Le principe de ce mémoire, est avant tout de montrer le difficile travail de la collecte des informations d'un événement tel que celui d'un génocide, mais aussi de leur organisation et de leur traitement dans leur retransmission sur un plan national et/ou international.
Nous montrerons par ailleurs qu'en l'absence de sources, sur le terrain où se passent les événements, les médias sont totalement neutralisés et handicapés dans leur travail de médiateur et ne peuvent délivrer une information claire et pertinente.
En outre, mais l'objet de ce mémoire de recherche n'étant pas de faire le procès des médias français de 1994, nous montrerons à quel point, certainement faute de données, et aussi certainement à cause d'une idéologie préconçue sur l'Afrique, que les médias se sont cantonnés à voir, et à décrire, en cet horrible événement du 20ème siècle, qu'un conflit interethnique, ce que l'histoire, après coup, a démenti.
Par ailleurs, le mémoire aura aussi pour but essentiel de mettre en avant le désintéressement médiatique manifeste d'un des plus terribles faits historiques du 20ème siècle après celui de la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, nous tenterons de montrer à quel point le travail des médias peut être compliqué lorsqu'il s'agit d'être dépendant, dans l'obtention d'informations et de données, des institutions qui manquent de transparence, ce qui est le jeu, bien évidemment, des politiques de ne pas tout dire. C'est donc bien l'objet des médias d'interpréter et de commenter certains silences ; et comme le dit Dominique Wolton, le rôle des médias est de critiquer, commenter, en somme de jouer un rôle de contre-pouvoir, mais sans pour autant s'ériger en quatrième pouvoir. Pour cela, nous nous attacherons, dans un souci de cohérence, à montrer que la venue de Bernard Kouchner et du Président de la République Nicolas Sarkozy dans la capitale rwandaise, Kigali pour tenter de renouer les contacts diplomatiques entre la France et le Rwanda, cache en réalité, à l'ensemble des médias, un véritable calcul politique. Ainsi, nous émettrons les hypothèses suivantes, à savoir que la France cherche en réalité à sauver sa main mise culturelle, politique et économique dans les pays francophones (la françafrique), ces derniers fortement séduits par la culture anglo-saxone mais aussi par l'économie chinoise qui tend à s'imposer de plus en plus sur le continent.
« Un génocide est une entreprise inhumaine imaginée par des humains trop folle et trop méthodique pour être comprise » (...)
[...] C'est en ces termes que c'est exprimé le président rwandais. Mais quels sont les facteurs qui ont permis un telle réconciliation diplomatique ? La France a donc fait des concessions notamment d'un point de vue politico- judiciaire en annonçant son souhait de créer un pôle génocide qui centralisera, à Paris, toutes les affaires de génocide et de crimes contre l'humanité. C'est aussi par cet organe que seraient jugé les réfugiés rwandais poursuivis par Kigali, il y aurait en tout et pour tout un prêtre, un ancien préfet, ainsi que des médecins, tous soupçonnés d'avoir joué des rôles d'instigateurs dans les massacres, qui rappelons-le ont fait environ morts ; cet organe a été créé par Michèle Alliot-Marie : Le traitement judiciaire du génocide et du crime contre l'humanité connaît des difficultés analogues à celles du crime organisé : dispersion des informations et des compétences, nécessité d'une expertise de haut niveau face à des contentieux de grande technicité. [...]
[...] Cependant, bien avant l'apparition du journal polémique Kangura, existait déjà depuis 1987 le quotidien Kanguka qui signifiait Réveillez- vous ! Ce journal était assez critique à l'égard du régime d'Habyarimana et contrairement à son successeur Kangura, ce journal portait davantage l'attention des lecteurs sur les problèmes économiques que sur les problèmes ethniques comme facteurs d'instabilité dans le pays. Cependant, en 1990, la femme du président, Agathe Habyarimana décide de mettre en place un journal concurrent : ce sera la naissance du journal Kangura Réveillez-le ! [...]
[...] La vraie raison est que ce petit pays d'Afrique noir, qui traversait sa plus terrible crise, n'intéressait guère. En effet, la guerre en Yougoslavie (1990-1994) intéressait davantage à ce moment là, il s'agissait de l'Europe ; il s'agissait d'un pays frontalier à de grandes puissances telles que la France ou l'Angleterre. De même, comme si le Rwanda était malchanceux, les médias qui lui ont tourné le dos, ce sont amassés à couvrir le grand fait divers du moment : celui d'Orenthal James Simpson le sportif américain accusé à cette époque[9] de meurtre. [...]
[...] Un traitement médiatique complexe. De prime abord, le génocide rwandais est un événement extrêmement complexe pour lequel les médias ont eu beaucoup de mal à rendre compte. Couvrir médiatiquement le génocide n'était pas une mince affaire ; c'était même mission impossible puisque tous les étrangers - ce qui comprenaient évidemment les journalistes aussi - avaient été évacués à partir du 12 avril 1994. Ironie du sort, c'est exactement à partir de ce début de mois d'avril que le génocide a véritablement commencé, au moment donc où personne de l' extérieur n'était présent pendant la période la plus cruciale. [...]
[...] Les médias se sont donc, pour la plupart, restreints à avoir une approche très mince et simpliste du problème rwandais. Le journal Libération du 4 octobre 1994 affirmait, comme les autres quotidiens d'ailleurs, que le Rwanda était déstabilisé par une guerre ethnique et tribale comme le journal Le Monde, deux journaux pourtant différents dans leur ligne éditoriale. Libération, Le Figaro, Le Monde n'avaient rien de différents les uns par rapports aux autres pendant ce génocide, puisque tous s'intéressaient à évoquer le côté tribal du conflit. [...]
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