Longtemps, on a qualifié les journalistes et les médias de « quatrième pouvoir », avec l'idée qu'ils pouvaient contrebalancer les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, et servir de recours aux citoyens. Aujourd'hui, avec la tendance à la concentration et au regroupement des entreprises médiatiques qui accaparent les médias classiques, et avec la mise en évidence de conflits d'intérêts entre politiques, industriels et « communicants », on remet progressivement en cause cette idée de « quatrième pouvoir ».
La question même de notre sujet en est la preuve : Les journalistes ont-ils encore du pouvoir ? Sous-entendu, on peut penser aujourd'hui que leur pouvoir est sérieusement remis en cause, la question est donc qu'en est-il de leur influence réelle sur le monde et plus précisément sur les citoyens à l'heure actuelle ?
[...] Cette importance de l'environnement se voit dans une étude de 1944 menée à Eriée au cours d'une campagne électorale, relatée dans The People's Choice La conclusion de cette étude était que voter est fondamentalement une expérience de groupe ( Les gens qui travaillent ou vivent ou se distraient ensemble sont enclins à voter pour les mêmes candidats. Les groupes joueraient donc le rôle de médiateurs entre les individus et les médias. La théorie du two-step-flow of communication dévelopée par Lazarsfeld et Elihu Katz consiste à estimer que certaines personnes d'un groupe sont des leaders d'opinion et sont relativement plus exposés aux médias que ls autres. [...]
[...] En fait, le pouvoir des journalistes est surtout remis en cause par cet auteur (journaliste lui-même) quand il fait allusion à leur subordination à l'argent. En fait, il dénonce le fait que les médias, sensés produire une information libre et indépendante, ne soient soumis aux logiques capitalistes de l'argent. En effet, ce sont de grandes entreprises cotées en bourse qui sont propriétaires des grands médias nationaux ( ex TF1= groupe Bouygues, Canal + = groupe Vivendi, M6 et RTL= groupe Bertelsmann, etc. [...]
[...] L'augmentation très forte des moyens d'information et des canaux de diffusion est un autre de ces phénomènes ( + de journalistes, + de thématiques abordées par ces moyens d'information, + de positions contradictoires (en théorie bien sûr) donc moins d' audience pour un seul média. Or, selon Robert E. Park, journaliste et sociologue qui a écrit en 1923 une Histoire naturelle de la presse, la puissance de la presse correspond grosso modo à la taille de son lectorat. En théorie donc, cette concurrence grandissante des journalistes entre eux entraîne un amenuisement du poids des journalistes : le citoyen peut bcp plus facilement critiquer une information en s'appuyant sur d'autres moyens d'information qui la diffuse. [...]
[...] Un pouvoir limité par la subordination des journalistes C'est la thèse avancée par Serge Halimi dans son ouvrage les nouveaux chiens de garde. Halimi remet en cause le pouvoir du journaliste en tant qu'individu à plusieurs titres : d'abord par ce qu'il dénonce comme un milieu de connivence (la connivence entre les élites les empêcherait, selon lui, d'avoir un véritable angle d'attaque original (leur indépendance et leur originalité seraient remises en cause selon Halimi par leur appartenance au moule des journalistes, ils appartiendraient à un cadre, un milieu d'élite dont ils ne sortiraient quasiment jamais. [...]
[...] Il est indéniable que, dans les démocraties, l'information est très libre ( le pouvoir ne peut logiquement pas exercer une pression sur cette information en la censurant comme il peut le faire dans les régimes non démocratiques. Les journalistes, en défendant tel ou tel candidat, en mettant l'accent sur telle ou telle action politique, etc. permettent aux citoyens d'avoir toutes les cartes en main pour se forger une opinion (politique ou non), ils empêchent que l'information soit unique, uniforme et formatée par le pouvoir dirigeant. [...]
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