Cléo de 5 à 7, séquence de prologue, Agnès Varda, Alain Resnais, noir et blanc, images en couleurs, tarots de Marseille, principe esthétique, conscience de Cléo, peur de la maladie, perception du monde, mise en scène, représentation de la femme, cadrage, générique, voix off, récit narratif, allégorie, mort, jeu de contrastes, symbolique du passage, matérialisation du temps
C'est dans Nuit et Brouillard d'Alain Resnais qu'Agnès Varda se souvient avoir vu, pour la première fois, des images en noir et blanc et des images en couleurs mélangées. La réalisatrice a souhaité que, dans les premières images de Cléo de 5 à 7, les tarots de Marseille que dévoile la cartomancienne aient la particularité d'être en couleurs alors que l'ensemble du film est en noir et blanc. Cette décision a pour origine un principe esthétique : le désir de Varda de séparer, dans son film, de façon immédiatement perceptible par le spectateur, la vie elle-même de la représentation de la vie. Pour elle, il y avait clairement cohabitation de deux niveaux de réalité à l'intérieur de cette même séquence.
[...] Objet de tous les regards, il s'agit pour elle de s'approprier son propre regard. D'ailleurs, vous observerez combien le verbe regarder est très présent dans cette séquence. Rencontre amoureuse : Antoine : bavard, bonimenteur , une surprise , rencontre MAIS le bouleversement n'est pas la maladie elle-même (non mortelle), mais le rapport de Cléo à la maladie, le regard qu'elle porte sur elle-même : c'est votre maladie qui vous tient trop à cœur . Puis alternance gros plan/plan d'ensemble en plongée totale sur le plateau, comme des tableaux allégoriques, représentation abstraite de sa vie. [...]
[...] Antoine est du côté de la parole, de l'expression et de la liberté. La peur de la maladie et de la mort > Comment est représenté le personnage principal dans cette séquence de prologue ? Comment le thème du regard est-il à la fois le centre de cette séquence et de la quête de Cléo ? Analyse Début jusqu'à 1'56 Couleurs jusqu'à 3'17 puis noir et blanc et alternance couleurs pour les cartes/noir et blanc pour le film : cette séquence est donc clairement donnée à voir comme décalée, fictive, abstraite et allégorique par rapport au film. [...]
[...] Et bien évidemment cette carte n'est pas très bonne, elle ne laisse pas l'espérance d'une ombre. Vous ne vous marierez sans doute pas. Il y a un départ, un voyage. Et ça ce sont les 3 Parques. Et c'est vous qui êtes là. C : Et alors pourquoi suis-je là ? I : Le jeu est difficile, compliqué, je ne vois pas très bien, il faudrait en faire un autre. Coupez svp, et tirez 4 cartes. Ah le pendu, c'est le changement, ça se confirme, elle parle très bien cette carte, mais c'est la souffrance. [...]
[...] I (à son mari) : Les cartes disent la mort et moi j'ai vu . j'ai vu le cancer. Elle est perdue. Enjeux de la séquence Cléo voit sa vie se dérouler sous ses yeux de façon fictive et décalée. Sa quête sera d'y porter un autre regard. Il faut réfléchir, il faut voir , transformation profonde de tout votre être . Le déclencheur de l'action est la maladie, mais son acceptation n'est pas l'objet de la quête de Cléo qui est davantage liée à la transformation de son regard sur le monde. [...]
[...] Cette cartomancienne est une femme libre, comme Varda, qui ne souhaite pas être envahie par les hommes. C'est un enjeu social important pour les femmes dans les années 60. D'ailleurs, en fin de séquence, le mari est retranché dans la cuisine, derrière une porte, il lit son journal pendant qu'elle travaille. Angèle est une dame de compagnie, une soubrette (rôle de la suivante au théâtre) dira-t-on plus tard, moteur de la liberté de Cléo, dévouée, mais peu influente. Portrait indirect de Cléo : une artiste, musicienne Évolution vers le tragique : le consultant est l'amant de la consultante (soit Cléo elle-même. [...]
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