Analyse filmique d'une des oeuvres les plus marquantes du cinéaste allemand Wim Wenders « Les Ailes du désir » (1987). La trame dramatique mais aussi les caractéristiques formelles du film y sont étudiées et dressent en parallèle le portrait social de l'Allemagne, deux ans avant la chute du Mur de Berlin. Également, il y est démontré la place du film au sein du courant cinématographique post-moderniste.
[...] Leur poignée de main est l'instant de communion entre les deux mondes. Ainsi, ce personnage post-moderne est du monde humain et semble nécessaire à l'évolution de l'ange. Wenders semble avoir apaisé son ardeur nombriliste et sa vision cul-de-sac du septième art car le personnage de Falk est l'ouverture au monde nouveau. La troisième catégorie de personnages est les humains. Les enfants sont l'avenir car ils «communiquent» silencieusement avec leurs protecteurs. La candeur et l'émerveillement semblent être les valeurs-réponses à la souffrance du peuple. [...]
[...] On pourrait dire d'eux qu'ils sont les protecteurs invisibles du peuple allemand. Et si, à la manière des films post-modernes, Wenders semble nous présenter la spiritualité comme un exutoire et une solution aux malheurs allemands, il va en fait bien plus loin en nous présentant des anges au chômage. Car, comme il le dit lui-même, «Dieu est mort ( Les anges sont condamnés à être des esprits immortels sans jamais savoir ce qu'exister veut dire»[3]. Les protecteurs du peuple sont donc des anti-héros, à la fois mythiques et si près d'eux, presque «imparfaits» avec leur habit de clochard et leur allure si humaine. [...]
[...] Il devient la transition entre les deux mondes (ciel et terre) de par son seul désir d'acquérir des sensations. En quelque sorte, il unit ces deux univers grâce à son désir. On retrouve aussi à l'intérieur de l'intrigue la confrontation passé-futur. Le présent n'apparaît que comme une transition vide entre les deux. Cette rencontre est représentée par la fréquentation des anges de la bibliothèque, ce lieu où la transmission du passé, du déjà acquis, vers la pensée vierge et curieuse est permise et stimulée. C'est aussi le lieu de l'intelligence et de l'ouverture d'esprit. [...]
[...] Conclusion Il serait possible de conclure que le film est de type existentialiste, c'est-à-dire qu'il explore l'âme de l'humain dans son vécu. En même temps, il s'inscrit de toute évidence dans la lignée des «films nationaux» car l'âme du peuple allemand, profondément marqué de son contexte social et politique, y est dépeinte de manière magistrale. Certes, «Les Ailes du désir» ne se détermine pas comme un film purement post-moderne. Il semble plutôt annoncer un nouveau genre car les angoisses et les impasses du post- modernisme se résolvent. [...]
[...] Il s'agit d'un cinéma contemplatif. Les anges contemplent à perpétuité et évoquent la poésie de l'humain. Ils vont d'individu en individu, errent dans les rues, les métros, les appartements de la capitale et notent les incidents et «merveilles» de la journée. Ils visitent des êtres isolés dans leur monde intérieur, comme si Berlin était une multitude de ces mondes-individus. Donc, le récit est le regard de ces anges dont la fonction est de contempler mais limités dans leur capacité d'aider. [...]
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