Lors de l'été 2003, une vague de chaleur toucha l'Europe en Juin et continua jusqu'à la mi-Août avec des températures moyennes de plusieurs degrés au-dessus des moyennes saisonnières.
Les Français ont découvert les effets dévastateurs de la canicule qui a surtout frappé les personnes les plus fragiles : malades, handicapés et personnes âgées. La France est le pays le plus durement touché, avec un triste bilan de plus de 15 000 morts. On sait que 40% de ces victimes sont décédées chez elle ou sur la voie publique mais ces chiffres ont été révélés bien plus tard. Pourtant, les pompiers disposaient en temps réel de données décrivant l'ampleur de la catastrophe, informations qui n'ont pas été utilisées.
Touchant un enjeu pourtant particulièrement sensible autant pour les individus que pour les autorités publiques et qui constitue, qui plus est, "une valeur médiatique sûre" : la santé ; les fortes chaleurs n'ont pas été perçues immédiatement par le pouvoir politique comme pouvant être si dangereuses pour la population.
Comment une catastrophe sanitaire de cette ampleur a-t-elle pu se produire dans un pays disposant d'hôpitaux, de maisons de retraites, et d'un système d'alerte et de veille sanitaire (INVS)?
Aucun des acteurs de cette crise n'a pris conscience de la catastrophe sanitaire qui se jouait : ni les préfets, ni les directions régionales et départementales de l'action sanitaire et sociale, ni les agences régionales de l'hospitalisation, ni les maisons de retraite (qui constataient cependant une augmentation de quelques décès), ni les services d'aide à domicile, ni les médecins libéraux, présents mais peu sollicités, ni les élus... n'ont perçu ou transmis, au niveau central, des informations susceptibles de déclencher l'alerte.
Concernant la crise sanitaire engendrée par la canicule de l'été 2003, sa gestion et ses conséquences politiques, il s'agira donc de s'intéresser non seulement au déroulement précis de la crise mais aussi aux divers acteurs en présence, en fonction notamment de leurs positions et de leurs ressources, mais aussi à la grande diversité des espaces sociaux dans lesquels ces activités se déploient.
[...] L'état de crise est par exemple décrété par l'Etat Et comme c'est de lui que viennent les décisions, et que ces décisions sont liées à la crise, de fait c'est l'Etat qui a la clé de la communication. Car dans l'esprit de beaucoup, l'Etat sait tout, et l'on se demande seulement s'il dit tout. En France, la gestion des crises sanitaires est confiée à l'Etat. En effet, seul l'Etat peut garantir une totale indépendance (notamment financière) pour gérer une crise. Lui seul possède aussi la capacité de surveiller tout le territoire de manière constante grâce aux hôpitaux. [...]
[...] L'InVS a la charge d'avertir le ministère chargé de la santé. Dans les départements concernés, c'est alors le préfet qui déclenche le plan départemental de gestion d'une canicule et prend les mesures adaptées dans ce cadre. La mise en place d'un plan canicule qui comprend plusieurs volets Le premier se concentre sur la prévention des risques liés à la canicule et sur les actions de communication qui seront tout particulièrement menées vis-à-vis des personnes âgées avant l'été. Pour repérer les personnes à risques et disposer des moyens pour les contacter, les préfets devront fusionner les listes existantes de personnes vulnérables (elles rassemblent des individus signalés en fonction de leur âge, de leur santé, de leur incapacité juridique, de leur situation financière, de leur situation familiale ou encore de leur isolement, sans que ce soit exhaustif). [...]
[...] Le cabinet demande d'étendre le communiqué à l'impact sanitaire de la chaleur. - la préfecture de police reçoit le relevé quotidien du nombre d'interventions des pompiers de Paris : +180%. - Jeudi 7 Août : Le service d'accueil des urgences de l'hôpital Saint Joseph prévient la DDASS 75 de la survenue d'un cas de décès par coup de chaleur d'un homme d'âge moyen au retour de son travail. La DDASS le signale au bureau des alertes de la DGS. - Le Dr Patrick Pelloux, (président de l'association des médecins urgentistes de France), signale par téléphone à un conseiller technique de la DHOS un encombrement des urgences et le manque de lits à Saint Antoine et dans d'autres hôpitaux de l'AP-HP. [...]
[...] On rappellera ainsi que le lundi 11 août, le ministère de la santé et la Direction générale de la santé émettent un communiqué niant purement et simplement l'existence d'une crise sanitaire : n'existe pas d'engorgement massif des urgences. Les difficultés rencontrées sont comparables aux années antérieures, en dehors de cas ponctuels de certains établissements, et d'un ou deux départements d'Ile-de-France». Le 12 Août, M. Mattei affirmera que la situation est maîtrisée Le ministre de la santé continuera jusqu'au 13 Août à dédramatiser les conséquences de la canicule, en répétant que n'est pas une catastrophe sanitaire Il est évident que la communication fut tardive et complètement inadaptée. [...]
[...] Jacques Chirac est resté pendant trois semaines au Canada sans se manifester d'aucune façon et sans qu'aucun journaliste interrogé ne puisse expliquer son silence : La dédramatisation du problème L'anticipation des risques conditionne bien souvent la manière de les éviter. Or, le système Français de veille et d'alerte sanitaire s'est révélé inefficace face à la canicule. Comme l'a souligné la mission conduite par le docteur Françoise Lalande : l'absence d'anticipation, le caractère très imparfait des systèmes d'information, de veille et d'alerte, le cloisonnement des administrations et des structures n'ont pas facilité la compréhension de l'ampleur du phénomène La santé est devenue un sujet sous haute surveillance médiatique. [...]
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