En 2006, l'Europe commémorait un triste anniversaire. En effet, vingt ans auparavant, un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl succomba à une explosion qui provoqua un véritable chaos dans la région. Pour la presse, cet anniversaire fut l'occasion de revenir sur cet évènement polémique, véritable bombe à retardement, qui a bouleversé l'Europe entière... Depuis une soixantaine d'années, l'Homme s'est aperçu des avantages de cette énergie qui lui est devenue indispensable. Ceci explique alors l'apparition de nombreuses centrales dans les pays industrialisés. Cependant, cette énergie novatrice, qui apparaissait comme une solution au problème des énergies non renouvelables, comme le pétrole ou le charbon, a rapidement révélé sa dangerosité avec l'écho rencontré par l'accident de Tchernobyl.
Cette petite ville est située en Ukraine, à 160 km de Kiev, à 600 km de Moscou, et à 2000 km de Paris. La centrale a été construite à proximité de zones peuplées qu'elle devait fournir en électricité. En avril 1986, 110.000 personnes y vivaient dans un rayon de trente kilomètres. L'accident de Tchernobyl n'est pas survenu lors du fonctionnement normal de la centrale. C'est en poursuivant obstinément un essai électrique mal préparé, destiné paradoxalement à améliorer la sûreté du réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl, que des opérateurs ont conduit ce dernier dans une situation progressivement irréversible qui a débouché sur un accident grave. Le samedi 26 avril 1986, un peu après 1 h du matin, une explosion thermique survient pendant les essais du réacteur nucléaire du 4ème bloc énergétique. Rappelons qu'il ne s'agit pas d'une explosion nucléaire, comme celle d'une bombe atomique, mais d'une explosion d'hydrogène, dont le caractère catastrophique vient de ce qu'elle disperse dans l'atmosphère des substances radioactives.
Le réacteur détruit libère des doses mortelles d'aérosols radioactifs. Le responsable de l'équipe de nuit pense que le réservoir de secours du système de commande de la protection a explosé, et que le réacteur est intact. Cette hypothèse présente un avantage, elle est la seule qui innocente l'équipe. Ainsi, Tchernobyl a commencé par une formidable rétention d'information : pendant un jour et demi un réacteur nucléaire a brûlé à ciel ouvert dans le silence le plus total. L'effet « bombe à retardement » de la nouvelle en a été d'autant plus marqué. La centrale nucléaire, la ville de Prypiat, et le territoire dans un périmètre de 30 kilomètres, subissent alors une pollution radioactive importante. Peu à peu, le nuage radioactif touche tout l'hémisphère nord (Europe, Atlantique, Canada, USA, Chine, Japon). Il s'est écoulé trois jours avant que les citoyens soviétiques aient eu connaissance des événements qui s'étaient produits chez eux, et que les autres pays en soient officiellement informés. Certains en ont conclu que les autorités soviétiques avaient d'abord espéré garder le secret, et que si des nuages radioactifs n'étaient pas arrivés au-dessus de la Scandinavie, on n'aurait jamais su qu'il s'était passé quelque chose en Ukraine.
[...] Aucune dépêche d'agence, le lundi 28, ne parle de catastrophe mais seulement d'accident. Pourtant, ce concept s'est imposé en quelques heures : parti d'une dépêche soviétique mentionnant les termes d'« accidents et de victimes il s'est appuyé sur le fait que, le mardi soir, Moscou ait demandé à la RFA et à la Suède une aide technologique pour éteindre le feu de graphite du réacteur, donnant ainsi la preuve de leur absence de maîtrise du processus. Sur 13 quotidiens datés du 29 avril parlent encore d'accident. [...]
[...] Pour finir, le dernier article est accompagné d'une bande dessinée (humour noir) qui met en relation les deux faits d'actualités : la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et la fête du Travail du 1er mai 1er mai radio-actif. C'est le bouquet ! en référence au muguet. Par ailleurs, le Libération du 1er mai 1986 est assez bien illustré, tous les genres y sont présents : un schéma explicatif d'une coupe d'une centrale nucléaire en pied de page une photo de la centrale nucléaire de Tchernobyl à la fonction illustrative au centre de la page une carte géographique des centrales nucléaires en U.R.S.S. [...]
[...] Tchernobyl : entre catastrophisme et sensationnel La presse et ses titres sensationnels Le Libération titre le 1er mai : URSS : help ? Quant au Figaro titre en une spectaculaire première page : S.O.S de Moscou Il choisit un autre type de ligne brisée, non plus d'un jour à l'autre, mais dans une même édition. Dans Le Figaro du 2 mai, en encadré, des informations complémentaires appellent des articles en pages intérieures qui viennent se contredire selon qu'ils sont rédigés par un éditorialiste, un journaliste depuis Paris, ou le correspondant à Moscou. [...]
[...] Dans cet article, nous ne pouvons pas vérifier la règle de Quintilien entièrement : qui ? Les soviétiques, quoi ? Une catastrophe nucléaire suivie d'un feu de graphite, où ? En Ukraine près de Kiev, mais en ce qui concerne les conditions et les causes, les journalistes sont contraints de faire des hypothèses. A la suite de cet article, un feuillet en pied de page explique justement le fonctionnement de la centrale nucléaire de Tchernobyl, ainsi que les raisons plausibles de l'incident. [...]
[...] L'information dans ce domaine n'est nullement secrète. Enfin, il faut garder son sens critique lorsque survient une grave affaire comme celle de Tchernobyl. IV/L'après-Tchernobyl et la presse : entre recherche de vérité et prise de conscience Les mesures prises en faveur des populations Si la presse a mis au courant les populations du nuage radioactif, conséquence de la catastrophe de Tchernobyl, et de son déplacement au- dessus de l'Europe, nous pouvons aussi affirmer que le continent européen a été submergé par une vague émotionnelle totalement démesurée à la réalité du danger. [...]
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