Dans La Parole confisquée. Un genre télévisuel : le talk show, Patrick Charaudeau et Rodolphe Ghiglione démontrent comment ce nouveau genre télévisuel est le signe d'une dérive mystificatrice : la télévision s'attribuant le rôle d'intervenant capable de traiter l'ensemble des désordres sociaux, psychologiques ou politiques. Ils démontent les mécanismes de l'information « spectacularisée » et dénoncent la télécratie comme mythe de la démocratie directe.
Les auteurs posent le problème central d'une télévision qui « devient l'instrument d'un pouvoir multiforme et s'insinue dans les absences (de solutions et de propositions) laissées par la société globale aux prises avec ses propres complexités ».
Ils présentent trois grandes parties : Du débat télévisé au talk-show - Le talk-show: un mythe de la parole libre - Trois talk shows (à la française, à la catalane et à l'italienne), trois cultures, trois réalisations d'un mythe.
[...] Cette réalité offerte est un hologramme et la possession du monde renvoie chacun à une solitude fondamentalement frustrée Mais ce simulacre-là n'est qu'un cas limite d'un principe médiatique qui se trouve mis en oeuvre de bien d'autres manières. Et pas seulement à la télévision. Le discours médiatique, dans son ensemble, participe du simulacre et convie inlassablement à un immense bavardage sans véritable objet ni enjeu. Si les auteurs tendent à saisir les caractéristiques des débats télévisés, et notamment des talk shows, ils s'intéressent également au reality show. Ce dernier, s'il joue comme les talk shows sur l'identificatoire, n'assume pas les mêmes rôles. Il vient combler un manque lié au rêves, aux détresses, aux problèmes des individus. [...]
[...] REGAYA et P. SORLIN, Télévisions. La vérité à construire, L'Harmattan, coll. Champs Visuels, Paris Cités dans l'article de A. Zemouri Paroles d'hommes Télé Obs, avril 1995. Cités dans l'article de A. Zemouri Paroles d'hommes Télé Obs, avril 1995. Béatrice FLEURY-VILATTE, Télévision et mémoire sociale in D. COURBET et M.-P. [...]
[...] Les membres d'une communauté ne peuvent se contenter de vivre des pratiques qui, par les échanges qu'elles réalisent, donnent aux individus une identité de groupe. Ces mêmes individus ressentent un besoin de commenter ces pratiques, de les expliquer, de les évaluer, de les critiquer pour leur donner un sens. Dès lors, est produite une parole qui construit des représentations de ces pratiques en les configurant sous forme de discours. Les auteurs montrent alors, comment, par l'interaction permanente entre pratiques et représentations, se construit l'identité sociale. [...]
[...] Mais leurs analyses portent sur ce qu'ils veulent démontrer comme un genre télévisuel, le talk show, c'est-à-dire des émissions représentatives de la néo- télévision. Or, ils pensent le téléspectateur comme celui de la paléo- télévision. Cette télévision des années 80-90, a tendance à proposer des émissions qui mêlent les genres (information, enquêtes, variétés, culture), et les contenus thématiques (ceux de la vie privée avec ceux du domaine public, ceux de l'intime avec ceux du social), comme dans les talk shows ou les journaux télévisés. [...]
[...] Les auteurs font une analogie intéressante entre le talk show et le supermarché. Dans cet espace physique le client est apparemment libre de circuler, mais ses pas sont guidés par un jeu subtil de chemins implicites et ses regards par la disposition des produits dans les rayons. De même, dans l'espace discursif du talk show, les participants au débat sont apparemment libres de parler, mais leurs paroles sont guidées par une structure dramatique dont ils ne sont que les jouets et par un scénario dont ils ne sont que les instruments, ignorants du rôle qui leur était destiné. [...]
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