Elephant man (1980) réalisé par David Lynch est un film très riche et intéressant, tant d'un point de vue esthétique que scénographique. Il s'agit de l'histoire vraie d'un homme (John Merrick) dont le corps et le visage sont difformes, car sa mère s'est fait renverser par un troupeau d'éléphants lorsqu'elle était enceinte. Alors que cet « homme éléphant » fait l'objet d'une animation foraine et face aux mauvais traitements dont il est victime par son « propriétaire » Bytes, le docteur Treves décide de l'installer dans son hôpital et de prendre soin de lui. Nous verrons les différents thèmes esthétiques développés dans ce film, et la manière dont ils sont mis en scène, tout en restant concentré autour de la thématique de l'identité. Pour commencer, nous étudierons l'esthétique globale et générale du film, puis, nous analyserons deux scènes de manière à approfondir certains éléments, et à mettre en avant de façon plus précise (moins générale) l'esthétique et la scénographie.
[...] Au départ, nous découvrons l'homme éléphant dans la pénombre et de manière rapide (plan court), ce qui empêche toute identification. Puis, nous le découvrons sous une cagoule blanche, et des vêtements amples. Dans cette cagoule, il y a un petit trou pour qu'il voit, et l'on a presque envie de se faufiler à l'intérieur pour voir ce visage qui nous est occulté. David lynch joue avec cela en faisant, à plusieurs reprises, des gros plans sur ce visage masqué, alors que lorsque son visage est mis à nu, les plans sont généralement larges. [...]
[...] A plusieurs reprises, on observe une mise en absence du corps identitaire, et plus précisément des traits identitaires par l'intermédiaire de vêtements, et surtout de la cagoule et donc une suggestion de la disparition. Ce film ne serait-il pas une métaphore sociale ? En effet, il semble indiquer que l'on risque d'être marginalisé lorsque l'on montre son vrai visage, sa vraie personnalité, et critique ainsi le besoin de rentrer dans la norme, et d'uniformiser son apparence physique et vestimentaire pour être accepté. Bibliographie LE DU Estelle, GAGNEBIN, Murielle. [...]
[...] David lynch semble nous rappeler notre impuissance face à la fiction, face au cinéma. Puis, au cours du film, Lynch trouve d'autres astuces pour accentuer le suspens et notre pulsion scopique, notre envie de voir. Il montre les réactions des gens, qui eux, parviennent à identifier J. Merrick - réactions diverses d'ailleurs : pleurs, cris, affolements, chocs - et qui sont finalement le reflet de John Merrick ; ils miroitent son image. En effet, à travers ces réactions, l'imagination du spectateur travaille. [...]
[...] A aucun moment, nous avons un plan qui isole J. Merrick ; nous le voyons toujours inclus dans cette scénographie en triangle. Ceci indique que J. Merrick est certes un être singulier et fait exception, mais qu'il est parmi les hommes, et qu'il ne peut échapper à leurs regards, qu'il est comme encerclé. D'ailleurs, il faut savoir que la scénographie en triangle est utilisée dans les films lorsqu'il y a affrontement, et on pourrait donc penser qu'ici J. Merrick affronte le regard des autres, le regard que les autres portent sur lui. [...]
[...] Ici, nous avons donc une sorte de miroir oral - qui découle des commentaires du docteur Treves, qui fait imaginer et permet au spectateur d'assembler ce qu'il voit avec ce qui est dit (comme dans un puzzle) ainsi qu'un miroir réflexif communicatif dû aux réactions des confrères ; l'identité ne se concevant qu'à travers le regard des autres. Donc, ces commentaires, et ces yeux fonctionnent comme un miroir. Dans cette scène, il y a une forte connotation, référence à l'univers théâtral, et en même temps, à l'univers juridique, comme si J. [...]
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