Six mois après la fameuse émission « docu-fiction » de la RTBF, celle-ci semble encore sur beaucoup de lèvres des Belges francophones. Elle alimente les soupers de famille ou autres discussions régionalistes. Certains l'ont trouvée géniale, d'autres sont plus négatifs sur ses effets dans le paysage politique belge. Une chose est certaine: elle a soulevé de nombreuses questions déontologiques et il est important de se demander si l'autorégulation de la RTBF a gardé une certaine légitimité dans le cadre de cette émission.
Dans quelques jours, le CAC prendra sa décision sur l'éventuelle sanction de la RTBF pour avoir bafoué les règles de déontologie. Mais cette émission a, avant tout, inauguré une nouvelle ère du média télévisé qui se prolonge dans des émissions comme celle de début juin sur le don d'organe aux Pays-Bas. Nous sommes dans l'ère du canular. La télévision ne semble plus avoir d'autres moyens pour conscientiser les téléspectateurs sur les problèmes de société que de les secouer par des faux-semblants, par des « œuvres » fictionnelles qui sortent du cadre type des films ou des séries télévisées. Et cette nouvelle technique d'information est d'autant plus convaincante qu'elle est créée et produite par des journalistes, « les chiens de garde de la démocratie ». A force de passer de la fiction à la réalité, ces derniers en perdent-ils toute crédibilité ? Gardent-ils la confiance de leur public ? Là est tout l'enjeu d'une telle démarche éditoriale.
[...] Certes, la chaîne de télévision a trouvé parmi son public pas mal de partisans du procédé utilisé pour réveiller la conscience populaire sur l'éventuelle scission de la Belgique. Elle a eu le bénéfice de faire parler d'elle et de lancer un débat qui perdure encore aujourd'hui[9]. En cela, la RTBF a réussi son pari. Mais n'y avait-il pas un danger énorme pour ces journalistes impliqués dans la fiction ? Ne craignaient-il pas un discrédit total de leur travail personnel mais aussi de celui de toute la profession ? Par chance, il ne semble pas que ce soit le cas mais le danger était bien là. [...]
[...] Déjà, dans la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes autrement appelée Chartre de Munich un des devoirs du journaliste est de : respecter la vérité quelles qu'en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître. Or, dans l'émission de fiction de la RTBF les journalistes ont simulé une vérité qui leur semblait prévisible sans en indiquer le caractère fictionnel suffisamment tôt. De même, dans le Règlement d'ordre intérieur relatif au traitement de l'information et à la déontologie du personnel de la RTBF, l'article 42 dit ceci : Quand des documents authentiques font défaut et qu'il apparaît utile, à des fins d'information, de procéder à une représentation fictive d'événements réels, la fiction sera toujours présentée comme telle, en sorte que toute confusion soit raisonnablement empêchée. [...]
[...] Déontologie et analyse critique du journalisme: travail sur l'émission du 13 décembre 2006 de la RTBF Introduction Six mois après la fameuse émission docu-fiction de la RTBF, celle-ci semble encore sur beaucoup de lèvres des Belges francophones. Elle alimente les soupers de famille ou autres discussions régionalistes. Certains l'ont trouvée géniale d'autres sont plus négatifs sur ses effets dans le paysage politique belge. Une chose est certaine : elle a soulevé de nombreuses questions déontologiques et il est important de se demander si l'autorégulation de la RTBF a gardé une certaine légitimité dans le cadre de cette émission. [...]
[...] Frédéric Antoine, lors du colloque organisé par l'UCL sur le sujet, a repéré les différents éléments fictionnels présents dès les premières minutes de l'émission : Phrase de Question à la une : Vive la crise. Dans la continuité entre les deux émissions secondes) : - Brouillard - Références culturelles : - sigle de l'émission Tout ça ne nous rendra pas le Congo déviation de l'œuvre de Félicien Rops Le Pornocrate C'est une référence au symbolisme belge. - Les barres de couleurs : référence à l'œuvre de Hergé Tintin - Ceci n'est peut-être pas une fiction : référence au surréalisme de Magritte. [...]
[...] Pour y résoudre, une solution est envisagée depuis quatre ans par le monde journalistique francophone : le CDJ (le Conseil de déontologie journalistique). Cette instance a été créée par l'Asbl Association pour un conseil de déontologie journalistique et par l'AJP et l'AJPP. Ce CDJ a plusieurs missions dont cette de régulation. Au lendemain de l'émission du 13 décembre, la ministre de l'Audiovisuel, Fadila Laan avait soutenu un tel organe d'autorégulation de la profession. Or, le CDJ est encore loin d'éclore dans le paysage médiatique. En cause, le budget et la ligne de partage des compétences entre ce futur CDJ et le CSA. [...]
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