Rashomon, métaphore, Tajomaru, visuels
La question relative à la composition de l'image dans la première séquence – organisation graphique, à l'intérieur de chacun des plans, donc – et l'analyse, qui se voulait succincte, de la « vision » de Tajomaru, se recoupent par bien des aspects et avant toute chose, sans doute, en raison du caractère fortement stylisé de chaque scène – ce que laissaient percevoir l'attitude tendue des personnages, la prépondérance des éléments sonores, l'organisation rigoureuse du cadre…
[...] La chaîne des causalités se déroule selon un axe vertical (la simultanéité) et un axe horizontal (la succession). Plusieurs interprétations présentées simultanément nous donnent à percevoir plusieurs déroulements (successions d'évènements) différents. II. La question de la musique (Voir en annexe l'extrait de la monographie de Laurent Jullier, L'Analyse de séquences publiée chez Nathan en 2002) III. La recherche d'un sens métaphorique La recherche des métaphores stylistiques dans un film narratif on entend par métaphore le sens symbolique qui peut être donné à un évènement[2] dans un film est une préoccupation majeure de l'analyste. [...]
[...] Quatre modalités peuvent servir à décrire l'être. Quatre modalités serviront également à décrire le faire. Il convient encore de s'intéresser aux intentions des agents, en voyant bien qu'on n'a que deux solutions : - les agents ont un comportement téléologique : ils ont un but à atteindre (une mission à accomplir, une bombe à désamorcer, un cœur à conquérir ) - ils ont un comportement para-téléologique : ils s'amusent, ils traînent, ils sont les acteurs d'une errance sans fin (le road movie contemporain en est un exemple emblématique La chaîne des évènements est la description majeure de l'histoire. [...]
[...] Ceci nous conduit, dans un scénario narratif commercial, à expliciter la relation causale qui relie les évènements (tout en remontant la chaîne des causalités) : Dans Jurassic Park, la catastrophe arrive parce que Dennis, l'informaticien en chef, est mort en laissant des systèmes de sécurité inopérants ; Dennis est mort parce qu'il a été dévoré par des dilophosaures (les petits dinosaures ) c'est bien fait, car il n'aurait pas du descendre de sa voiture ; mais il est descendu car sa voiture s'est embourbée et qu'il s'est trompé de chemin ; il s'est trompé de chemin car il roulait trop vite et il n'a pas vu la pancarte ; il roulait vite car il s'enfuyait en volant des embryons qu'il voulait revendre très cher Donc, dans ce type de scénario, tout a une explication. La narration ici limite le nombre des sens possibles des évènements en les liant par des chaînes de causes à effets. C'est tout le contraire qui se produit dans Rashômon. C'est d'ailleurs ce qui donne son caractère expérimental à ce film. [...]
[...] Le montage alterné c'est-à-dire le déroulement en parallèle de deux séquences qui se produisent dans le même univers diégétique est justement une façon bien connue de jouer de l'analogie entre deux évènements et de construire ainsi un système métaphorique dont le sens apparaît en raison même de la juxtaposition de deux séquences. L'utilisation de plus en plus fréquente du split-screen viendra alors pousser jusqu'au bout cette logique de l'ubiquité et de la simultanéité : tout voir en même temps, c'est ce que le cinéma contemporain empruntant ainsi à la télévision cherche à transmettre, pour rattraper son retard sur les médias électroniques dans lesquels la pratique du zapping peut conduire logiquement à la contemplation fascinée des mosaïques des télévisions par satellite. R. E. Jan JARVIE, Philosophy of the film. [...]
[...] Et qu'est-ce que j'me sens libre ! On peut faire ce qu'on veut, quand on veut ! Regarde (il tourne le volant) A droite, à gauche à gauche, à droite - Oh le petit con, le petit con. Il roule sur une ligne droite et il est forcé de la suivre jusqu'au bout - Quoi ? Regarde (coup de volant à droite pour aller jeter la voiture dans la mer ; le temps de sortir les bagages et la voici engloutie ; difficile de ne pas penser qu'avec cette belle américaine qui sombre, c'est aussi toute la tradition du scénario classique hollywoodien qui prend l'eau Pour répondre à cette apparente contradiction, et en même temps pour tenter de cerner de plus près les modalités d'une possible technique de l'interprétation, on tentera ici sans que cela puisse constituer une réponse infaillible à toutes les situations de définir quelques règles qui peuvent servir à l'analyste. [...]
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