En mai 1959, Les 400 coups, premier film de François Truffaut, triomphe à Cannes et reçoit le prix de la mise en scène ; en mars 1960 sort A bout de souffle, premier film de Jean-Luc Godard, qui remporte un grand succès commercial et critique. Ces deux évènements marquent une rupture fondamentale dans l'histoire du cinéma français mais aussi mondial : ils constituent l'acte de naissance de la Nouvelle Vague, et même si celle-ci retombera presque aussi vite qu'elle est apparue, elle aura définitivement bouleversé le paysage cinématographique hexagonal. En effet, avec ces deux films, la notion d'auteur s'impose au cinéma, et a pour conséquence la mise en place d'une structure bipolaire, partagée entre cinéma commercial et cinéma d'auteur, laquelle existe encore aujourd'hui. Ce processus d'« auteurification » était déjà à l'œuvre dans les écrits de Truffaut et Godard, lorsqu'ils étaient critiques à la revue cinéphilique Les Cahiers du cinéma. Notre étude consistera donc à dégager les raisons qui ont conduit à l'affirmation de cette position auteuriste d'une partie de la critique de cinéma dans la France des années 1950, et à analyser par quels moyens Truffaut et Godard ont fait de leur premier film une concrétisation cinématographique de leurs revendications de critiques. Il s'agit de se demander en quoi le processus de fabrication des 400 coups et d'A bout de souffle affirme l'autonomie de l'auteur-réalisateur et son statut de seul bénéficiaire de la légitimité artistique de l'œuvre. Nous nous demanderons également si cette affirmation du cinéaste auteur a été perçue comme telle au moment de la sortie des deux films, et en quoi elle est à l'origine de la conception du cinéma d'auteur aujourd'hui.
[...] 1948-1995. in BENGHOZI Jean-Pierre et DELAGE Christian (dir.), Une histoire économique du cinéma français (1895-1995). Regards croisés franco-américains, Paris, L'Harmattan pp.195-210. BONNELL René, Le cinéma exploité, Paris, Ramsay p. CERISUELO Marc, Jean-Luc Godard, Paris, Editions des Quatre Vents p CRETON Laurent, Histoire économique du cinéma français. Production et financement. 1940-1959, Paris, CNRS Editions p. [...]
[...] Il s'agit en effet de légitimer le cinéma en tant qu'art, et cela va à l'encontre de la logique artisanale du système corporatif. Dans les autres formes d'art, en particulier la peinture et la sculpture, s'est progressivement opérée la dissociation entre valeurs artisanales et valeurs artistique ; le XIXè siècle et le romantisme ont imposé l'idée selon laquelle l'œuvre artistique serait l'expression du génie créateur, contrairement à la production artisanale[8]. Dans ce contexte, le cinéma souffre donc d'un déficit de légitimité lié aux principes d'excellence artisanale qui gouvernent la production, d'un point de vue tant économique qu'esthétique. [...]
[...] III) L'acte de naissance de la nouvelle vague : une rupture définitive dans l'histoire du cinéma 1959-1960 : le choc médiatique Le fait que Les 400 coups et A bout de souffle aient constitué deux remises en cause symboliques de l'ordre cinématographique établi ne suffit pas à expliquer qu'ils aient marqué une rupture fondamentale dans l'histoire du cinéma. En effet, c'est l'ampleur de leur succès commercial, critique et médiatique qui a fait rentrer le cinéma français dans un nouvel âge. [...]
[...] Ce thème de la jeunesse est omniprésent dans les médias français de la fin des années 1950, et Les 400 coups comme A bout de souffle répondent à cette préoccupation en représentant des jeunes gens modernes évoluant dans leur univers familier[24]. Une Vague internationale La Nouvelle Vague est donc née autour de 1959-1960, avec le succès commercial et l'engouement médiatique suscités par les premiers films de Truffaut et Godard ; ils ont ouvert une brèche dans le système de production traditionnel, dans laquelle se sont engouffrés non seulement les autres Jeunes Turcs des Cahiers mais aussi de nombreux autres réalisateurs débutants. [...]
[...] BONNELL René, Le cinéma exploité, Paris, Ramsay p.173. CRETON Laurent, op.cit, p.251. MARY Philippe, op.cit, pp.22-33. Ibid., pp.53-54 MARY Philippe, op.cit, p.41. DE BAECQUE Antoine, La Nouvelle Vague. Portrait d'une jeunesse, Paris, Flammarion p.31. Ibid. [...]
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