Cet article parle des relations entre les journalistes et leurs sources. L'auteur revient sur ce qui s'est passé le 17 juin 2007 lors de la soirée des résultats du seconde tour des élections législatives. L'AFP officialisa par une dépêche la rupture entre Ségolène Royal et François Hollande, annonce commentée sur les plateaux de télévision. L'auteur nous dit qu'a priori ce scoop est un « joli coup professionnel » . Cependant, cette annonce surprenante donne aussi naissance à une virulente polémique où Mme Royal dénoncera publiquement le manquement à l'éthique professionnelle de la part de l'AFP. Elle attaque donc frontalement l'agence ce qui est plutôt rare, nous précise l'auteur. Cette controverse va permettre à l'auteur de traiter du sujet des difficultés rencontrées par les journalistes lorsqu'il s'agit de trouver la bonne distance avec leurs sources politiques. Il met l'accent sur les tensions auxquelles les journalistes sont confrontés. Il montre qu'ils doivent se plier à des exigences parfois contradictoires ; ce qui les amène parfois à commettre des fautes en ne respectant pas les règles. Il se sert donc dans sa démonstration du modèle de Cyril Lemieux qui oppose deux grandes façons de se montrer réaliste : « le réalisme politique tend à faire prévaloir la règle de l'anticipation des ruptures de coopération et celle de l'interprétation par l'intérêt de communiquer ; et le réalisme économique ou le respect de formats de production et de diffusion et le non dépassement par la concurrence. »
L'auteur va donc appuyer son raisonnement en prenant soin de détailler les étapes qui aboutissent à l'éclosion de ce scoop ce soir là. Et, à travers l'analyse de cet exemple, il va montrer l'importance de l'emploi des mots dans les dépêches de l'AFP. Il met en évidence le fait que les journalistes en font déjà une interprétation lorsqu'ils lisent en direct cette dépêche et montre que le respect des règles de bases du journalisme (les 5 W, who, what, when, where, why) est primordial. Certains reprochent dans cette affaire le manque de distanciation. L'auteur rappelle donc qu' « un journaliste doit se présenter au public comme un locuteur distinct de sa source ». Puis, l'auteur insiste dans son article sur la pression croissante du réalisme économique (la concurrence féroce et la « chasse aux nouvelles ») qui sont des raisons parmi d'autres qui amèneraient les journalistes à faire le choix de publier des scoops comme celui présenté dans cet article.
Dans une première partie, nous restituerons les faits qui entourent cette affaire en nous attachant à rendre compte du contexte dans lequel le « scoop » a éclaté. Puis dans une seconde partie, nous tenterons de mettre en perspective les thèmes évoqués dans cet article avec d'autres références.
[...] Nous allons désormais parler de la difficulté de prendre de la distance avec ses sources en confrontant cet article à d'autres références. II ) Mise en perspective de cet article La professionnalisation des sources Nous sommes conscients que désormais les sources ont un rôle actif et Érik Neveu dira même qu'il y a une professionnalisation des sources Les journalistes sont submergés d'information qui provient de leurs sources. Je me souviens que lorsque je travaillais dans le journal de ma ville, nous recevions tous les jours au moins un communiqué du service communication de la mairie (ville de 15000 habitants) pour rendre compte d'un point presse ou d'une information quelle qu'elle soit. [...]
[...] On peut être tenter de prendre parti pour Ségolène Royal qui voit dans la publication de cette dépêche une volonté de lui nuire de la part de l'AFP: l'AFP roule »-elle pour le président Sarkozy ? Une telle affirmation serait faire preuve d'un manque de distanciation. Pourtant, de nombreux internautes sont de cet avis et s'empressent de le dire sur la toile. L'auteur montre que les accusations de Royal envers l'AFP, comme quoi cette agence serait au service du pouvoir, ne sont pas fondées. D'ailleurs, cette accusation de Mme Royal peut être aisément renversée. [...]
[...] L'impartialité de l'AFP est donc remise en cause, ce qui ne tardera pas à faire réagir les syndicats de journalistes de l'AFP qui préciseront : en cette circonstance, comme en tout autre, à Paris comme à Bagdad ou à Gaza, les journalistes veillent à remplir leur mission d'information avec une objectivité sans faille, une impartialité scrupuleuse Pourquoi l'AFP décide-elle de lâcher l'information ? Il y a plusieurs raisons évoquées dans cet article qui vont pousser l'AFP à rendre publique cette information. L'AFP est vue comme une agence de presse élitiste. [...]
[...] (modèle des trois grammaires de Lemieux) Quand on est journaliste, on n'est pas l'ami de ses sources d'information. Thierry Mazure. Être journaliste, c'est porter plusieurs casquettes. C'est être collecteur d'information, producteur de textes, salarié d'une entreprise de presse, soumis à une hiérarchie et lorsqu'il est hors de la rédaction, c'est un associé rival comme pouvait le dire Tunstall, vis-à-vis de ses collègues de travail. Cyril Lemieux, dans son livre Mauvaise presse entreprend une analyse compréhensive des conditions et des difficultés du travail journalistique. [...]
[...] Une sociologie compréhensive du travail journalistique et de ses critiques, Paris, Métailié, mars 2000. Lagneau Eric, Le scoop de la rupture ou comment l'AFP et Ségolène Royal se sont disputées. Entre réalisme politique et économique : le difficile travail de distanciation des agenciers p21 Lagneau Eric, Le scoop de la rupture ou comment l'AFP et Ségolène Royal se sont disputées. Entre réalisme politique et économique : le difficile travail de distanciation des agenciers p22 Extrait tiré d'un chat sur Le Monde.fr présent dans cet article. [...]
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