble se moquer de la mort. Le labyrinthe est un jeu lié à la spirale, aux nœuds, aux entrelacements. Il se définit comme une caverne aux couloirs qui bifurquent et ce n'est pas sans raison que Wyke écrit dans Murder by double fault. Ce labyrinthe est comparable à un serpent que l'on peut d'ailleurs voir concrètement au moment où Tindle entre dans le labyrinthe. Il s'agit d'un serpent enroulé à la langue bifide qui observe et attend. Il sert d'avertissement, celui qui pénètre dans le labyrinthe sera prévenu. [...]
[...] Le spectateur introduit dans un monde de faux, la mise en scène le manipule. De cette façon les décors en carton ressemblent à des jeux, comme pour le labyrinthe et le manoir qui en arrière-plan permettent de façon indécise de prévenir le public de cet aspect de jeu présent dès le début du film. Ce qui accentue encore plus le côté théâtral et illusionniste du film, c'est le manque de personnage, ils ne sont que deux. Toutefois Mankiewicz utilise d'autres moyens pour combler les trous en incorporant dans son film des détails, de zoom sur des statues, des coqs, par exemple. [...]
[...] Le labyrinthe au-delà de son aspect dédié au jeu est souvent représenté comme un endroit d'enfermement. En effet, dès que Tindle rentre dans le labyrinthe en longeant les allées, il se sent déjà emprisonné par le jeu d'Andrew Wyke. Dans ce labyrinthe personne ne pourra l'aider à sortir mis à part le maître de maison. Cette sensation d'enfermement on la ressent également au moment où Andrew Wyke permet à Tindle d'entrer dans son coin secret que l'on découvre grâce à la fausse haie. [...]
[...] On a tout de même une manipulation assez importante du spectateur dans cette séquence. Le spectateur a un rôle de voyeur, mais en même temps c'est lui qui découvre (la caméra) le premier wyke au centre du labyrinthe ainsi il est aussi complice de Wyke, le spectateur n'entre pas dans le labyrinthe, il a un statut de voyeur. L'issu du labyrinthe est faussé, il ne suffit pas de connaître le chemin, c'est un morceau de haie (fausse haie) qui pivote. [...]
[...] Les mouvements de caméra du champ contre champ viennent quant à eux appuyer cette dualité sociale par la séparation de la haie dans le labyrinthe. On a donc une haie qui les sépare en vrai et une haie qui les sépare d'une manière abstraite. Séparation de deux cultures et deux modes de vies très différentes. Quand les deux personnages sortent du labyrinthe on note que les deux évêques d'un jeu d'échecs, qui sont là pour représenter la victoire sont placé dans ce contexte pour représenter la confrontation et la dualité entre ces deux sociétés différentes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture