Cet ouvrage paru en 2001 aux éditions du Nouveau Monde est le fruit des recherches menées par deux spécialistes : Marie-Eve Thérenty (qui est maître de conférence à Montpellier et spécialiste de la presse du XIXème siècle) et Alain Vaillant (professeur de littérature française, directeur du centre d'études romantiques et dix-neuvièmiste). D'autres chercheurs y ont contribué comme Marie-Françoise Melmoux-Montaubin ou encore Patrick Berthier. Le but que se fixaient les auteurs était ambitieux, comme Alain Vaillant l'explique dans sa préface, cette étude devait marquer le point de départ d'un nouveau domaine d'analyse : l'étude de la presse car effectivement celle-ci reste inconnue (analyse de l'écriture, des thèmes abordés, etc…). Malgré de nombreux points communs entre littérature et presse, comme nous l'étudierons par la suite. Il convient d'apporter une explication au titre, les auteurs soutiennent à travers leur recherche que 1836 fut une date butoir dans l'ouverture de la société française du XIXème siècle. Ce sujet fait débat chez les historiens. Car pour A. Vaillant et M.-E. Thérenty, l'ère médiatique, l'ère où des organes d'informations ou de communication commencèrent réellement à diffuser, informer, atteindre le maximum de personnes (appartenant à un même groupe en un temps réduit) s'ouvrit en 1836.
A travers notre étude pour expliciter et aller à l'essentiel des recherches d'Alain Vaillant et de Marie- Eve Thérenty nous nous demanderons en quoi la réussite de La Presse marque un certain renouveau dans le paysage de la France du XIXème siècle.
Pour y répondre nous envisagerons trois parties, nous verrons tout d'abord que ce périodique fut mené par un homme hors du commun portant avec lui des idées nouvelles, un progrès tout en restant un « money maker »( p.16) avant tout. Puis nous verrons les éléments modernes et archaïque qu'introduisait le quotidien et si ceux-ci ouvrirent une nouvelle ère médiatique. Et enfin nous étudierons les démarches littéraires des chercheurs, et la singularité de l'étude de presse.
[...] Dieu et le travail se touchent, lit-on dans La Presse le 19 août 1836 (p.155). Ceci malgré un immobilisme de la société à ce moment. Dans son journal Girardin louait le travail et l'instruction, visions nouvelles mais la typographie et certains éléments restent archaïques et dignes du premier XIX ème siècle. La relation au temps était tout à fait différente au XIX ème siècle, cet état de fait restait visible dans La Presse (traitement assez lent de l'information, lecture longue et linéaire par exemple). [...]
[...] La naissance de la presse moderne est donc symboliquement signée par la mort de l'un de ses adversaires les plus acharnés (à la page 39). Mais relativisons tout de même cette métaphore car le passage de relais entre vieille presse et nouvelle ne fut en aucun cas brutal comme nous pourrions le penser. En effet ce périodique avant tout politique marquait une rupture, un relatif renouveau par ses écrits, son prix abaissé de moitié des autres journaux. Mais comment Girardin a-t-il fait pour bouleverser la conception économique du quotidien ? [...]
[...] Pour conclure nous pouvons dire que l'étude de cet ouvrage fut enrichissante ; autant sur La Presse en elle-même qui fut choisie aux dires d'Alain Vaillant par coïncidence que du point de vue de la conjoncture de la société dans la première moitié du XIX ème siècle. Rappelons qu'à partir de 1836, La Presse connut un nouvel essor mais qui, nous l'aurons compris, reste à nuancer. D'autant que ce quotidien en lui-même éprouva des difficultés car il fut vendu par Girardin en 1839 et ce n'est qu'en 1845 qu'il déboucha sur des bénéfices et que les tirages décollèrent. [...]
[...] Le manque d'espace également typique de la presse sous la Monarchie de Juillet se faisait ressentir. Les auteurs nous signalent clairement, le journal n'avait pas le même but qu'aujourd'hui, la disposition en colonnes lues d'une traite en est la preuve. La relation avec l'imprimé n'avait rien à voir, comme nous le verrons dans notre dernière partie. La Presse était avant tout un journal politique, d'ailleurs le refus de positionnement clair joua en défaveur de Girardin (vu comme ministériel Le National, Le Journal des Débats divulguaient leurs idées à travers leurs articles. [...]
[...] Surtout qu'en 1836- 1837, les écrivains journalistes étaient avant tout des auteurs à l'éloquence travaillée. En effet A. Vaillant et M.-E. Thérenty ont trouvé quatre modalités discursives [ ] argumentative, dialogique, épistolaire, narrative (p.107). La Presse avait donc en son sein les caractéristiques de la littérature mais sous un autre format, dans des buts différents (informatif, organe de médiation, politique, économique, divertissement, etc.) Un nouveau paradigme d'écriture s'était mis en place. Un basculement complet des usages de la littérature s'était imposé dans un idéal tribunicien du journal tout en restant encré dans un fouillis indescriptible. [...]
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