Le court-métrage étudié est un des Portraits qu'Alain Cavalier a réalisé à la fin des années 1980 dans le but de dresser des portraits de femmes exerçant des métiers qui semblent désuets pour l'époque, mais exigeant une réelle passion et un savoir-faire.
[...] Ce qu'elle appelle le soleil n'est en réalité qu'une lampe au plafond dans son petit monde. Malgré tout, ce monde possède son propre éco-système puisqu'on voit une plante qui pousse dans ces conditions, sous le soleil Ce monde parallèle appartient à Amélia et fait partie de sa vie, et Alain Cavalier le montre en panotant une dernière fois de la plante à la lampe, en conservant toujours la voix d'Amélia en hors-champs, très proche. Il effectue pour clore son film un fondu au noir final sur la plante, sans jamais montrer le monde extérieur durant les treize minutes de son film. [...]
[...] Il montre la pénibilité et le courage nécessaire à la pratique de ce travail lorsqu'il comptabilise les heures passées (81000 heures), il montre à quel point Amélia travaille dans un espace confiné lorsqu'il lui parle de claustrophobie (elle ne l'est pas, mais le spectateur ressent déjà cette claustrophobie), ou encore à quel point elle est aliénée quand il l'interroge sur son futur partirez-vous au vert ? Non je resterai à Paris Elle restera enfermée dans un autre espace confiné qu'est Paris lorsqu'elle quittera enfin celui-ci. S'en suit alors une autre séquence qui montre la singularité du travail d'Alain Cavalier. Dans un premier temps, l'arrivée d'une musique en off et des gros plans sur des écriteaux mettent aussi l'accent sur des objets du quotidien d'Amélia, des objets qui rythment sa vie. [...]
[...] Soudain, l'incursion d'une première discussion entre Alain Cavalier et Amélia ramène le spectateur à la forme originelle de l'entretien. En effet, le réalisateur semble reprendre le contrôle de son documentaire puisqu'il aiguille les propos en posant des questions précises à son sujet. Le spectateur a donc l'impression durant quelques secondes de se trouver devant un documentaire conventionnel Malgré tout, celui-ci se révèle rapidement atypique car Alain Cavalier ne filme pas son sujet, ou du moins ne centre pas le visage de son sujet dans le champ de la caméra. [...]
[...] S'en suit un jeu de miroir lorsqu'elle se remaquille : on voit une femme face à elle-même dans sa simplicité mais aussi sa grâce et sa beauté quotidienne. Une fois de plus, le réalisateur semble souhaiter faire disparaitre la caméra car il adopte un angle de vue dans lequel on ne verra pas l'équipe ou la caméra. Avant de clore son portrait, Alain Cavalier met en avant de façon plus nette une autre idée qu'il défend dans tout le film à l'aide en partie des choix de cadrage : celle qu'Amélia travaille et vit dans un autre monde, parallèle au nôtre. [...]
[...] Malgré tout, une fois de plus, il quitte très vite le visage d'Amélia pour se concentrer sur le nouveau sujet du plan : le portefeuille. La femme n'est alors que cadrée partiellement et le focus se fait sur l'objet trouvé. Durant toute cette première partie, Alain Cavalier ne fait que des plans très rapprochés, souvent en plongée ou en contre-plongée. Ce choix révèle, comme il a été dit plus haut, de l'handicap technique lié à l'espace limité de tournage, mais surtout au besoin de témoigner et de faire ressentir au spectateur l'ambiance du lieu restreint et étriqué où ils se trouvent, où cette femme travaille quotidiennement. [...]
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