Ce dossier interroge la perception par la presse du développement de la vidéosurveillance en France et au Royaume-Uni. Sont ainsi mis en évidence (I) l'assimilation de la vidéosurveillance à la lutte contre le terrorisme relayée ou dénoncée par les média, (II) la préférence donnée à l'efficacité plutôt qu'aux questions de fond au détriment (III) du débat sur la défense des libertés civiles.
[...] Parmi ces derniers, est parfois dénoncée la dérive de la vidéosurveillance dans certains endroits. Sinon, le débat de fond n'apparaît pas souvent, et les journaux vont chercher dans les faits divers au lieu d'engager réellement le débat. Par ailleurs, il est intéressant de constater que cet intérêt des journaux pour la vidéosurveillance n'est pas celui d'une volonté d'étudier le fond de la question dans la mesure où il s'est développé avec les attentas de Londres en juillet 2005 à la suite desquels Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, a proposé un projet de loi antiterroriste. [...]
[...] C'est aujourd'hui le cas avec la question de la vidéosurveillance. En effet, d'une part la sécurité est une exigence de toute société surtout durant notre ère où le terrorisme peut frapper n'importe où ; il s'inscrit aussi dans la logique de mondialisation, tandis que d'autre part l'exigence de liberté reste une revendication face à la peur que suscite une sorte de Big Brother. Dès lors, la question reste toujours la conciliation de ces deux droits impératifs que sont la liberté et la sécurité. [...]
[...] Les objectifs initiaux de cette pratique sont pourtant éloignés de la lutte antiterroriste : faire payer les conducteurs entrant à Londres, identifier les voitures volées ou les infractions au code de la route (par exemple, l'installation de caméras à l'avant des bus parisiens pour flasher les voitures roulant dans les couloirs de bus), lutter contre la petite délinquance . L'assimilation à la lutte anti-terroriste est un moyen de légitimer la vidéosurveillance. En effet, la défense des libertés civiles peut difficilement être objectée contre une mesure visant la protection des citoyens contre les attentats, surtout lorsque ce thème est très présent dans l'opinion, comme c'est le cas après chaque vague d'attentats. [...]
[...] Nous avons sélectionné quelques unes des dérives les plus marquantes comme l'installation de 104 caméras dans un lycée ou alors 65 caméras pour une entreprise de 60 salariés La question délicate de l'équilibre entre la nécessité de liberté et l'exigence de sécurité reste toujours en suspens alors même qu'elle gagne en importance avec les améliorations de la technologie qui permet une surveillance toujours plus poussée et la nécessaire lutte contre le terrorisme. D'une part, les politiques utilisent ce danger comme un moyen de faire passer la vidéosurveillance comme outil de lutte contre le terrorisme sans ouvrir le débat sur ce que cela entraîne comme entraves à la vie privée et à la liberté. Ceci n'est que plus ou moins dénoncé par les journaux. [...]
[...] Derrière les analyses des journalistes transparaît bien le thème de l'arbitrage entre plus de sécurité ou plus de liberté mais ce débat n'est que très rarement ouvertement abordé. Aussi, la vidéosurveillance est soit défendue soit remise en cause selon qu'elle est considérée comme efficace ou inefficace. L'inefficacité pour la prévention des actes terroristes fait à peu près consensus au sein de la presse (même si rares sont ceux qui dénoncent l'assimilation). De même, tous les journaux reconnaissent l'utilité de la vidéosurveillance pour l'identification a posteriori des coupables et la progression des enquêtes judiciaires. [...]
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