Un des Suppléments Illustrés du Petit Journal, Apache, criminalité juvénile, presse, France, Paris
« On ne parle que d'apaches », voici ce qu'on peut lire dans l'édition du 12 janvier 1910 du journal Le matin. Une phrase courte, mais qui révèle l'engouement de la presse pour cette nouvelle grande figure du criminel du début du siècle.
Le Petit Journal, qui tient son nom de son format, est fondé en 1863. Il se veut un journal populaire, écrit de manière simple afin d'être accessible au plus grand nombre, à l'époque même où l'alphabétisation est en pleine progression. Son prix, fixé à 5 centimes, le rend abordable à l'ensemble des classes sociales et lui permet une large diffusion; en 1900, il est le premier quotidien de France. Le petit Journal est distribué le soir après avoir été imprimé la journée où les coûts d'impression sont moindres. Ce faible prix est également rendu possible par les progrès techniques dans le domaine de l'imprimerie, notamment grâce à l'invention de la rotative qui permet une impression bien plus rapide. Les améliorations de la lithographie permettent également l'apparition d'illustrations en couleur dans la presse . Cette innovation apparaît dans les Suppléments Illustrés du Petit Journal qui paraissent quotidiennement chaque dimanche depuis 1884, en plus de l'édition du Petit Journal, et dont le prix est également de 5 centimes. Les numéros du Supplément Illustrés se présentent tous sous la même forme: une illustration en couleur, qui traite du sujet abordé, un titre et une phrase qui résume le phénomène constaté. Le tirage du Supplément Illustré finit par atteindre le million d'exemplaires en 1895. Tout comme le Petit Journal lui-même, nombre de Suppléments Illustrés prennent comme sujet l'augmentation de la criminalité en France, si bien que les numéros consacrés à ce même sujet se succèdent rapidement. Ainsi, le n°883 Supplément Illustré du Petit Journal, en date du 20 octobre 1907, propose un sujet sur l'apachisme, avec en Une le titre « L'apache est la plaie de Paris ». Un mois plus tard, le Supplément Illustré du 17 novembre s'intéresse à la criminalité juvénile. Tous deux s'accompagnent d' un article, dont on connait l'auteur du 1er: Ernest Laut.
[...] Tout comme le Petit Journal lui-même, nombre de Suppléments Illustrés prennent comme sujet l'augmentation de la criminalité en France, si bien que les numéros consacrés à ce même sujet se succèdent rapidement. Ainsi, le n°883 Supplément Illustré du Petit Journal, en date du 20 octobre 1907, propose un sujet sur l'apachisme, avec en Une le titre « L'apache est la plaie de Paris ». Un mois plus tard, le Supplément Illustré du 17 novembre s'intéresse à la criminalité juvénile. Tous deux s'accompagnent un article, dont on connait l'auteur du 1er: Ernest Laut. [...]
[...] L'origine de la qualification des délinquants de Paris en tant qu' « apache » fait débat. Certains attribue cette paternité à Paul Matter, un chroniqueur de la Revue politique et littéraire, d'autres journalistes Victor Morris ou bien Arthur Dupin, voire au secrétaire du commissaire de Belleville. Dominique Kalifa, dans son livre Crime et culture, au XIXe siècle, évoque un rapprochement entre l'exotisme indien et la criminalité parisienne, deux mondes qui semblent s'opposer mais qui d'après lui se rejoignent. Il y a en effet fin XIXe début XXe un intérêt porté sur l'exotisme et les études ethnologiques de certaines tribus indiennes , dont les apaches. [...]
[...] Conclusion: Ces Suppléments Illustrés sont quelques exemples de nombreux numéros qui seront consacrés en 1907 au même sujet, tout comme le Journal Le Matin ou l'aurore. Ils montrent comment la presse de l'époque s'empare du thème de la criminalité juvénile et des apaches en jouant sur des plans: elle contribue d'abord à renforcer la peur de la population quant à cette « jeunesse criminelle » qu'elle montre de plus en plus croissante, angoissante car « embusquée » à chaque coin de rue et agissant en tout impunité. [...]
[...] En plus de la littérature, la presse, seul média de masse à l'époque, profite de cet emballement pour ce nouveau criminel en couvrant abondamment les nombre de crimes commis par ces voyous, renforçant par là même le sentiment d'insécurité générale. En quoi ces deux Une du Supplément Illustré du Petit Journal sont-elles représentatives à la fois de l'inquiétude et de l'exploitation médiatique suscitées par la problématique de l'augmentation de la criminalité juvénile, incarnée par les Apaches ? Nous nous intéressons dans un premier temps à la manière dont se dépeint ici les apaches. [...]
[...] Dans le Supplément Illustré du 20 octobre,d'emblée est fait le parallèle entre effectifs de criminels et d'agents de la force publique: « Près de rôdeurs cintre sergents de ville ». L'article de l'époque fait plus précisément état de « agents pour Paris par la banlieue et un millier à peine d'inspecteurs en bourgeois pour les services dits de sûreté » contre une population « dont l'ensemble – Paris et banlieue – atteint, le chiffre énorme de 4 millions d'habitants ». [...]
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