Apocalypse Now, Francis Ford Coppola, The Doors, guerre du vietnam, cinéma, film
La séquence d'ouverture met en scène un personnage déjà fini, traumatisé, hanté par des images de mort et qui n'est de retour à la guerre que pour plonger encore plus - pour reprendre le titre de la nouvelle de Conrad dont le film est adapté - au coeur des ténèbres. Son périple au coeur du bourbier vietnamien le mène jusqu'au Colonel Kurtz, héros de la guerre qui a fait sécession et s'est transformé en gourou et chef de clan, que Willard est chargé d'assassiner.
[...] Mais surtout, la scène vaut comme un commentaire de Coppola sur ces films de guerre ou de propagande, passés ou à venir, qui enrobent des atrocités dans des musiques épiques pour créer un effet galvanisant. Il n'en reste pas moins que, de manière ambiguë, l'effet reste ironiquement galvanisant ou « fun », ce qui explique pourquoi la scène a tant marqué les esprits. Le son de la musique, même si on y entend par intermittence celui des pales des hélicoptères, est censé provenir des transistors qui se trouvent à bord, mais ce n'est pas un son naturaliste car il finit par recouvrir tout l'espace sonore, abolissant la frontière entre les sons du film et ceux qui lui sont extérieurs, et prolongeant encore cette expérience hallucinatoire annoncée dès les premières secondes du film. [...]
[...] Apocalypse Now - Francis Ford Coppola (1979) - En quoi le film est-il représentatif de l'évolution de la société de la fin des années 60 ? Apocalypse Now de Francis Ford Coppola s'ouvre par une séquence où l'on voit d'abord un paysage de palmiers, sur lequel s'égrènent quelques notes de guitare appartenant à « The End » des Doors. Quelques secondes plus tard, des hélicoptères envahissent le plan et le paysage se trouve brutalement ravagé par le napalm, en proie aux flammes et recouvert de fumée. [...]
[...] Cette séquence résume le projet de Coppola, avec Apocalypse Now, qui consiste à résumer les désillusions et les contradictions d'une période qu'on peut faire à peu près coïncider avec la guerre du Vietnam (1963-1975). En quelques plans, quantité d'images se surimpriment dans l'esprit : au premier plan, celles de la guerre du Vietnam qui s'est terminée quatre ans avant la sortie du film, mais aussi, par l'intermédiaire de la chanson (qui date de 1967), celles de la contre-culture et des mouvements contestataires qui l'ont accompagnée et dont les Doors constituent un symbole tragique avec la mort par overdose de Jim Morrison à Paris en 1971. [...]
[...] Apocalypse Now résume ainsi les désillusions de cinéastes dont la carrière a commencé dans les années 60, et dont la volonté a été de s'affranchir des contraintes imposées par les grands studios pour aborder de front les problèmes et les tabous de la société et l'envie de changement de la jeunesse, ainsi qu'elle s'est exprimée à travers le mouvement hippie et flower power, le rock'n'roll. [...]
[...] Son disciple le plus fanatique, joué par Dennis Hopper, l'auteur de cette épopée libertaire et hippie qu'était Easy Riders, donne une vision d'un rêve hippie qui aurait tourné au cauchemar, d'un sectarisme mortifère et le clan de Kurtz peut raviver les souvenirs douloureux de la Manson Family. La dimension paradoxale et novatrice d'Apocalypse Now tient en ce qu'il présente l'horreur de la guerre en en exagérant sa dimension hallucinée, comme passée au prisme de la culture psychédélique des années 60. Le film se veut l'équivalent d'un gigantesque trip au LSD qui joue, en même temps qu'il en fait la critique, de son aspect spectaculaire. [...]
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