Le réalisateur autrichien, Michaël Haneke résume en une phrase lourde de sens la portée de son travail et l'intérêt d'étudier frontalement la violence : "La question n'est pas de savoir ce qu'on a le droit de montrer, mais comment permettre au spectateur de comprendre ce qu'on lui montre." Ainsi, nous avons choisi d'analyser un des films du réalisateur autrichien : « Funny Games ». Ce film concentre un certain nombre d'originalités qu'il nous a semblé intéressant d'expliquer.
Le choix de la violence comme thématique peut paraître, à certains égards, commun, pourtant, l'angle opté par Haneke est extraordinaire, c'est-à-dire hors de l'ordinaire, de ce qui se fait habituellement. Nous pensons que la manière de traiter et de mettre en scène la violence par ce réalisateur est révolutionnaire.
C'est pourquoi nous analysons en profondeur « Funny Games » à travers plusieurs angles afin de montrer comment ce film, au-delà de sa violence manifeste, réussit à sublimer et à subvertir la représentation classique de la violence pour montrer les vrais ressorts de la domination et du mal.
[...] Ainsi, dans "71 fragments d'une chronologie du hasard" Haneke montrait à quel point notre société atomise les individus. Il dénonce le nombre croissant d'individus qui se renferment sur eux-mêmes, dans leurs hobbies ; leur fuite continuelle dans leur imaginaire en se coupant de la réalité. Cette attitude peut conduire à la folie et parfois même jusqu'au sang. Le cinéaste avait déjà exploré cette voie avec "Benny's vidéo" en 1992. Ce film retrace l'histoire d'un enfant passant son temps à regarder des films. Il ira jusqu'à tuer une amie et dénoncera ses parents d'avoir caché le cadavre. [...]
[...] Nous sommes tous des Paul et Peter. La violence n'a pas de visage stéréotypé, elle est même la plus vive quand elle se présente sous les atours du bien. Haneke nous incite à réévaluer notre conception du monde, à modifier notre échelle de valeurs : le mal est potentiellement partout, tout peut devenir un instrument de violence et de torture y compris le jeu et l'humour. Et que celui-ci peut jaillir du plus grand calme possible. Dans une interview, le cinéaste rapproche les comédies sous le régime nazi aux films de divertissement actuels. [...]
[...] Dans la suite du film il y a très peu d'échanges entre Anna et Georg. En présence des agresseurs les communications sonores sont très limitées et celles visuelles un peu plus présentes. Georg laisse même Anna entre les mains des agresseurs lorsque ceux-ci veulent la voir nue. Malgré la perte symbolique du pouvoir de Georg, il a en effet failli à sa mission de patriarche, il conserve sa lucidité et une certaine autorité quand le couple se retrouve seul enfant mort et agresseurs partis et doit prendre et assumer des décisions capitales. [...]
[...] Il y a donc une différence entre l'aura de l'unique et la virtualité de notre expérience." Michaël Haneke dans Cahiers du Cinéma N°520 janvier 1998. [...]
[...] Le scénario de "Funny Games" fait échos à celui de "Les Chiens de paille" réalisé par Sam Peckinpah en 1971. Dans ce dernier était mis en scène un couple paisible et non violent, victime de la barbarie de jeunes hommes qui prennent d'assaut leur ferme. A la différence de "Funny Games" dans "Les Chiens de paille" est donnée au héros la possibilité d'atteindre un niveau de violence égale à ses bourreaux, et ce dans le but de mettre en perspective le caractère parasitaire de la violence, dimension nettement moins présente dans le film de Haneke. [...]
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