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"Elephant Man, en plus d'être aujourd'hui un classique du cinéma, fut le film qui a lancé la carrière de David Lynch.
David Lynch, dont l'esprit est aussi tordu que sa chevelure, est certainement le cinéaste américain contemporain le plus hors norme. Son cinéma souvent qualifié de dérangeant, de déroutant, de troublant anime de nombreux débats. Chacun cherche un sens, une clef pour comprendre son oeuvre. Bien qu'il déclare lui-même ne jamais vouloir jeter la confusion chez le spectateur, ce dernier se retrouve généralement en face d'un casse-tête aussi savoureux qu'inextricable. Tout cela parce que le cinéaste a un goût prononcé pour l'étrangeté et cela se ressent très nettement dans son premier long métrage, Eraserhead. Un film difficile d'accès que Lynch mettra plus de cinq ans à faire.
Après ce premier essai, il réalise Elephant man qui, de part son succès populaire, lui donne un véritable statut dans la profession. S'en suit des films cultes tels que Blue velvet, Sailor et Lula qui obtient la Palme d'Or au festival de Cannes en 1990, Lost highway ou encore Mulholland drive, son oeuvre la plus célèbre, la plus étudiée et peut-être la plus emblématique.
C'est en 1980 que David Lynch réalise Elephant man....."
[...] Le théâtre tout entier applaudit alors Merrick que Treves force à se lever parce « qu'ils veulent vous voir ». Mais est-ce John Merrick ou l'homme-éléphant que ces aristocrates applaudissent ? Et pourquoi applaudissent-ils au juste ? Quelle est la raison de cette ovation ? Il n'y en a pas. Ils applaudissent l'homme-éléphant de se montrer enfin en public, de dévoiler sa monstruosité pour que chacun puisse en profiter librement. Peut-être saluent-ils son courage mais ils sont surtout satisfaits d'avoir pu assouvir leur envie de contempler le freak. Ce n'est pas l'homme qui est salué mais la créature. [...]
[...] Alors que le moment d'avant, il se « paraît », le voilà retourner dans son rôle de freak, de bête presque inhumaine, d'animal de crique que chacun peut traiter comme bon lui semble. Il est soulevé dans les airs, on force une femme à l'embrasser. Il redevient un monstre sans raison, sans intelligence. Juste un corps difforme. La journée, l'exhibition est maquillée, détournée lorsqu'il se rend ou qu'il reçoit la visite des grands de la capitale. Selon Treves, cette compagnie lui est agréable et lui fait du bien. [...]
[...] Sa gentillesse, sa sensibilité et son intelligence ne les intéresse nullement tant ils ne peuvent oublier ce qu'ils ont sous les yeux. Pour les bourgeois comme pour les « autres », Merrick demeure l'homme-éléphant. Aucun d'eux ne l'acceptera pleinement dans leur cercle social, il restera ce monstre de parade, ce freak exhibé. Impossible de trouver le bonheur, d'accéder à la normalité pour John Merrick. Alors au final, son seul « plaisir » de la normalité se fera en solitaire, sans personne pour lui dicter sa conduite ou l'acheter d'une quelque façon qui soit. [...]
[...] Et c'est aussi en cela que Lynch fait une cruelle plongée dans l'âme humaine, dans le désir (refoulé ou non) de se servir de l'autre en croyant faire le bien. Bytes est l'homme qui a tenu en laisse John Merrick durant un nombre inconnu d'années mais un nombre cependant suffisamment important pour que ce pauvre quidam craigne son « maître » au point de lui obéir corps et âme et de s'est débarrassé de sa capacité à parler. Il y a cependant entre les deux hommes un étrange rapport de dépendance. [...]
[...] Et dans le même cas que Freaks, la difformité de John Merrick est présente depuis sa naissance. Dans une société en pleine mutation (le film se déroule durant la Révolution industrielle dans la capitale de cette révolution, à savoir Londres) où la technique se mêle à l'humain, John Merrick apparaît comme une nouvelle forme d'informe. Et Lynch va plonger au cœur de cet homme et dévoiler son ressenti, sa sensibilité envers ceux qui lui tendent la main. Derrière cette société bien pensante, ce Londres noir où cohabitent le luxe des bourgeois et la pauvreté des bas quartiers, John est toujours un spectacle. [...]
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