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Nous nous proposons d'analyser cinq films réalisés par des cinéastes polonais et dont la liste est la suivante :
- Cendres et diamants d'Andrzej Wajda (1958) ;
- De la veine à revendre d'Andrzej Munk (1960) ;
- Le couteau dans l'eau de Roman Polanski (1962) ;
- Rozà de Wojciech Smarzowski (2011) ;
- Cold war de Pawel Pawlikowski (2018)
Les trois premiers films mentionnés appartiennent à la même époque alors que les deux derniers sont plus récents. Les réalisateurs Wajda, Munk et Polanski sont tous issus de l'école de cinéma de Lodz et ont travaillé ensemble, Polanski avec Wajda pour son film Génération, Munk comme professeur de Roman Polanski et ce dernier avec Munk comme assistant-réalisateur dans le film De la Veine à revendre. Après la mort de Staline en 1953, un vent nouveau souffle sur les pays du bloc soviétique et, en Pologne notamment, incombe aux scénaristes et réalisateurs, la responsabilité du cinéma, ce qui permet à des hommes comme Wajda, Munk et Polanski, ensuite, d'émerger. Ils vont être les représentants d'une nouvelle génération qui rompt avec l'académisme du passé et peut se développer quasiment librement. [...]
[...] Par le choix d'un personnage complexe, qui est dans le doute, Wajda fait passer un message politique pessimiste sur l'avenir de la Pologne. Cependant, Maciek tout comme Kristina ou encore les fêtards du banquet, après les horreurs de la guerre, voudraient comme le formule le héros tout "simplement vivre". Le film de Smarzowski Rozà, très postérieur à celui de Wajda, est d'une très grande noirceur à l'exception de la scène d'amour qui réunit pour la première fois Tadeusz et Rozà dans un même lit. [...]
[...] L'intrusion dans la vie privée des gens par les cadres communistes qui détiennent le pouvoir, se manifeste durant la majeure partie de ce long-métrage et nous fait sentir la pesanteur de l'Histoire de la Pologne communiste. Toute manifestation culturelle est téléguidée et formatée. Le critique Daniel Iftene trouve, pour sa part, que l'originalité de Cold War réside dans sa façon de montrer comment le régime communiste a tenté de "pénétrer la conscience populaire par l'asservissement et l'industrialisation du folklore".4 En conclusion, nous retiendrons que les cinq films polonais de ce corpus présentent une certaine unité stylistique passant par une maîtrise virtuose du noir et blanc et un arrière-plan historico-politique dévoilant certains épisodes méconnus de l'Histoire polonaise. [...]
[...] De la Veine à revendre de Munk, met en scène les tribulations d'un Polonais malchanceux tout au long de sa vie. Le film est un long flashback pendant lequel, par le récit de sa vie tourmentée, le protagoniste tente, en vain, de convaincre le directeur de la prison dans laquelle il a été enfermé, de le garder. Il s'agit d'un film burlesque, dans lequel les accélérations de tempo, la démarche, les mimiques et les postures du personnage, l'usage du noir et blanc, rappellent la dynamique des films muets à la Charlie Chaplin ou Buster Keaton. [...]
[...] Beaucoup plus étonnant et signifiant est le recours au noir et blanc pour les films de Pawlikowski et Smarzowski. Grâce aux contrastes que cette option instaure, les scènes prennent fréquemment une dimension symbolique grâce au jeu entre l'ombre et la lumière mais aussi pour les films contemporains, ce choix est le signe d'un ancrage du scénario dans un temps révolu. L'utilisation de toutes les nuances du noir et blanc dans une photographie contrastée, fait naître parfois une atmosphère mystérieuse et/ou poétique dans une esthétique proche de celle du film noir : visages en gros plans, traque de l'homme à abattre, lunettes noires de Maciek dans Cendres et diamants. [...]
[...] Seul le film de Polanski semble ne pas inclure, dans son scénario, de références à la situation historique présente ou passée de la Pologne. Pourtant, le cinéaste dut patienter longtemps avant que son film ne puisse sortir en salle. La censure à l'?uvre alors en Pologne, " rejeta le projet sous prétexte qu'il manquait d'engagement social " Le climat politique s'étant amélioré, le cinéaste remania quelques scènes en "ajoutant ici et là des bouts de dialogue destinés à augmenter l'"engagement social""3. [...]
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