Nino Kirtadzé est née en 1968 à Tbilissi, capitale de la Géorgie. Après avoir enseigné la littérature en parallèle avec sa carrière de journaliste, elle devient conseillère à la présidence de la République Géorgienne. En 1990, elle fait sa première apparition en tant qu'actrice dans le film Dge de Levan Glonti. Dix ans plus tard, elle réalise son premier documentaire Les trois vies d'Edouard Chevardnadze, qui dresse un portrait du président Géorgien de l'époque en éclaircissant certains points de l'histoire de l'Union Soviétique. En 2005, elle est membre du Jury International au Festival du Cinéma du Réel. Dites à mes amis que je suis mort est son troisième documentaire, pour lequel la réalisatrice a remporté en 2003 le FIPA d'or au Festival International de Biarritz et le prix Louis Marcorelles au festival du Cinéma du Réel.
[...] Comment la réalisatrice a-t-elle pu prévoir ne serait-ce que la mort de Tsotné Andatzé ? Connaissait-elle la famille du défunt ? Cela semble évident au vu des scènes particulièrement intimes qui sont filmées. Sa réalisation s'inscrit donc dans la lignée de Robert Flaherty qui s'était clairement entendu avec ses personnages pour tourner Nanook of the North. Son documentaire ne contient aucun portrait, aucun échange direct avec ses personnages. Elle a pu filmer à toutes échelles mais n'est jamais intervenue directement dans le récit. [...]
[...] Ce que les femmes prévoient de mettre dans le cercueil du mort ressemble aux préparatifs d'un voyage et non d'une mise en terre. Quand les hommes déplacent les restes de la mère de Tsotné, Nina, ils retrouvent son rouge à lèvres, ses médicaments et des cadeaux des enfants qu'elle gardait. Contrairement aux pleureuses, cette tradition se retrouve en Occident aussi où les proches ressentent le besoin de laisser au mort des photos ou des lettres pour qu'il ne parte pas seul. [...]
[...] Il en est de même pour le cimetière qui ressemble à un village plus qu'autre chose avec de grandes gravures des morts, souriants. C'est ce qu'illustre d'ailleurs la réalisatrice en faisant usage de voix off à la fin du film, pour faire parler les morts. Pour les proches de Tsotné, le mort reste présent et ils le supplient même de rester avec eux. Si bien des choses ont été prévues à l'avance par la réalisatrice, comme en témoignent ses plans et situations avec les personnages, d'autres relèvent de la surprise. [...]
[...] Puis, chez la couturière, une des femmes annonce : sais ce que j'ai entendu dire ? Il paraît que Tsotné Andatzé est mort». Il paraît peu probable que cette phrase ait été annoncée par hasard chez une couturière de la ville au moment précis où la réalisatrice se trouvait là avec sa caméra. Tout au long du film, on assiste à des scènes qui se sont forcément passées au même moment et pourtant, il semble qu'on ne rate rien des évènements. [...]
[...] Nulle part dans le film on ne voit les gens dans leur intimité, vivre ce type d'intensité étrange. Dites à mes amis que je suis mort porte essentiellement sur les funérailles et le cérémonial qui les entourent. Cela semble d'ailleurs étrange au vu du titre choisi. On aurait pu imaginer que le film porterait sur les réactions des gens, plutôt que sur les préparatifs funèbres. En cela, peut-être, la réalisatrice a témoigné de son respect sans faire intrusion dans les sentiments et émotions des uns et des autres. [...]
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