Vecteur privilégié de l'information en temps quasi-réel, aujourd'hui concurrencée par d'autres supports (radiophoniques, télévisuels), la presse a longtemps souffert du discrédit porté sur elle par les intellectuels. Depuis sa « création » que l'on date traditionnellement du XVIIème siècle (date à laquelle les deux critères définissant la presse, celui de l'impression et celui de la diffusion périodique, sont pleinement réunis), auteurs et philosophes ont surtout préféré le livre pour diffuser leurs idées ; cet état de fait commencera doucement à se résorber au cours du XIXème siècle, mais une certaine défiance persiste encore de nos jours.
D'aucuns pourraient toujours énoncer aujourd'hui le propos de Flaubert lorsqu'il affirme : « La presse est une école d'abrutissement, parce qu'elle dispense de penser. » Le romancier dénonce, dans une formule oxymorique (« école d'abrutissement ») le paradoxe de la presse. Ce média, né à la fois de progrès techniques et économiques et de l'exigence de plus en plus grandissante d'individus en quête de savoirs, travaillerait en fait à l' « abrutissement » de ses lecteurs, constituerait une véritable contre-école où l'information, au lieu de favoriser l'acquisition de connaissances, paralyserait l'élaboration de la réflexion et « dispenserait de penser », au terme d'un processus qui reste encore à déterminer.
[...] Remarquons encore que cette presse, peut également, dans le cas d'une presse de propagande, aller jusqu'à se substituer à la pensée individuelle. Alors qu'elle devrait favoriser la vigilance des consciences vis-à-vis du pouvoir et des modalités de son exercice, il n'est pas rare qu'au cours de l'histoire des groupes de pression (lobby, parti, Etat...) se soient emparés des périodiques pour promouvoir leurs idées, faire adopter certains comportements, provoquer une adhésion. La presse anticipe alors les réflexions d'un peuple et lui propose un éclairage confortable sur une situation dans le but de rendre les décisions de quelques-uns souhaitables par tous. Prenons par exemple aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle le cas de WR Hearst, homme d'affaire puissant à la tête de nombreux journaux. (...)
[...] Selon sa culture et son degré d'expertise, le lecteur expérimenté, ce suffisant lecteur dont parle Montaigne, saura au mieux (jamais trop) exercer sa vigilance, s'approprier intimement l'information, la mettre à l'épreuve de ses connaissances engager sa pensée. La presse ne devient un formidable outil d'expression et de formation démocratique qu'en chacun. [...]
[...] Dès lors la presse permet de réaliser, grâce à la multiplication des éclairages sur un même événement, des pas de côté successifs qui permettent de l'appréhender au mieux, de le penser au mieux. Elle s'affirme comme espace d'expression et d'action démocratique. LA SPECIALISATION ET LA QUALITE N'omettons pas de souligner la différence de qualité et d'intérêt entre les différentes publications, différences qui n'ont cessé de s'accentuer au cours du XXème siècle, notamment à cause du développement de la radio et de la télévision qui ont obligé la presse à se positionner en complémentarité du journal parlé. [...]
[...] La collection des événements proposés par la presse _ c'est-à-dire la réflexion du monde_ ne saurait se substituer à une réflexion sur le monde. Nous pouvons aisément nous représenter ce lecteur exemplaire et fragile qui se profile à l'orée du propos de Flaubert, et pour qui, effectivement, la presse dispense de penser UN DISCOURS SEDUCTEUR Mais si le romancier reproche à la presse de se substituer à la réflexion du lecteur, c'est qu'elle est avant tout, au XIXème siècle, une presse qui veut plaire, d'abord en distrayant son public avec d'amusants faits divers ou le récit des plus sordides assassinats. [...]
[...] D'aucuns pourraient toujours énoncer aujourd'hui le propos de Flaubert lorsqu'il affirme : La presse est une école d'abrutissement, parce qu'elle dispense de penser. Le romancier dénonce, dans une formule oxymorique école d'abrutissement le paradoxe de la presse. Ce média, né à la fois de progrès techniques et économiques et de l'exigence de plus en plus grandissante d'individus en quête de savoirs, travaillerait en fait à l' abrutissement de ses lecteurs, constituerait une véritable contre- école où l'information, au lieu de favoriser l'acquisition de connaissances, paralyserait l'élaboration de la réflexion et dispenserait de penser au terme d'un processus qui reste encore à déterminer. [...]
[...] La presse anticipe alors les réflexions d'un peuple et lui propose un éclairage confortable sur une situation dans le but de rendre les décisions de quelques-uns souhaitables par tous. Prenons par exemple aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle le cas de WR Hearst, homme d'affaire puissant à la tête de nombreux journaux. En accord avec Théodore Roosevelt, alors secrétaire d'Etat à la Marine, WR Hearst mobilise ses troupes de rédacteurs : il mène une importante campagne dénonçant les atrocités perpétrées à Cuba par les Espagnols, à grand renfort d'articles émouvants, d'illustrations déchirantes, de détails révoltants. [...]
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