Cinéma muet, cinéma parlant, caméra, L'homme à la caméra, documentaire, Dziga Vertov, Kinoglaz, vérité, objectivité, distraction, utilité sociale, rythme, spectateurs, film, regards, parallélisme
À la veille du passage du cinéma muet au cinéma parlant, Dziga Vertov réalise son deuxième film expérimental : L'homme à la caméra (1929). Dans ce film, il montre les images d'une ville, Odessa, prisent sur le vif et à l'improviste par un homme et sa caméra. Il capture chaque instant, chaque moment de la journée, ainsi que leur rythme. Ce film s'inscrit dans la continuité du Kinoglaz, c'est-à-dire celui d'un cinéma-vérité, d'un ciné-oeil. Vertov, dans son Manifeste (1922), expose son cinéma de la manière suivante : « Je suis le ciné-oeil. Je suis l'oeil mécanique. Moi, c'est-à-dire la machine, je suis la machine qui vous montre, le monde comme elle seule peut le voir. Désormais je serai libéré de l'immobilité humaine. Je suis en perpétuel mouvement. Je m'approche des choses, je m'en éloigne, je me glisse sous elles, j'entre en elles. Je me déplace vers le mufle du cheval de course. Je traverse les foules à toute vitesse, je précède les soldats à l'assaut, je décolle avec les aéroplanes, je me renverse sur le dos, je tombe et me relève en même temps que les corps qui tombent et se relèvent... ».
[...] L'œil de la caméra croise, pendant tout le film, différents regards : celui des poupées dans la vitrine, celui de la caméra elle-même, celui des spectateurs, etc. On peut aussi remarquer que la caméra peut avoir, à un certain moment, un côté voyeur. En effet, la volonté de Vertov de prendre les images sur le vif peut avoir des limites. Au tiers du film, il filme une femme endormie sur un banc, et fait un plan rapproché de ses jambes. [...]
[...] Dans ce cinéma, la caméra a un rôle de super-œil, qui rend mieux compte de la réalité que l'œil humain lui-même. Par conséquent, le montage de L'Homme à la caméra est très riche : on y retrouve des superpositions d'images, des découpages, des ralentis, des accélérations, des arrêts sur image, des retours arrières, des trucages, etc., à l'image de son cinéma. En effet, il décrit le film et la vie en général comme une sorte de montage ininterrompu, sans pause, sans temps d'arrêt. [...]
[...] Je me déplace vers le mufle du cheval de course. Je traverse les foules à toute vitesse, je précède les soldats à l'assaut, je décolle avec les aéroplanes, je me renverse sur le dos, je tombe et me relève en même temps que les corps qui tombent et se relèvent . ». Une prise de vue et un point de vue particulier Tout d'abord, L'Homme à la caméra est un film muet qui s'inscrit dans l'histoire du cinéma par son caractère atypique de documentaire. [...]
[...] Le film de Vertov est rempli de parallélismes. En effet, celui-ci est composé d'un nombre très important de plans, tous très courts, qui donnent un rythme à l'ensemble. Vertov joue avec une alternance entre des plans de la ville où l'on peut observer la foule, les trains et les voitures, et celle de plans rapprochés sur des visages, des mouvements, ou des objets. Il fait donc dans son film un réel parallèle entre la vie publique et extérieure, et la vie privée, à l'intérieur. [...]
[...] Pour autant, même sans montage, Vertov parvient à donner un sens et un rythme à son film en utilisant de nombreuses superpositions ainsi que d'autres procédés filmiques. Les multiples mises en abyme nous interrogent fortement sur le point de vue du spectateur. On peut donc affirmer que L'Homme à la caméra est un film qui s'inscrit dans l'âge d'or du cinéma muet. [...]
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