Les campagnes antérieures partaient du raisonnement suivant, encore avancé récemment par le Président Jacques Chirac : les accidents seraient le fait « de quelques chauffards », sous entendu « qui roulent trop vite » mais les chiffres relatifs la vitesse indiquent que peu de chauffards provoqueraient un accident par une vitesse absurdement excessive. Selon certains experts, les usagers roulent en fait à des vitesses qu'ils jugent raisonnables, compte-tenu de leur expérience, de leur véhicule, du profil routier. Fort de ce constat, les personnes en charge des campagnes de prévention routière ont décidé de s'attaquer à ce problème en imaginant 2 spots publicitaires diffusés sur les principales chaînes de télévision nationales et 3 affiches apposées sur les panneaux publicitaires en ville.
Ceux qui ont commandé la campagne sont très clairement indiqués puisqu'il y a des logos dans les coins en bas des affiches et en gros au centre d'un écran noir dans les spots vidéos. C'est un message de la prévention routière, d'après une demande de l'état, par l'intermédiaire du ministère de l'écologie, de l'aménagement et du développement durables.
[...] L'angle de vue suggère que le « public » est à la place du fautif (qui est impliqué dans l'accident et en est parfois la victime) : grâce au jeu de la caméra, on voit à travers le regard du fautif. Ainsi, le téléspectateur prend conscience qu'il peut être concerné et que ça peut arriver à tout le monde. Un zoom est fait sur certains détails, notamment sur les infractions (ex : main qui tourne la poignée d'accélérateur), ce qui permet d'insister et de les mettre en évidence. Le choc est plus ou moins inattendu, ce qui provoque un effet de surprise qui interpelle le téléspectateur et capte son attention.
Les séquences vidéo sont entrecoupées de messages écrits. Le texte est fait de phrases courtes (une à la fois) écrites en majuscules en blanc sur noir. Ceci permet une bonne lisibilité, une lecture rapide et un message clair. Il n'y a aucune parole (sauf à la fin pour la lecture du slogan), juste le bruit du véhicule puis de l'impact. Le texte, comme le plan de la caméra mettent implicitement le public dans la peau de la victime. Pour qu'il puisse s'y identifier, on ne voit jamais le visage de la victime (...)
[...] La mise en situation est un procédé déjà utilisé par la prévention routière dans ses précédentes campagnes. La difficulté pour cet organisme est qu'il faut toujours se renouveler car il y a une présence permanente dans les médias et l'espace public donc il y a un risque de routine qui empêcherait le message de passe or les enjeux sont importants (réduire le nombre de victimes de la route). Si le procédé est repris à intervalles réguliers, le public visé et la finalité (donc le contenu du message) changent. [...]
[...] Ils feront l'objet d'autres campagnes de prévention, chacune très ciblées. Mélanie JACQUOT Etude de la campagne de Prévention Routière française d'octobre 2007 Les objets de la campagne : Les spots publicitaires ainsi que les affiches publicitaires grand format sont des objets à large diffusion, d'autant plus que cette campagne est nationale. Les spots publicitaires : La diffusion s'est faite tout au long du mois d'octobre, à toute heure et surtout lors des programmes destinés aux adultes et aux heures de grande écoute : avant et après les journaux télévisés, avant et pendant les films de début de soirée, La campagne fut aussi présentée lors des journaux télévisés de 13h au moment de son lancement. [...]
[...] Les panneaux publicitaires : Les affiches se basent sur la même conception que les spots publicitaires, gardent le même esprit et reprennent les mêmes éléments mais ils montrent uniquement la conséquence des infractions, qui sont rappelées par le texte. La photographie représente l'instant qu'on suppose être juste après le crash. Il y a une affiche par type de conflit d'usagers de la route (voiture contre scooter, vélo ou piéton). Mélanie JACQUOT Etude de la campagne de Prévention Routière française d'octobre 2007 Conclusion : Comme on a pu le voir, cette campagne de prévention routière est très ciblée sur un thème mais concerne plusieurs publics (automobilistes et motocyclistes). [...]
[...] Les différents procédés utilisés contribuent à créer un processus de dramatisation, également récurant pour des objets à visée pédagogique. Il y a un objectif de prise de conscience en essayant de ne pas être trop moralisateur mais ceci peut tout de même transparaître en filigrane et sera perçu ainsi par certains usagers de la route méfiants et réticents vis‐à‐vis de ces campagnes. Ceux‐ci se sentent agressés et humiliés dès lors qu'on remet en question leur façon de faire. Pour finir, il me semble pertinent d'analyser l'impact de cette campagne d'après les chiffres officiels concernant la sécurité routière. [...]
[...] De même, les concepteurs de la campagne de prévention routière minimisent la mort pour mieux créer un contraste et mieux faire réagir : tel est leur but affiché sur leur site internet. Cependant, toute la campagne repose sur l'implicite : le récepteur perçoit un message pensé par les concepteurs mais jamais exprimé clairement. C'est la mise en situation qui fait que le public se sent concerné. D'après son vécu, il se reconnait de manière plus ou moins consciente dans le personnage mis en scène. [...]
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