François Mitterrand a déclaré dans une lettre aux Français : « Montesquieu pourrait se réjouir de ce qu'un 4ème pouvoir ait rejoint les trois autres et donné à sa théorie de la séparation des pouvoirs l'ultime hommage de notre siècle ».
Le concept de « quatrième pouvoir » renvoie à l'idée selon laquelle les médias (c'est-à-dire les moyens de transmettre l'information au public, qui rassemblent un certain nombre de techniques modernes comme la télévision, les journaux, Internet, la radio…) auraient une forte influence sur les affaires publiques et sur les comportements des citoyens. On parle de « 4ème » pouvoir, les trois premiers étant l'exécutif, le législatif et le judiciaire. D'origine anglaise, ce concept est né à la fin du XIIIème siècle face à l'influence des chroniqueurs parlementaires sur l'opinion publique et à la peur d'une information critique difficilement prévisible et éventuellement déstabilisante. En France, le débat autour de ce pouvoir est lancé avec la naissance de la liberté de la presse (par la loi du 29 juillet 1881). En effet, au cours de la construction et de la consolidation du régime républicain, la presse joue un rôle capital dans la vie de la nation, et ce non seulement dans la fonction de formation mais aussi et surtout de diffusion des opinions. Dans ce contexte, les théories sur la manipulation de l'opinion se développent et une question primordiale se pose : les journalistes sont-ils tout puissants? Les débats sur ce prétendu « 4ème pouvoir » vont perdurer durant tout le 20ème siècle, au rythme des affaires de diffamation, sans parler du poids de la propagande, pour prendre une ampleur toute particulière à partir des années 70-80. En effet, la généralisation de la télévision, puis l'apparition de nouveaux médias dans les années 90 (Internet) vont contribuer à accentuer les moyens d'actions médiatiques et vont donc renforcer l'interrogation relative au pouvoir des médias.
Aujourd'hui, face à l'essor des médias et plus précisément face à l'importance qu'ils prennent dans la vie politique (ils représentent en effet un lien essentiel entre hommes politiques et citoyens), il est légitime de s'interroger sur leur rôle. En effet, les médias sont-ils devenus, aux côtés des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, un 4ème pouvoir, c'est-à-dire sont-ils capables d'interférer dans le jeu politique de telle sorte à court-circuiter les 3 pouvoirs institutionnalisés, et ceci légitimement? En effet, l'interrogation porte sur la légitimité des médias plus que sur leur influence réelle sur les citoyens : il s'agit de se demander si l'on doit accorder un statut de plein droit aux médias en tant que condition au bon maintien de la démocratie (au même titre que les trois autres pouvoirs) ou bien si ceux-ci restent malgré leur influence sur la vie politique (qui reste néanmoins à déterminer), la 4ème roue du carrosse.
Ainsi, nous verrons dans un premier temps que, bien que les médias se distinguent des autres pouvoirs tant par leur statut que par leur utilisation, ceux-ci n'en ont pas moins une influence notoire dans la vie politique, ce qui semble conforter l'idée selon laquelle les médias seraient un 4ème pouvoir, ou dans tous les cas un contre-pouvoir puissant, protecteur de l'intérêt général. Cependant, il sera utile de s'interroger dans un second temps sur l'indépendance des médias tant que sur leur logique, autant de faiblesses qui semblent nuancer l'idée d'un pouvoir médiatique autonome et priver les médias du statut de garants du jeu démocratique.
Il est à noter que le sujet propose implicitement une analyse du rôle des médias au sein des démocraties pluralistes. En effet, la question du 4ème pouvoir ne se pose pas dans les dictatures ou régimes autoritaires et ceci pour la simple raison qu'on ne peut parler de 4ème pouvoir dans de tels régimes du fait qu'il n'existe en réalité qu'un seul pouvoir.
[...] On explique souvent la défaite ou la victoire d'un homme politique par sa campagne télé (ex de Giscard en 74 ; Chirac et son personnage sympathique aux Guignols de l'info en 95 Transition : On accuse la presse d'avoir joué, de par son influence sur la société civile et politique, un rôle néfaste ou déclencheur dans certains scandales politiques, tels l'assassinat en 1914 de Jaurès (probablement inspiré par les campagnes de presse nationalistes contre son pacifisme) ou le suicide de Pierre Bérégovoy en 1993, après la révélation d'un prêt par la presse. Ainsi, ces évènements, qui soutiennent l'idée d'une presse puissante, posent toutefois la question de ses éventuelles dérives. De même, il s'agit de s'interroger sur l'éventuelle instrumentalisation des médias, dissimulée par l'idée qu'ils seraient tout-puissants. II. Les médias, entre faiblesses et dérives : quelle garantie pour le jeu démocratique ? A. [...]
[...] En effet, rapport de force complexe entre des médias qui façonnent les esprits et se plient eux-mêmes aux attentes du public. *Possibilité d'une sanction du public par le biais de l'audimat mène à une perversion du jeu médiatique : logique commerciale. Les médias sont de plus en plus habités par la logique de concurrence ce qui dénature leur rôle d'origine et les éloigne du jeu démocratique. B. D'une logique contestataire et protectrice des droits de l'Homme à une logique commerciale 1. La question de la transparence menée à l'extrême par la course au profit. [...]
[...] Ainsi, si la transparence peut paraître conforme à l'idéal démocratique, elle comporte des limites propres au bon sens que les médias ignorent (recherche du scoop). *De plus, cette dérive devient dangereuse lorsqu'elle viole l'intimité d'autrui (affaire Lewinski). Danger de médias qui dépassent les limites du bon sens et de l'éthique. Dérive : de l'intérêt général au soucis du profit par l'intermédiaire du scoop. (Risque de l'amplification par la presse ; cf. AZF et le terrorisme en général, danger d'une certaine gestion par la presse) 2. [...]
[...] Sont-ils envers et contre tout garants de l'intérêt général ? Les enjeux financiers n'ont-ils pas pervertis, de même que les médias, la politique ? Bibliographie François Henri de Virieu, La médiacratie Pierre Bourdieu, L'emprise du journalisme actes de la recherche en sciences sociales, 101- Ouvrage collectif (Vitalis, Tétu, Palmer, Castagna), Médias, temporalités et démocraties Noam Chomsky et Edward S. [...]
[...] Ceci explique que les 1ers textes démocratiques aient consacré sa liberté (article XI de la DDHC, 1er amendement de la Constitution américaine). Ex : l'affaire Dreyfus avec Zola, affaire du Watergate, affaire Greenpeace *La sélection des sujets et donc des enjeux du moment contribue à favoriser l'intérêt des électeurs sur telle ou telle question et par la suite celui des politiques Symbolique inconsciente (matraquage, sélection de sujets . ) mise en scène par les médias peut être déterminante quant à la pratique politique. [...]
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