On assiste aujourd'hui à une révolution du système d'information à cause de l'avènement du numérique et du multimédia, ceci entraînant un bouleversement des schémas de communication. Les grands groupes économiques dominent le secteur : l'Internet et les journaux sont de moins en moins indépendants. Ce contexte bouleverse la théorie de Montesquieu sur les trois pouvoirs traditionnels que sont l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Car aujourd'hui selon Ignacio Ramonet les trois pouvoirs dominants sont, par ordre décroissant, l'économie, les médias et le politique.
On en arrive à se demander si une nouvelle police de la pensée, une nouvelle censure ne sont pas en train de naître…
Aujourd'hui l'information a perdu son noble statut, c'est devenu une marchandise que l'on doit pouvoir vendre dans le monde entier. Les « psychodrames planétaires » tels que la mort de Diana ou l'affaire Lewinsky témoignent de tendance.
Le « news business », le marché de l'information, est maintenant un moyen juteux de faire du profit. Dans ce monde de requins, le journalisme est en train de s'éloigner de son but initial : ce n'est plus du journalisme d'investigation mais du journalisme de révélation.
« Autrefois la véracité d'une nouvelle représentait sa plus grande valeur. De nos jours, le rédacteur en chef ou le directeur d'un journal ne demandent plus qu'une information soit vraie, mais qu'elle soit intéressante… D'un point de vue éthique, c'est un changement considérable. »
L'information est soumise aux lois du marché : le « show-business » de l'information encourage les faux reportages, le colportage de rumeurs et la chasse au scoop. « Ce qui est important pour ce nouveau journalisme, c'est que le scénario fonctionne, et non pas qu'il se plie à la vérité. »
[...] Pour avoir de la valeur, celle-ci doit être de l'information-délation-spectacle. Une certaine rhétorique du visuel est élaborée et tout ce qui est diffusé à la télévision doit s'y plier. Aucune image n'est innocente affirme André Gazut, journaliste et producteur du magazine Temps Présent pour la télévision suisse romande. Selon lui, chaque image, en particulier celles relatives aux hommes politiques, est étudiée de façon précise afin de produire les effets voulus sur les téléspectateurs. Parallèlement à ce phénomène, les images de synthèse se développent, créant d'infinies possibilités. [...]
[...] Les paradigmes du progrès et de la cohésion sociale sont abandonnés et remplacés par ceux de la communication et du marché. La surinformation amène la désinformation : le citoyen est agressé par des millions d'informations contenant peu de valeur mais qui le passionnent et l'empêchent d'avoir une attitude critique. On assiste bel et bien au développement d'une société de l'information globale, créant une immense toile d'araignée favorisant l'inter- connectivité. Quand on sait que le secteur des technologies d'information constitue aujourd'hui le 2ème employeur aux Etats-Unis, après le secteur médical mais avant celui de l'automobile, on ne peut plus nier qu'il s'agit d'une vraie guerre économique qui se déroule aujourd'hui, visant le contrôle des organismes d'information-communication. [...]
[...] Elle remplit de moins en moins sa fonction civique. A l'extrême, on peut dire que la réalité est remplacée par sa mise en scène. De plus, avec les techniques numériques et le multimédia, tout devient possible : les trucages, les manipulations envahissent insidieusement notre quotidien Les explications de ces phénomènes Selon Ramonet, ce tournant date de l'après-guerre du Vietnam où les nouvelles lois imposées aux journaux télévisés bouleversent le rapport à la réalité et à la vérité. Les gouvernements imposent certaines limites dans la liberté de montrer. [...]
[...] Les monopoles nationaux s'effondrent. A présent, la survie des entreprises dans le marché planétaire dépend de leur taille et de leur diversification dans tous les secteurs de la communication. L'enjeu économique est de taille : plus de 100 milliards de minutes de communication sont à présent échangées chaque année à travers le monde Dangers et solutions ? Conscient de cette évolution, Ramonet affirme qu'une sorte de nouvelle censure est en train d'apparaître : celle-ci ne serait plus fondée sur l'interdiction mais sur la surabondance d'informations qui distrait de l'essentiel : la machine communique, elle n'informe pas C'est ce que Ramonet appelle l'effet paravent ou l'invisible censure Au cœur de ce système, le citoyen a tendance à rester passif devant les médias car s'informer réellement de façon critique est une tâche fatigante. [...]
[...] Umberto Eco divise l'histoire de la télévision en deux : avant les années 80 il parle de la télévision-podium où il fallait être une personne célèbre et extraordinaire pour espérer se retrouver de l'autre côté de l'écran. La deuxième phase, la néo-télévision, est friande de monsieur-tout-le-monde. C'est la télé-miroir, qui permet à vous et moi de participer à un jeu sado- masochiste pour gagner des millions, d'étaler sa vie privée devant des millions de personnes Nous sommes tous plongés au cœur de la surinformation et de l'hyper émotion. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture