Le contexte de la guerre civile espagnole a donné lieu à plusieurs réalisations cinématographiques - souvent des adaptations cinématographiques d'un roman - comme le film L'espoir (1939) d'André Malraux ou Terre d'Espagne de Joris Ivens et E. Hemingway (1937). Parmi les films les plus célèbres, nous pouvons citer Mourir à Madrid de Frédéric Rossif (1962), ou bien encore Land and freedom (1995) de Ken Loach. Cependant, ici, nous ferons une étude détaillée d'un film espagnol réalisé par Carlos Saura, intitulé ¡Ay Carmela !.En effet, ce film récent permet une prise de recul, une distance avec les évènements. De plus, Carlos Saura est un célèbre cinéaste espagnol qui a connu la guerre, et peut évoquer au mieux les évènements, et surtout la mémoire (historique, collective, individuelle) de la guerre civile espagnole.
Ce film nous a paru intéressant du fait qu'il met en scène une troupe de comédiens qui jouent le rôle de comédiens, et par conséquent, évoque le rôle de l'engagement des artistes dans ces conflits.
[...] Il y a une allusion vulgaire et un jeu de mots sur le thermomètre, et le russe bolchévik qui a contaminé la République. A la vue du drapeau, les militaires franquistes insultent Carmela : puta más que puta »(p.79). Au moment où Carmela enlève ses vêtements pour montrer le drapeau républicain, la lumière du projecteur se met à clignoter - une lumière blafarde - et le bruit du projecteur en hors champs. Ce sont des images chirurgicales. Carmela réagit et insulte Paulino, qui joue son rôle comme convenu. Les prisonniers polonais, au balcon, se lèvent et entonnent Carmela ! [...]
[...] En ce qui concerne la séquence de répétitions dans les coulisses du théâtre (plan 481 à 489 ; la séance de maquillage), il s'agit d'un plan fixe qui dure une minute cinquante-deux. Carmela met ses boucles d'oreilles. Elle est outrée car elle pense que les Polonais vont être amenés au théâtre, alors qu'ils vont être exécutés le lendemain. C'est un dialogue tragi-comique, car Carmela est vraiment touchée par le sort des Polonais, et Paulino ne comprend pas. Elle se demande ce que va dire leur mère. La caméra est placée à la place du miroir. [...]
[...] Tout le monde regarde Paulino. Il s'agit d'un moment comique. Les applaudissements sont joyeux. Le dernier numéro est le plus symbolique, et le plus intéressant. En effet, il s'agit de l'allégorie (personnification) de la République. Nous voyons, au fond, le drapeau républicain tricolore, puis Paulino, déguisé en soldat républicain, Carmela représentant la justice, sa balance à la main. Gustavete a revêtu le masque d'un lion, qui symbolise la patrie espagnole et tient un panneau où l'on peut lire : Jamais en arrière, même pas pour prendre son élan. [...]
[...] Carmela : Bien sûr que non ! Tu n'as pas voulu parce que tu es un égoïste ! La dispute se transforme en querelle de couple (comique). Elle menace de ne pas faire le numéro, car elle le trouve obscène. Elle doit faire un numéro vulgaire vêtue du drapeau républicain. Et, elle menace Paulino de ne pas le faire s'ils amènent les Polonais au théâtre (Cf. page 56 : s'ils amènent vraiment les Polonais au théâtre, cette saloperie du drapeau. [...]
[...] On observe des sourires, des rires. Il y a une adhésion patriotique. Le champ-contre-champ et le changement de plans réguliers permettent de mettre en évidence l'adhésion du public. Mise en abyme, nous avons le point de vue de spectateurs qui regardent un spectacle. Saura filme des hommes, des femmes, des enfants ; c'est le peuple de gauche. Carmela apparaît et chante Mi jaca paso doble et une chanson assez coquine (connotations érotiques), ce qui détend l'atmosphère, Il y a une grande sensualité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture