Gus Van Sant est né le 24 juillet 1952 à Louisville dans le Kentucky. Il est réalisateur, scénariste, photographe et donc directeur de la photographie et également musicien. Il réalise en 1985 son premier long métrage, Mala Noche, 15 ans après avoir été diplômé de la Rhode Island School of Design. Il est aujourd'hui l'un des plus respectés et talentueux réalisateurs américains. Son dernier film, Harvey Milk, qui est son treizième, a permis à Dustin Lance Black de remporter l'Oscar du meilleur scénario original et à Sean Penn de rafler celui du meilleur acteur.
"Elephant" est le dixième film du réalisateur. Ce film s'inscrit dans un cycle de quatre films composé de "Gerry", "Last Days" et "Paranoid Park". C'est ce cycle de film qui le consacra totalement, à travers la Palme d'Or en 2003 pour Elephant et le prix du 60e Festival de Cannes en 2007 pour "Paranoid Park".
Ces films, fortement marqués par son expérience personnelle, abordent principalement les thèmes de la guerre (même s'il n'a jamais fait de films de guerre, cette remarque est très significative par rapport à Elephant, et par rapport à toute son enfance et son adolescence qui a été bercée par plusieurs guerres, et notamment la guerre du Vietnam), de la mort, de l'homosexualité (le réalisateur est lui-même homosexuel), du retour à l'origine, de l'abandon, de la solitude, du temps ou encore de l'éducation.
Cette tétralogie marque le retour à une forte indépendance du réalisateur par rapport à Hollywood notamment après le film "A la rencontre de Forrester". Ces quatre films ont pour points communs de contenir peu de dialogues, et d'être filmés en plans très longs et très esthétiques qui donnent parfois un sentiment de vertige. Ils sont sombres, pessimistes, et la mort plane sur ces quatre films. C'est une présence pesante qui hante cette tétralogie, c'est le fil directeur de celle-ci.
[...] Dans Elephant, les dialogues entre les personnages sont quasi inexistants, comme si ceux-ci étaient privés de parole, comme s'ils ne connaissaient pas l'usage du langage. Et la présentation des personnages, quand leur nom apparaît sur en blanc sur un fond noir, fait d'ailleurs penser aux films muets. Elephant serait donc un film muet, un film où l'on ne parle pas, et cela conforte l'idée que le lycée est un zoo et un lieu animal en raison de l'absence de ce qui caractérise généralement la supériorité de l'homme sur l'animal, à savoir la communication, l'usage d'un langage développé. [...]
[...] Ce qui est autour n'a aucune importance. La seule chose qui compte, c'est de toujours regarder sa future victime, de toujours l'avoir distinctement en ligne de mire. De plus, il faut encore noter la précision de l'arme qu'est la caméra, son efficacité. A part John qui est différent des autres élèves et qui n'a pas vraiment la même nature, toute personne qui est prise en chasse par la caméra, et en un sens par le spectateur, finit par mourir. Même Eric, qui est l'un des deux tueurs, finit par être tué. [...]
[...] Par ailleurs, Alex, qui se fait martyriser en classe par ses camarades, et notamment par Nathan, est fortement gêné à la cafétéria par un bruit qui devient de plus en plus fort et qui finit par le contraindre à se protéger les oreilles. Alors que les autres ne semblent pas conscients des bruits qui les entourent, Alex l'est, et tout cela, en ajoutant d'autres facteurs, contribuera à réveiller l'éléphant endormi qu'est Alex et à en faire un terrible danger, le moteur de la fusillade. Il faut encore noter un point très important. La musique et les longs plans très esthétiques qui accompagnent les personnages déambulant dans les couloirs de leur école sont là pour endormir ces élèves. [...]
[...] Brittany, Jordan et Nicole Elles représentent trois filles un peu clichées, qui parlent de garçons, de l'une d'elles qui ne voit plus les deux autres à cause de son copain. Elles sont superficielles, anorexiques (elles se font vomir après le repas). Elles accordent une grande place à l'apparence. Elles se font tuer par Alex dans les toilettes. Benny Il est présenté très tard, et il meurt presque aussitôt. C'est le double de John. Comme lui, il porte un T-shirt jaune, et comme lui il tentera de protéger les autres, mais d'une façon étrange, puisqu'il ne semble lui-même pas convaincu de ce qu'il fait. [...]
[...] De plus, on ne sait pas forcément qui la caméra va suivre. On ne sait jamais si la caméra va changer de cible, si elle va soudainement changer de proie. Par exemple, à un moment, on suit Elias, et celui-ci croise John, et la caméra choisit alors de prendre en chasse John. Il n'y a donc pas de plan morbide clairement établi, le coup mortel part sans prévenir, et presque au hasard, touchant mortellement un des personnages suivis mais sans ordre préétabli. [...]
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