Le Silence des agneaux est le seul film, avec New York-Miami de Franck Capra en 1934 et Vol au-dessus d'un nid de coucou de Milos Forman en 1975, à avoir remporté les 5 oscars majeurs : meilleur film, meilleur réalisateur (Jonathan Demme), meilleur acteur (Anthony Hopkins), meilleure actrice (Jodie Foster) et meilleure adaptation (Ted Tally), et ce malgré la banqueroute de la maison de production Orion et le manque de budget publicitaire qui en découlait et qui est en général nécessaire au triomphe d'un film.
Il existe des humains qui font preuve d'inhumanité: ils ont quelque chose en plus (ou en moins).Mais ils sont humains, ce ne sont pas des animaux, ce sont des « monstres ». Mais dans quelle mesure des humains peuvent-ils être inhumains? Pourquoi et comment franchissent-ils la frontière entre l'humanité et l'inhumanité, où se situe cette frontière? L'humanité est définie par la norme d'une société, cette société fixe les frontières de son humanité, et celle-ci n'est donc pas fixe. Ceux qui franchissent les frontières de l'humanité suscitent l'angoisse des humains parce qu'ils s'affranchissent des lois de la société et de ses tabous: ils ne sont pas des « animaux sociaux ». Ce basculement dans l'inhumain est perçu par les autres humains comme une folie (meurtrière le plus souvent), or la folie ne fait pas droit. La seconde guerre mondiale a pourtant montré que la folie la plus inhumaine et la plus meurtrière, à l'échelle d'un Etat, avait conduit aux actes les plus inhumains de l'Histoire; des humains (une minorité à l'échelle de l'humanité) ont tenté (et ont partiellement réussi) de déshumaniser et d'éliminer une grande quantité d'autres humains, sous les yeux d'autres humains qui n'ont rien fait pour les en empêcher, sinon tardivement. L'existence, la présence et même le souvenir des ces « monstres » suscitent l'angoisse des autres humains et créent des espaces, des lieux d'angoisse. Les sources d'angoisses peuvent aussi être internes, propres à l'individu, prenant leur source dans l'expérience personnelle, entretenues par les souvenirs et les traumatismes.Si l'évaluation de l'humanité est relative à une société, elle l'est aussi au niveau de l'individu. Dans Le silence des agneaux, Clarice Starling ( et le spectateur) est au début du film effrayée par Hannibal le Cannibal, et à la fin, c'est Chiltern qui apparaît comme monstrueux tandis qu'Hannibal (malgré son cannibalisme) apparaît beaucoup plus sympathique, juste et bienveillant à l'égard de Clarice puisqu'il la libère des angoisses liées à son enfance.
[...] Elle semble minuscule dans son sweat shirt bleu clair plein de sueur, mais elle ne baisse pas les yeux. Tout au long du film, elle est entourée d'hommes mais elle doit se débrouiller seule et elle est toujours observée et surveillée. Lorsqu'elle se rend à l'entrepôt où Lecter a stocké ses affaires, le vieillard qui l'accompagne est dans l'incapacité de l'aider à ouvrir la porte qui est coincée: elle se débrouille seule avec un cric, sous le regard du chauffeur du vieillard qui est resté dans la voiture. [...]
[...] James Gumb, alias Buffalo Bill, est un tueur en série inspiré de trois tueurs en séries authentiques. C'est un mélange de Ed Gein qui s'habillait avec la peau de ses victimes (il a également inspiré le Norman Bates de Psychose); de Ted Bundy, étudiant qui utilisait un plâtre pour apitoyer les jeunes filles et de Gary Michael Heidnick qui séquestrait des femmes dans une cave. Le mot Love tatoué sur sa main est une référence à La nuit du chasseur. Buffalo Bill souffre d'un grave problème d'identité. [...]
[...] À l'instant même où elle trouve un corps (celui de l'ancienne propriétaire de la maison en état de décomposition très avancé dans une baignoire, Buffalo Bill coupe le courant et Clarice se retrouve dans le noir complet alors que lui a enfilé ses lunettes de vision de nocturne. On voit Starling, désorientée à travers les lunettes de Buffalo Bill, l'image est verte, il la suit, il est tout près, il est sur le point de la tuer mais elle entend le cran de sécurité derrière elle et fait feu: elle le tue à temps, du même coup, les balles percent une ouverture et la lumière entre dans la maison. [...]
[...] L'espace de l'angoisse et les frontières de l'humain dans "Le silence des agneaux", Jonathan Demme d'après le roman de Thomas Harris Résumé Clarice Starling, élève au FBI, enquête sur une série de meurtres perpétrés par James Gumb, que les médias ont surnommé Buffalo Bill parce qu'il dépèce ses victimes pour se coudre une nouvelle peau. Son supérieur, Jack Crawford la charge d'aller interroger Hannibal Lecter, psychiatre cannibal détenu dans l'asile du Docteur Chiltern.Il livre des informations à Clarice en échange de ses souvenirs d'enfance et de ses rêves. [...]
[...] La caméra est à hauteur de papillon, et ses mouvements rappellent le vol des papillons (0:46). Le signal d'angoisse qui pousse Catherine a tenter de se sauver ( elle va capturer Bijou, le caniche de Buffalo Bill), c'est la présence d'ongles et de traces de sang sur le mur du puits qu'elle découvre grâce à la lampe que Buffalo Bill a fait descendre dans le puits. C'est à ce moment-là aussi qu'elle comprend que c'est Buffalo Bill qui la séquestre puisqu'il lui demande de se passer de la crème sur le corps. [...]
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