Les médias sont-ils sous influence ? de Patrick Eveno

Résumé du document

Agrégé et docteur en histoire, Patrick Eveno est maître de conférences à l'université de Paris I, Secrétaire général de la Société pour l'histoire des médias et co-rédacteur en chef de la revue Le Temps des médias.

Les idées reçues veulent que les médias soient seulement les voix de leurs maîtres : l'information serait donc influencée au niveau politique, financier et publicitaire, la manipulation des médias et le défaut d'information serviraient à tromper les Français.
Opinion qui mérite toutefois d'être nuancée, de nombreux facteurs entrant en jeu dans la transmission de l'information par les médias.

Il semblerait que la politique soit devenue un spectacle médiatique, auquel se prêtent volontiers les politiciens qui ont compris son mécanisme. Ainsi, N. Sarkozy maîtrise pleinement sa communication médiatique, grâce à une triple approche : proximité avec les principaux patrons des médias, séduction auprès des journalistes, expert à créer l'événement autour de sa personne.

Extraits

[...] Les médias sont-ils sous influence? de Patrick Eveno Agrégé et docteur en histoire, Patrick Eveno est maître de conférences à l'université de Paris Secrétaire général de la Société pour l'histoire des médias et co-rédacteur en chef de la revue Le Temps des médias. Introduction Les idées reçues veulent que les médias soient seulement les voix de leurs maîtres : l'information serait donc influencée au niveau politique, financier et publicitaire, la manipulation des médias et le défaut d'information serviraient à tromper les Français. [...]

[...] Mais quelques mois plus tard, la publicité revient. Le Nouvel Observateur en a également fait les frais en 2000, après avoir publié un article intitulé Arnault bogue sur le Net PDG de LVMH, Arnault a alors suspendu sa publicité incluse dans l'hebdomadaire des recettes), mais ce pendant un temps restreint, l'approche de Noël ne lui permettant pas de faire l'impasse sur la publicité dans Le Nouvel Observateur. Deux leçons sont à tirer de ces exemples : les budgets retirés des journaux ne représentent qu'une faible part des recettes publicitaires, et c'est de plus ignorer que les annonceurs ont autant besoin des journaux que ces derniers ont besoin de recettes publicitaires. [...]

[...] Politiques et médias approuvent le oui qui l'emportera de justesse, alors qu'une ratification massive était attendue. Les interrogations renaissent quant au fossé séparant les élites politico-médiatiques et le peuple. Certains iront même jusqu'à parler de divorce entre les deux entités quand le non revient en force pour l'adoption de la Constitution européenne. Mais dans les deux cas, peut-être que ce n'était pas l'Europe qui était en jeu, mais plutôt le désaveu du dirigeant de l'époque (Mitterrand et Chirac), le référendum servant alors à un plébiscite. [...]

[...] La France a d'ailleurs été condamnée plusieurs fois sur ce fondement. Pouvoir du public, nécessité du journalisme L'épuration du système médiatique à la Libération, puis le pouvoir exorbitant du président sous la République, ont renforcé les liaisons entre le politique et la sphère médiatique, au détriment de l'entreprise des médias. L'existence du journalisme est seulement justifiée par la reconnaissance du droit au public à l'information. Et cela doit entrer dans les moeurs françaises. Il faut des enquêtes fouillées, des reportages, des informations claires, vraies, complètes Sans lesquels il n'y aurait pas de vie démocratique, pas de résistance à la pression des pouvoirs politiques et financiers. [...]

[...] La seule société de ce type a longtemps été la Société des rédacteurs du Monde, depuis sa création dans les années 50. Il faudra attendre 1965 pour que soient créées quatre autres sociétés de journalistes : Figaro, Les Échos, Alsace, Ouest France. Ces sociétés sont généralement créées face à une situation de crise, le journal venant ou allant changer de propriétaire. Mais par la suite, ces sociétés ont commencé à demander à participer au capital même de l'entreprise de presse (pb : les journalistes n'en ont pas les moyens, et l'opération est irréalisable). [...]