L'Espoir - ou Sierra de Teruel pour le titre espagnol - a été produit pour mobiliser l'opinion publique internationale, car André Malraux cherchait à réaliser un film de propagande afin d'obtenir le soutien financier et politique des démocraties à la République espagnole. On sait que le film fut terminé trop tard pour pouvoir influer sur le sort de la guerre, mais il reste un film mythique, qui a frappé les esprits. Ce film inachevé, souvent confus, reste un chef-d'oeuvre qui colle à la peau de son époque (...)
[...] On pense également au Rossellini de Paisá et de Rome, ville ouverte. Avec Espoir, Malraux apparaît comme un précurseur du néoréalisme italien. Les problèmes rencontrés pendant le tournage La somme des difficultés qu'a rencontrées Espoir est impressionnante. Non seulement le tournage n'est qu'en partie mené à bien, mais par ailleurs, une quantité importante de pellicule arrive en piteux état à Paris. D'autre part, comme le gouvernement républicain ne pouvait plus financer le film, Corniglion-Molinier et Roland Tuai avaient dû se charger de la relève au niveau de la production. [...]
[...] Le tournage du film Le tournage commença en juin 1938, avec l'accord du gouvernement républicain. Pour son film, André Malraux s'adjoignit Max Aub, écrivain et auteur dramatique espagnol, qui connaissait admirablement le français, et qui fut pendant toute la réalisation le double espagnol d'André Malraux, son interprète, et son agent d'exécution. André Malraux demanda à Denis Marion de l'assister pour le scénario, et à Boris Peskine de faire le découpage. Sur la recommandation de Jacques Prévert, il engagea Louis Page, qui possédait une solide expérience d'opérateur, et qui avait déjà été directeur de la photographie sur d'autres films. [...]
[...] Et bien que la production de films ait été quantitativement importante, les problèmes économiques et matériels ont engendré une production qualitativement hétérogène. Néanmoins, si certaines productions sont parfois vulgaires, banales et sans personnalité, un véritable élan créateur est véritablement donné. En est pour preuve le superbe Las Hurdes / Tierra sin pan de Buñuel (1932), dans lequel le cinéaste, abandonnant le surréalisme, se met au service du réel et montre l'horrible réalité de la plus misérable région d'Espagne. Le documentaire est la vraie richesse du cinéma espagnol de cette époque. [...]
[...] La musique appuie ses tempos pour un mouvement final. Le plan continue à s'élargir à la montagne et aux abords du village. La foule à échelle humaine est devenue une foule à l'échelle du paysage, ce qui donne l'impression que le cosmos est atteint. Immédiatement, la constatation que cette séquence condense et réunit tous les procédés en vigueur dans le film vient à l'esprit. Il nous semble important de commenter l'opposition des grosseurs de plans dans cette scène finale où se succèdent plans d'ensemble, plans généraux, plans moyens et plans rapprochés. [...]
[...] Peut-on dire que le film de Malraux est un bon film de propagande ? Il est possible d'en douter, car il ne laisse pas l'impression que le peuple espagnol continue à se défendre, et il ne laisse guère luire l'espérance d'une résurrection. Mais Malraux entreprend bien de transfigurer l'agonie du peuple espagnol abandonné à son destin. Tel est le rôle joué par les soixante-huit plans de la dernière séquence qui commence sur une descente de croix, et qui emprunte aux peintres de la Renaissance italienne leur génie de la représentation picturale de l'agonie. [...]
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