Le 4 octobre 2005, une initiative syndicale très unitaire voit le jour : une très grande majorité de syndicats (de salariés mais aussi d'étudiants) appellent à la grève contre le Contrat Nouvelle Embauche proposé par le gouvernement de Villepin. Cet appel est soutenu par de nombreux partis politiques de gauche : le Parti Communiste, le Parti Socialiste, Les Verts et la Ligue Communiste Révolutionnaire, entre autres. Un tel front syndical et politique est rare dans l'histoire sociale française, d'autant plus lorsqu'on tient compte du contexte de division de la gauche quelques mois seulement après le référendum sur le traité constitutionnel européen. La mobilisation nationale rassemblera plus d'1,5 million de personnes d'après les syndicats, 500 000 selon la police, avec une présence particulièrement importante de salariés du secteur privé.
Un tel évènement politique ne peut qu'avoir un traitement médiatique révélateur. Nous analyserons ici point par point comment les principaux journaux nationaux français ont rendu compte de cette journée, tant avant son déroulement que les jours suivants.
[...] Avant la journée de grève - La plupart soulignent une véritable mobilisation de masse : Humanité : le journal évoque une grosse tempête sociale composée des syndicats, du public, du privé, des partis de gauche Il souligne aussi (en gros titre) que de la population les soutient. Libération et le Monde soulignent les fortes attentes des syndicats, le million de manifestants envisagé par les organisations appelant à la grève. - Beaucoup mettent en évidence l'influence du contexte sur ce mouvement : Libération et le Monde parlent du conflit sur la SNCM (surtout en Provence Alpes Cote d'Azur et en Corse) et de Hewlett-Packard, du Contrat Nouvelle Embauche, du déficit astronomique de la Sécurité sociale, de la hausse du prix du pétrole L'Humanité prolonge cette idée en soulignant la continuité avec le refus de l'ultra-libéralisme manifesté par le Non au référendum sur le Traité constitutionnel européen du 29 mai 2005. [...]
[...] Libération est plus sceptique, même si le journal espère que cette journée aura des conséquences directes et rapides sur la politique du gouvernement. Le Monde parle d'un défi pour les syndicats : proposer des perspectives réelles à ceux qui les suivent. Le Figaro va plus loin, en mettant en évidence la division déjà apparente des syndicats sur la manière de transformer cette mobilisation en résultats concrets pour les salariés. Le journal souligne les divisions sur les revendications et sur l'organisation de la prochaine journée d'action collective. B. [...]
[...] Toute la question est selon le Times de savoir s'il aura le courage de mener des réformes nécessaires pour sortir la France de la crise, ou s'il se contentera de parler sans agir. Enfin, le quotidien anglais rappelle une deuxième fois en deux jours l'historique des anciens premiers ministres français victimes des mouvements sociaux. Ainsi, le traitement par la presse française (et anglaise) de la journée de mobilisation du 4 octobre 2005 révèle des différences majeures dans le traitement de l'information. Au-delà de l'orientation politique supposée des journaux, on note que l'accent est mis sur des aspects différents selon les quotidiens. [...]
[...] En revanche, le Figaro ironise sur les estimations faites par les syndicats du nombre de manifestants ( 1.3 million selon Force Ouvrière) et rappelle que la Police en a dénombré contre plus de le 10 mars dernier. On note donc une opposition claire avec le point de vue des journaux précédents, notamment l'Humanité. - La présence du secteur privé : L'Humanité célèbre l'union du secteur public (manifestant aussi contre la privatisation du secteur public) et du privé opposé aux licenciements, très fortement représenté en comparaison avec les autres journées de mobilisation. [...]
[...] Le Figaro en profite pour rappeler la profonde division du PS, et son rejet de la part de la population : aucun membre du parti socialiste n'était officiellement invité en tête de cortège. - Les conséquences pour le gouvernement de Dominique de Villepin : L'Humanité ironise sur la déclaration du premier ministre qui avait déclaré avoir écouté les Français, mais qui n'a pris aucune mesure pour les satisfaire. Les Echos se placent sur une ligne similaire en titrant Villepin maintient son cap le 5 octobre. [...]
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