Le théâtre s'est profondément développé à partir du XVII° siècle. De la tragédie classique imposant certaines règles telles que la catharsis jusqu'au théâtre de l'absurde en passant par le drame bourgeois ou encore la comédie, la représentation de la violence, et plus particulièrement de la mort, a longtemps déchainé les passions et créé de nombreuses polémiques. C'est au XVIII° siècle, dans la cadre de la réflexion sur les arts, que l'on a vu s'engager les plus virulents débats : si des philosophes comme Diderot, d'Alembert ou encore Voltaire se positionnaient en faveur du théâtre, d'autres comme Rousseau s'y opposaient violemment. D'ailleurs selon lui ce type de spectacle « ne peut rien pour corriger les meurs, peut beaucoup pour les altérer ». Le théâtre contemporain est illustré par le théâtre de l'absurde et le théâtre d'idée et est concentré principalement sur la thématique de la condition humaine. Certains dramaturges du théâtre contemporain tels que Edward Bond souhaitent que toute la violence et particulièrement la mort doivent être montrées au spectateur. Une question se pose alors : Faut-il montrer la violence sur scène ?
[...] Il y a un plaisir particulier, qui est lié à l'intensité du spectacle : en nous frappant violemment, elle nous donne le sentiment de vivre plus intensément. Ce voyeurisme sanglant a connu des formes diverses telles que les jeux du cirque. Il au théâtre, des effets dont les dramaturges exploitent parfois toute la complexité. Car le spectacle violent suscite des passions contradictoires qui vont plus loin que le de la mimésis : elles ne suscitent pas seulement des réactions inattendues (le plaisir là où on attendrait le dégoût) mais des réactions si mêlées qu'elles deviennent une énigme pour celui qui les éprouve. [...]
[...] Le cinéaste Alfred Hitchcock l'a bien compris, il donc construit l'une des scènes de meurtre les plus célèbres du cinéma l'assassinat dans la douche de Psycho (1960) par un montage où l'on voit une succession d'images partielles : la vision floue de l'assassin, à travers le rideau de la douche, des morceaux du corps de la victime, le jet qui sort du pommeau, le tournoiement de l'eau qui se colore dans le bac avant d'être évacuée. Dans cette mosaïque, presque rien qui décrive les gestes du meurtrier, quelques photogrammes montrent une main qui s'abat, crispée sur le manche d'un couteau. Il incite par ce procédé la spectatrice à se reconstruire la scène dans sa tête. [...]
[...] Cependant, il peut être utile de limiter la violence à travers une mise en scène censurant des faits violents. En effet le caractère dangereux de la représentation de la violence sur scène semble d'abord résider dans le fait que le théâtre se doit d'impressionner le spectateur, de le marquer, mais pas de le choquer. Boileau énonce que la mort est ce que l'on ne doit point voir et reculer des yeux .Le jugement de Nicolas Boileau se présente d'abord comme le point de vue d'un auteur qui juge l'influence que peut avoir le théâtre sur le spectateur. [...]
[...] Molière dans Dom Juan va jusqu'à mettre en scène un orage et un feu afin de donner un caractère moral à la mort du personnage principal : après tout le mal qu'il a fait en tant que libertin, il mérite le sort que les éléments, et en particulier le ciel, lui réservent. Sa mort achève ainsi la pièce de théâtre et le spectateur peut estimer que justice a été rendue. Cette mort, bien que violente, permet à l'auteur d'insister sur le caractère immoral des actions de Dom Juan et de montrer que tôt ou tard tout crime est puni. [...]
[...] Ne pouvant supporter sa douleur, Roméo ingère le poison. Mais cette scène finale repose sur un quiproquo, Juliette bien que gisante n'est en réalité pas morte, d'ailleurs elle se réveille peu après que son compagnon ait absorbé le poison et décide cette fois d'en finir en se donnant un fatal coup de poignard dans le ventre. Dans cette pièce, c'est la mort des deux personnages principaux qui met fin à l'histoire, fin à la querelle entre les deux familles Capulet et Montaigu ; pour preuve une statue en l'honneur des deux personnages principaux est érigée en signe de réconciliation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture