Le journal « Libération » organisait à Lyon les 18, 19 et 20 septembre 2009 des conférences à l'occasion des vingt ans de la chute du mur de Berlin. De nombreuses personnalités étaient présentes. Parmi elles, Ezio Mauro, journaliste italien et directeur de la publication du quotidien national italien La Repubblica, et Javier Moreno, directeur du quotidien national espagnol El Pais étaient invités à débattre autour de la question : "Presse et pouvoir : une relation dangereuse ?"
[...] Et la journaliste n'a pas été capable de lui dire : Mais qu'est-ce que vous dites ? Max Armanet (Libération) : Le phénomène touche tous les pays. En France, Libération a publié des paroles tenues par le Président de la République lors d'un déjeuner avec des parlementaires où il passait en revue les différents Chefs de Gouvernement étrangers en faisant des commentaires, notamment sur Zapatero[2]. La presse en général a eu du mal à croire cela. Ainsi, l'AFP a mis du temps à relayer notre information et en a parlé au conditionnel. [...]
[...] A la fin d'un article, j'écris : J'espère que se termine la saison de la glasnost et que la saison de la vérité et du pluralisme commence Ces deux derniers mots, vérité et pluralisme, ont fait capoter le journal. Mon tuteur de stage (qui était un jeune de mon âge) m'a demandé pourquoi j'avais écrit cela. Je lui ai répondu que, dans mon esprit, c'est ce en quoi je crois. Il m'a répondu : Tu es un individualiste contre les masses ? En fait, je pense que, partout, il faut qu'il y ait un problème de vérité et de pluralisme. Puis j'ai dit au journal : Ne publiez pas cet article car je n'en changerai pas un mot. [...]
[...] En Italie, il ne faut pas sous-estimer les chaînes de télévision. Au cours des élections, un sondage a révélé que 82% des Italiens se sont fait une opinion définitive sur la personne à élire uniquement en regardant la TV. Le scandale de Berlusconi est du coup plus connu par les étrangers que par les Italiens eux-mêmes qui ne s'informent que par la TV. C'est un paradoxe. Et c'est ce qui fait que le Président du Conseil est aussi populaire. Cf. [...]
[...] Alors comment faire en sorte de renverser cela ? Ezio Mauro (La Repubblica) : Il y a une réponse : ça dépend de nous. La qualité de nos démocraties doit nous préoccuper, d'autant qu'elle s'est détériorée. Un démocrate va penser au fait public : il suffit que tu me délègue ta faculté de penser. Et le citoyen a alors l'impression qu'il est libre, libre de payer ses impôts sans savoir qu'il participe à la création de l'État-providence. De son côté, Obama a du mal à introduire ces principes d'État-providence dans une société aussi ouverte que celle américaine. [...]
[...] Quand on a commencé à faire cette enquête sur Berlusconi, il a réagit vivement en disant qu'il y avait une conspiration des journaux contre sa personne. Javier Moreno (El Païs) : Ce qui se passe en Italie n'est pas un phénomène isolé. La Repubblicca pose dix questions chaque jour et le principal intéressé ne répond pas. Il y a 10 ans, en Espagne, c'était impensable qu'un politique ne réponde pas aux questions d'un journaliste. Mais aujourd'hui, ils le font tous. Ne pas répondre aux journalistes, c'est ne pas répondre aux demandes personnelles du journaliste et une certaine idée établie que ces questions représentent le citoyen. [...]
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